C'est dans le cadre de la dernière Masse Critique Non-fiction que j'ai reçu et découvert
Les Faux Napoléons, de
Nathalie Pigault. Avant tout, merci à Babelio et aux éditions cnrseditions pour cette découverte.
C'est une lecture qui m'a pris un peu de temps. En effet, le premier point important à noter est que nous sommes ici sur un ouvrage de recherche historique et non sur un ouvrage de vulgarisation: le sujet a été très travaillé par l'autrice qui nous livre ici le fruit de son travail sous une forme quasi universitaire , avec un texte émaillé de très nombreuses citations et notes, renvoyant à une bibliographie très exhaustive.
Je ne dis pas que la lecture est difficile, elle est même plutôt fluide compte tenu des nombreuses citations, mais elle est exigente si on souhaite l'apprécier à sa juste valeur, et cela m'a donc demandé du temps car j'avoue ne pas avoir toujours cette disponibilité d'esprit lors de tous mes moments de lecture. C'est typiquement une lecture que j'aurais pu faire dans le cadre de mes études en fac d'histoire si j'y avais approfondi cette période! En clair, je pense que cette lecture se destine plutôt à un public averti.
Le sujet des faux napoléons était tout nouveau pour moi: à l'époque de mes études, j'ai plutôt travaillé la période de
Napoléon III que celle de son illustre parent. J'avais donc découvert le "mythe napoléonien" par comparaison avec
Napoléon III (forcément au désavantage de ce dernier selon ses contemporains bien sûr) mais je n'avais jamais entendu parlé des Faux Napoléons.
Pourtant, à la réflexion, il n'était bien sûr pas étonnant que des mystificateurs aient tenté de se faire passer pour Napoléon, c'est plutôt l'inverse qui aurait été surprenant. C'était quelque chose d'assez récurrent dans l'histoire, si l'on pense aux faux ou fausses
Jeanne d'Arc, Louis XVII ou plus récemment, Anastasia.
L'autrice explique très bien comment il était possible pour un illustre inconnu de "berner" la population. Bien peu nombreux en effet avaient réellement déjà vu l'Empereur, et quasi toutes les représentations de lui avaient été détruites sur ordre de la monarchie restaurée. C'est bien plus par leur attitude que par une quelconque ressemblance que ces mystificateurs savaient convaincre, faisant appel à l'idée qu'on se faisait de l'Empereur et non à une réelle connaissance.
L'ouvrage se concentre sur les 4 individus ayant, sur un temps plus ou moins longs, réussis à endosser le rôle de l'Empereur (de son vivant pour trois d'entre eux, après sa mort pour le dernier). On comprend que l'idée d'un Napoléon de retour d'exil est immédiatement acceptée par la population, rendu crédible par l'épisode de l'évasion de l'ile d'Elbe et des Cents Jours, et surtout souhaité par beaucoup dans une période très difficile (mauvaises récoltes, hausse des prix des denrées... qui par comparaison donne le souvenir d'une époque bénie sous Napoléon, où le pain ne manquait pas et était bon marché)
La première partie est très factuelle et j'avoue qu'elle n'est pas celle qui m'a le plus passionnée. Une fois que l'on connait les personnages et leur parcours, que l'on a compris le mécanisme d'acceptation par la population... cette partie m'a semblé un peu longue et redondante.
Bien plus intéressantes, à mon avis, sont les deux parties suivantes, qui décryptent ces événements non plus simplement factuellement, mais au regard de ce qu'ils signifient de l'époque: la construction du "mythe napoléonien", la difficile acceptation de la monarchie restaurée (et du personnage de
Louis XVIII, bien falôt en comparaison de son prédécesseur), et donc la réaction (qui peut presque nous paraitre disproportionnée) de cette même monarchie face à ces "petits imposteurs" dont l'ambition n'était guère plus grande que grapiller argent et nourriture. A travers cette répression, bien plus que punir un homme, c'est bien la nostalgie du bonapartisme dans la population, les espoirs de cette dernière, que le pouvoir royal souhaite doucher. La monarchie doit affirmer son retour après le règne de "L'Imposteur". On sait aujourd'hui que ce n'est pas l'histoire que
L Histoire retiendra.