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Critique de emmyne


Il m'a fallu un moment, que le récit se déroule peu à peu, pour parvenir à accompagner Alba lors de cette lecture.

Dans une préface, l'auteur explique que son roman s'inspire d'un témoignage, précieux, qu'elle souhaite préserver et respecter, comme le raconte le titre de ce livre. Peut-être est-ce ce que j'ai ressenti, l'impression qu'elle avançait à petits pas, feutrés, et que je restais sur le seuil, à distance de cette histoire des nomades français de Charente durant la Seconde Guerre Mondiale, spectatrice de la « tristesse de leur voyage immobile » sans les rencontrer vraiment.

Bien que rythmé par de courts chapitres, le récit m'a paru lent, les personnages lointains dans cette première moitié du roman. Pourtant, cette narration s'adapte bien à ce que vit la famille d'Alba qui découvre la différence entre » camps et campements « , l'isolement, l'enfermement, une déliquescence par la perte de leurs traditions, de leur raison de vivre – » Quelle est cette guerre hors les murs ? [...] Quatre hivers ont fini par s'enchevêtrer dans le même temps fou de la guerre et de la paix. Une mémoire pâteuse où les évènements qui touchent la France s'immiscent à peine à l'intérieur du camp. Sur quel territoire vivent-ils depuis l'automne 1940 ? Les saisons se suivent, semblables. Les chemins, les forêts, les roulottes calcinées sont derrière eux. Ils ne voyagent plus qu'en aveugles dans une nostalgie douloureuse. » -; une narration qui dévoile un sens certain de la description, de l'image et de la formule évocatrices, mais il me manquait un souffle, une présence, un monde. Leur monde, leur culture. Qui apparaissait à peine. » La peine de n'être plus que l'ombre d'un peuple « , le grand absent, le disparu. Comme l'écrit l'auteur dans cette préface » J'écris sur des silences, sur un lieu qui n'existe plus. » En séquence, c'est le camp au quotidien, le racisme et les préjugés alentours. Je m'impatientais, le roman d'apprentissage – Alba découvrant sa féminité, les réalités de la maternité lors d'une grossesse de sa mère, la mère dont le portrait se détache en magnifiques lignes – me semblait prendre le dessus dans le récit. Puis, Alba devient femme. Elle prend corps, de l'assurance et le récit la suit, prend de l'ampleur, s'affirme, se libère. La fierté retrouvée. Par sa voix, l'auteur a trouvé la sienne, en hommage, en mémoire.
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