Ah la Toscane, ses parfums et ses paysages lumineux qui incitent à la dolce vita... Et bien, oubliez cette carte postale, car avec Luisa Pignatelli, c'est un plongeon dans la noirceur de l'âme humaine que le roman garantit. le héros de cette sombre histoire porte bien mal son nom, Noir, car s'il y a bien un seul être capable d'irradier de la bonté et de la chaleur, c'est lui. Autour de lui, une nature âpre, délivrée de la présence humaine, ce bout de terre désolée que le jeunes fuient pour les mirages de la ville. Dans ce désert d'Accona, ne restent que deux catégories d'êtres humains, les solitaires, un brin misanthropes, quelque peu exclus, en quête d'un peu d'amitié et de solidarité, et les autres, les sauvages, dont la vie est si rude, si archaïque, qu'ils semblent n'avoir d'autres choix que de libérer leurs bas instincts. Et devinez qui trinque ? La nature. Les animaux, les arbres.
Alors, je le dis sans détour, ce fut une lecture fort déprimante. Si le texte est beau, le personnage de Noir si digne de compassion, le roman est aussi un constat plus qu'amer sur la cruauté de nature humaine. On se jalouse pour un morceau de terre, on met à l'écart "l'étranger" (en résumé, celui qui habite à plus de 10 km de ton patelin !), et puis surtout, on tue. On massacre, on piège, on mutile, tout ce qui porte plumes ou poils;
Imaginez l'atmosphère quand une louve en quête de territoire débarque dans cette contrée inhospitalière !
Pour Noir, du côté du faible, du papillon, du lièvre et des oliviers, le combat est perdu d'avance. Et cela, on le devine déjà au tiers du récit. Ce n'est pas tant la conclusion tragique qui est importante que la peinture glaçante d'une communauté d'hommes se vautrant dans la bassesse, la haine, et la violence, repliée sur elle-même. Bref, ce genre de voisinage qui empoisonne la vie des gens simples et bons, qui aspirent à une vie en harmonie avec la nature. C'est en tout cas le pari réussi de l'auteure, celui d'avoir donné envie de protéger cette nature parfois si fragile, et sans laquelle, comme je le répète à l'envi, nous ne serions absolument rien.
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Un homme originaire du Sud de l'Italie, dès lors surnommé Noir, est installé depuis presque toujours dans une petite exploitation agricole toscane.
Noir aime la solitude avec la nature que celle-ci soit végétale ou animale. de facto il s'est écarté de la compagnie des hommes.
Et puis survient la louve, qu'il essaiera de protéger de tous les habitants du village qui se sentent une âme de chasseur et pour tout dire de meurtrier.
Ce livre est un hymne à l'écologie dans nos campagnes, dans la campagne toscane. Nous sommes constamment bercés par la mélancolie, et en premier lieu celle inspirée des anciens paysans ayant quitté la campagne.
Vous l'aurez compris, c'est un livre simple, très court qui se laisse lire presque tendrement. Mais au final c'est bel et bien celui qui refusait la marche du temps qui perd la partie.
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Noir aimait cette campagne, les arbres qui y poussaient : c’était surtout cet amour qui le séparait des autres. Les gens d’ici maltraitaient la nature comme si elle pouvait tout supporter. Ils se vengeaient sur elle de leurs instincts violents, de leurs échecs, de leurs rancœurs accumulées.
Très vite ils s’étaient mis à l’appeler Noir, peut-être à cause de son caractère ombrageux, peut-être parce que, n’étant pas né sur cette terre, son passé leur échappait, s’enveloppait de brumes. Quand il s’était aperçu qu’ils le surnommaient ainsi ça l’avait énervé, et puis il avait lui-même adopté ce surnom si approprié à sa nature, s’identifiant au sobriquet plus qu’au nom que lui avaient légué ses parents. Noir vivait en harmonie avec les animaux, comme s’il était pétri de la même argile. C’était avec les hommes que les choses tournaient mal.
"Noir aimait cette campagne, les arbres qui y poussaient : c’était surtout cet amour qui le séparait des autres. Les gens d’ici maltraitaient la nature comme si elle pouvait tout supporter. Ils se vengeaient sur elle de leurs instincts violents, de leurs échecs, de leurs rancœurs accumulées."
La bête, que Mucciarini n’avait pas eu besoin de nommer tant elle était devenue familière à leur haine, réussissait par sa seule présence à ébranler une tranquillité conquise par des siècles de civilisation.
On devait lui montrer qui était le plus fort.