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EAN : 9782271092854
200 pages
CNRS Editions (19/04/2018)
2.75/5   4 notes
Résumé :
Été 1815 : Napoléon quitte une dernière fois le sol français, exilé dans la lointaine île de Sainte-Hélène. Immédiatement des rumeurs se répandent. L'Empereur a-t-il réellement capitulé ? Ne prépare-t-il pas la reconquête du pays ? D'ailleurs, n'est-il pas déjà sur le continent ? Certains prétendent l'avoir vu et aidé, d'autres disent même avoir mangé à sa table...
Aussitôt apparaissent ici et là sur le territoire des mystificateurs qui se font passer pour l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
De tout temps, des personnes ordinaires ont cherché à endosser le rôle de diverses têtes couronnées après leur disparition : faux Louis XVII en France, faux Sébastien au Portugal, faux Dimitri et fausses Anastasia en Russie... Et bien sûr, après Waterloo et la chute définitive de l'Empire, il y eut de faux Napoléon. Ceux-ci sont les "héros" de cet essai historique.

Les imposteurs auxquels s'intéresse Nathalie Pigault sont quatre : ils se nomment Félix, Ravier, Charnay, Hilarion, et sont respectivement ex-soldats et prêtre. Loin d'être des aliénés se prenant pour ce qu'ils ne sont pas, ce sont en réalité de simples filous dans une situation sociale difficile, qui pensent trouver un bénéfice personnel en se faisant passer pour l'Empereur déchu (aujourd'hui on dirait sans doute : des attention whores cherchant à faire le buzz). On n'a donc pas affaire à des complots politiques de grande ampleur mais à de petites escroqueries limitées dans le temps et l'espace. La première partie de l'ouvrage reste à ce stade anecdotique. Il faut reconnaître que le récit d'un vagabond qui a abusé quelques villageois de l'Ain pendant deux jours n'a rien de très palpitant... Ce qui est bien plus intéressant, c'est ce que ces grotesques mystifications disent de l'époque à laquelle elles ont été commises. Tel est l'objet de la deuxième partie. Les années suivant l'abdication de Napoléon sont une période d'incertitudes, avec une royauté restaurée qui demeure fragile et mal acceptée par les Français. La médiocrité de Louis XVIII et du régime monarchique suscite de nombreux nostalgiques de la gloire impériale... et parmi eux, nos quatre filous ainsi que tous ceux qui décident de leur apporter leur soutien, jusqu'à l'inévitable arrestation. Ce dernier point sera relaté dans la troisième partie, consacrée aux moyens de répression du pouvoir royal pour lutter contre les résurgences du bonapartisme.

L'étude que nous offre Nathalie Pigault est assez courte : une fois retranchées les notes et les annexes, elle occupe moins de 200 pages. C'est bien sûr plus que suffisant pour relater en détail les modestes aventures de Félix, Ravier, Charnay et Hilarion. Bien que j'aie conscience que ce ne soit pas le sujet principal, j'aurais aimé lire plus de développements sur la question des nostalgiques de l'Empire. le cas de demi-soldes, ces soldats ayant connu le triomphe sous Napoléon et renvoyés au néant sous les Bourbons, m'intéresse tout particulièrement... mais il ne sera que brièvement évoqué ici.

Sur la forme, "Les faux Napoléon" peut être qualifié de sérieux, carré, factuel. On est plus proche de la thèse universitaire que de la vulgarisation historique, ce qui n'est pas un défaut en soi, juste une donnée à prendre en compte au moment d'en entamer la lecture. L'écriture se caractérise par une abondance de citations insérées dans le texte. Ce n'est pas ce que je préfère, mais au moins on ne peut pas accuser l'auteure de surinterpréter ou de laisser trop de place à ses opinions personnelles : voici des faits, rien que des faits. On a donc un ouvrage portant sur un sujet historique assez pointu, clairement pas destiné à tout le monde, même si sa lecture n'a rien de rébarbatif. Pour ma part, après avoir beaucoup lu sur l'épopée napoléonienne, j'apprécie de pouvoir découvrir certains aspects annexes de cette période passionnante... "Les faux Napoléon" a donc parfaitement rempli son office, et je remercie Babelio et CNRS Éditions de l'avoir proposé dans le cadre de Masse Critique.
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C'est dans le cadre de la dernière Masse Critique Non-fiction que j'ai reçu et découvert Les Faux Napoléons, de Nathalie Pigault. Avant tout, merci à Babelio et aux éditions cnrseditions pour cette découverte.

C'est une lecture qui m'a pris un peu de temps. En effet, le premier point important à noter est que nous sommes ici sur un ouvrage de recherche historique et non sur un ouvrage de vulgarisation: le sujet a été très travaillé par l'autrice qui nous livre ici le fruit de son travail sous une forme quasi universitaire , avec un texte émaillé de très nombreuses citations et notes, renvoyant à une bibliographie très exhaustive.

Je ne dis pas que la lecture est difficile, elle est même plutôt fluide compte tenu des nombreuses citations, mais elle est exigente si on souhaite l'apprécier à sa juste valeur, et cela m'a donc demandé du temps car j'avoue ne pas avoir toujours cette disponibilité d'esprit lors de tous mes moments de lecture. C'est typiquement une lecture que j'aurais pu faire dans le cadre de mes études en fac d'histoire si j'y avais approfondi cette période! En clair, je pense que cette lecture se destine plutôt à un public averti.

Le sujet des faux napoléons était tout nouveau pour moi: à l'époque de mes études, j'ai plutôt travaillé la période de Napoléon III que celle de son illustre parent. J'avais donc découvert le "mythe napoléonien" par comparaison avec Napoléon III (forcément au désavantage de ce dernier selon ses contemporains bien sûr) mais je n'avais jamais entendu parlé des Faux Napoléons.

Pourtant, à la réflexion, il n'était bien sûr pas étonnant que des mystificateurs aient tenté de se faire passer pour Napoléon, c'est plutôt l'inverse qui aurait été surprenant. C'était quelque chose d'assez récurrent dans l'histoire, si l'on pense aux faux ou fausses Jeanne d'Arc, Louis XVII ou plus récemment, Anastasia.

L'autrice explique très bien comment il était possible pour un illustre inconnu de "berner" la population. Bien peu nombreux en effet avaient réellement déjà vu l'Empereur, et quasi toutes les représentations de lui avaient été détruites sur ordre de la monarchie restaurée. C'est bien plus par leur attitude que par une quelconque ressemblance que ces mystificateurs savaient convaincre, faisant appel à l'idée qu'on se faisait de l'Empereur et non à une réelle connaissance.

L'ouvrage se concentre sur les 4 individus ayant, sur un temps plus ou moins longs, réussis à endosser le rôle de l'Empereur (de son vivant pour trois d'entre eux, après sa mort pour le dernier). On comprend que l'idée d'un Napoléon de retour d'exil est immédiatement acceptée par la population, rendu crédible par l'épisode de l'évasion de l'ile d'Elbe et des Cents Jours, et surtout souhaité par beaucoup dans une période très difficile (mauvaises récoltes, hausse des prix des denrées... qui par comparaison donne le souvenir d'une époque bénie sous Napoléon, où le pain ne manquait pas et était bon marché)

La première partie est très factuelle et j'avoue qu'elle n'est pas celle qui m'a le plus passionnée. Une fois que l'on connait les personnages et leur parcours, que l'on a compris le mécanisme d'acceptation par la population... cette partie m'a semblé un peu longue et redondante.

Bien plus intéressantes, à mon avis, sont les deux parties suivantes, qui décryptent ces événements non plus simplement factuellement, mais au regard de ce qu'ils signifient de l'époque: la construction du "mythe napoléonien", la difficile acceptation de la monarchie restaurée (et du personnage de Louis XVIII, bien falôt en comparaison de son prédécesseur), et donc la réaction (qui peut presque nous paraitre disproportionnée) de cette même monarchie face à ces "petits imposteurs" dont l'ambition n'était guère plus grande que grapiller argent et nourriture. A travers cette répression, bien plus que punir un homme, c'est bien la nostalgie du bonapartisme dans la population, les espoirs de cette dernière, que le pouvoir royal souhaite doucher. La monarchie doit affirmer son retour après le règne de "L'Imposteur". On sait aujourd'hui que ce n'est pas l'histoire que L Histoire retiendra.
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