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Critiques filtrées sur 2 étoiles  
Basé sur le travail de l'anthropologue Philippe Descola, ce livre d'échanges définit et dénonce notre conception matérialiste et « ethnocentrée » du monde.
Par comparaison raisonnée avec tant d'autres sociétés humaines dites primitives, le chercheur tente alors de concevoir un paysage possible d'un monde à venir.

Alessandro Pignocchi, interlocuteur de Descola, rythme de respirations dessinées un ensemble souvent pesant par l'impossibilité mentale et constitutionnelle de ces universitaires à rester simples et abordables dans l'énoncé de leurs théories.
En ce sens, un lexique aurait été le bienvenu pour expliquer clairement des termes tels que le naturalisme (selon l'approche d'Escola, il s'agit de tout ce qui tire profit de la nature), la synchronisation, la commensurabilité, la mondiation…
Sur le fond, beaucoup de répétitions lassent aussi, surtout pour un discours connu qui finalement enchaîne les constatations d'une exploitation totale de l'homme sur sa planète et qui imagine naïvement une « socialisation du non-humain » ou la possibilité de micro-sociétés autonomes (façon ZAD) tolérées par les pouvoirs en place ou pas (on imagine mal ces utopies en Chine ou en terre d'Islam).

Plus intéressante est finalement la conclusion de l'ouvrage qui constate qu'à la tentative d'objectivation du monde de la démarche scientifique, on peut, au fond, préférer la subjectivisation d'une pluralité de perceptions du réel.
Tiens voilà que je me mets à écrire comme eux ! :(
Mais nous n'en sommes pas plus avancés sur l'ethnographie des mondes à venir !
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C'est avec une certaine déception, ou plutôt une déception certaine que je repose ce livre, un peu agacée qu'on attribue à Descola la paternité de ce qu'on a dit bien avant lui concernant la nature, la culture, l'Occident industriel (ce que Heidegger appelle le "Gestell") et l'exploitation des ressources. Un peu agacée aussi par les inexactitudes, les anachronismes, toutes ces choses approximatives qui finissent nécessairement par dérailler. le grand anthropologue et sociologue Louis Dumont, décédé en 1998, a bien mieux décrit en quoi consistait l'origine chrétienne de l'individualisme moderne, et c'est presque devenu un lieu commun de montrer après tant d'autres ce que les monstruosités en matière d'écologie doivent à la sécularisation par le capitalisme de la théodicée chrétienne, ce plan d'ensemble censé conduire l'humanité.

Au moins cinquante ans que les partisans de la deep ecology et le philosophe norvégien Arne Naess, au moins cinquante ans qu'Alain Hervé et Edwin Matthews, fondateurs d'Amis de la Terre et créateurs de la première collection écologiste chez Fayard auront dit la même chose avec infiniment plus de justesse et de talent.

J'ai bien peur, hélas! que le fond du discours soit bien moins écologiste qu'un prétexte à une auto-flagellation convenue de donneurs de leçons universels (d'où le titre "Ethnographie"). Car enfin, des Européens qui accusent l'eurocentrisme d'être la cause de tout le mal dans le monde (seuls les Européens... les autres peuples ne font pas ci, ni ça), qu'est-ce d'autre qu'une illustration de cette propension européenne à distribuer des bons points au reste du monde et à creuser des différences artificielles entre les peuples? Nous savons tous de quoi il retourne réellement. La modernité est la forme sécularisée du christianisme eschatologique. Elle place l'individu hors du monde, donc hors de la nature (forme sécularisée de la "sainteté") et ce faisant l'autorise à exploiter dramatiquement le monde.

Est-ce ''la faute aux Européens"? Non, premièrement il ne s'agit pas d'Europe, mais d'Occident, deux concepts radicalement différents, voire contradictoires. Ensuite, il n'y a aucune composante ethnique: tout le monde - des Chinois aux Tunisiens et même aux Tibétains - veut en être, et c'est bien ça le drame. Ensuite, ce livre propose-t-il des solutions? Il indique, dès le titre, que non: "Ethnographie des mondes à venir". A venir, vraiment? Mais c'est bien dans cet A-venir dont on prêche depuis l'avènement de la modernité la toute-puissante autorité (progrès industriel, lendemains qui chantent, fin de l'histoire, etc.) que tient TOUT le problème écologique, dans cet "avenir" qui a fait basculer le monde dans l'exploitation, la pollution, la ruine des écosystèmes. "Ethnographie", "mondes" (la pensée au singulier qui s'écrit au pluriel: c'est la mode), "avenir". Trois mots qui révèlent l'envers du discours. Un discours, par-dessus le marché, infantilisant: on regrette le temps où Louis Dumont, Arne Naess et Alain Hervé parlaient sans recourir à la bande dessinée.
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