Avec un humour toujours aussi décalé, Alessandro Pignocchi écrit une véritable tribune politique en évoquant les problèmes de notre société, notamment le dérèglement climatique.
Les oiseaux anarchistes qui veulent détruire l'État m'auront fait beaucoup rire et les politicien·ne·s qui tiennent des discours totalement différents de ceux qu'ils peuvent avoir dans la vraie vie également.
Puisque j'ai lu le second tome il y a peu de temps, je n'ai pas autant de choses à dire sur celui-ci. Toute la série se trouve en effet dans la même veine... et si j'avais moins aimé le deuxième volume, ce troisième m'a satisfaite d'autant plus !
Que ce soit le message politique, l'alerte sur le dérèglement climatique (sans faire culpabiliser les consommateur·rice·s comme si ces personnes étaient les seules responsables de la situation actuelle), l'humour omniprésent ou les illustrations et couleurs superbes, cette saga d'Alessandro Pignocchi me plaît vraiment beaucoup !
Depuis que les mésanges ont renversé les États (en ré-écrivant les discours des dirigeants), la pensée animiste s'est installée partout dans le monde : les chefs n'ont plus de pouvoir, les plantes et les animaux sont désormais considérés comme des personnes.
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Un texte en annexe livre une excellente analyse des enjeux actuels et propose une feuille de route intéressante et crédible : comment sortir de la « déséconomisation de l'existence » en expérimentant « ce que pourraient être des mondes post-capitalistes », à s'organiser à l'écart de l'État dans tous les territoires libérés, mis en réseaux entre eux.
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À lire de toute urgence !
Article complet sur le blog :
Mythopoïèse est le troisième tome de la trilogie #petittraitedecologiesauvage d'A. Pichnocchi. Cette série est consacrée à l'environnement, à l'anthropologie, aux changements climatiques et à la biodiversité. 🦎🐿️🕷️🐦
Tout d'abord quel est ce titre étrange, ça veut dire quoi Mythopoïèse ? La mythopoeïa est la création consciente d'un mythe ou d'une mythologie personnelle dans une oeuvre littéraire ou de fiction.
Si comme moi vous n'êtes pas beaucoup plus avancé avec cette définition n'ayez pas peur ! Ce n'est pas un problème vous pouvez tout de même continuer votre lecture. Celle-ci vous apportera d'ailleurs certainement des éléments de réponse !
Dans ce troisième tome on retrouve des mésanges punks, qui prennent le pouvoir, des chefs d'états réfugiés dans des « réserves naturelles », mais aussi l'anthropologue jivaro et le nouveau monde en marche dans la suite du tome précédent !
Cette lecture fut agréable mais je n'ai pas été aussi emballée que par le second tome ! En effet, pas vraiment de nouveauté du côté du scénario ni des ressorts narratifs. Pas de personnages nouveaux non plus. du côté de l'intrigue Pignocchi continue à exposer son histoire et sa théorie dans la continuité des deux premiers tomes et devient un peu plus technique.
Ne vous méprenez pas ma lecture fut agréable et j'ai apprécié retrouver nos mésanges anarchistes et toute la ribambelle de personnage cependant il m'a manqué un petit quelque chose nouveau pour être aussi convaincue que je l'avais été par le tome 2
Alessandro PIGNOCCHI nous ressert un excellent opus à l'humour incisif.
C'est avec un grand plaisir qu'on retrouve notre mésange bleue totalement frappée, un Hulot soumis au bon sens par le chantage, un Macron en pleine descente et une relation Trump/Merkel sur fond de champi' autour d'un feu… Sans oublier une belette, des pinsons et bien sûr notre fameux anthropologue jivaro qui s'évertue à protéger une des dernières enclaves françaises vivant toujours selon les coutumes occidentales.
Un cours d'Histoire champêtre nous apprend comment l'Etat s'est dissout au lendemain d'une soirée de liesse pour fêter la victoire d'une ZAD : personne pour voter ou presque, d'où l'écroulement des institutions.
Une classe verte s'emploie à démonter des éoliennes qui dérangent les chauve-souris*.
Une autre est plus intéressée par Trump et son amie belette que par l'ancienne culture de leurs aïeux, au grand désarroi de Wajari TSAMARIN, le sagace anthropologue jivaro…
On flotte encore au fil des pages dans une atmosphère à la fois crue et légère où chaque planche, chaque ligne, chaque détail, raconte une alternative, nous mets en face des lacunes de notre pensée occidentale.
Définitivement, la fenêtre ouverte par Pignocchi sur un autre monde est salvatrice par les questionnements qu'elle suggère.
* Seul bémol à mes yeux, cette histoire de démantèlement d'éolienne qui rapporte de l'eau au moulin à un cliché anti-éolien déjà fort répandu – bien que tout à fait contestable en proportion – sur la nocivité de ces grandes hélices pour la faune.
J'adore les somptueuses aquarelles d'Alessandro Pignocchi, particulièrement celles où il met en scène ses mignonnes petites mésanges, punk et subversives en diable, lorsqu'elles se proposent – entre autres – d'aller « casser la gueule aux flics » (p. 15) ou « mettent la pression » sur Nicolas Hulot pour qu'il réécrive son discours à l'Assemblée Nationale (p. 6).
On peut rêver, et c'est ce dont l'auteur ne se prive pas en nous proposant avec ironie un monde parallèle où un anthropologue jivaro se met en quête de documenter et comprendre – non sans difficulté – les spécificités culturelles et les coutumes alimentaires des peuplades du monde occidental. Ou, sur son blog (http://puntish.blogspot.com/), des versions actualisées du « Sous-préfet aux champs ».
Avant de se consacrer à la BD, Alessandro Pignocchi a travaillé comme chercheur en sciences cognitives et philosophie de l'art. En fin d'ouvrage, un texte un peu théorique, inspiré des thèses de l'anthropologue Philippe Descola, défend l'idée que nous devons « apprendre à voir les non-humains comme des sujets, c'est-à-dire comme des être dotés d'une forme d'intériorité, d'un point de vue et de motivations propres ». (p. 114)
Je ne résiste pas, pour conclure, au plaisir de retranscrire le beau texte qui figure en exergue du premier chapitre (« L'année du triton »).
« Finalement, ce qui constitue l'ossature de l'existence, ce n'est ni la famille, ni la carrière, ni ce que d'autres diront ou penseront de vous, mais quelques instants de cette nature, soulevée par une lévitation plus sereine encore que celle de l'amour, et que la vie nous distribue avec une parcimonie à la mesure de notre faible coeur. » (Nicolas Bouvier – L'usage du monde)
La crise écologique rebat ainsi les cartes des alliances possibles, redéfinit tant la notion de « progrès » que les critères d’émancipation. Ainsi, contrairement à ce que prétend le pouvoir en place qui a tout intérêt à entretenir un antagonisme factice entre les questions sociales et environnementales, la lutte des gilets jaunes pose les bases d’une proposition écologiste substantielle. Les acteurs et actrices de cette lutte refusent collectivement le statut d’objet qui leur est socialement attribué et aspirent à redevenir des sujets. Ils et elles ne veulent plus être des marchandises interchangeables et jetables – des ressources humaines – dont la valeur, ou l’absence de valeur, ne dépend que de la fonction remplie dans les activités économiques.
- Tout d'abord, j'invite chaque citoyen à se responsabiliser et à adopter au quotidien un ensemble d'éco-gestes simples, comme se cagouler en manif pour réduire en poudre les vitrines des banques, ouvrir des maisons du peuple et des squats un peu partout, ou encore occuper les ronds-points et bloquer les chantiers. Globalement, il s'agit d'œuvrer au jour le jour à destituer l'État en apprenant à s'organiser sans lui.
Il s'agira de définir les interactions qui vont se construire entre les zones qui resteront gérées par l’État, et celles qui s’organiseront en s’inspirant des ZAD du Chiapas et de tout ce qui à commencé à s’inventer sur les ronds-points et dans les maisons du peuple .
(Deux oiseaux dans un arbre)
- J'ai rencontré une copine qui habite dans le jardin du mec, là, celui qui fait des gels douche et de la croissance verte.
- Nicolas Hulot ?
- Oui. On lui a mis un peu la pression et on a réécrit son discours. C'était trop bien.
Lorsqu'on s'interroge sur le devenir d'un milieu de vie, la cosmologie occidentale moderne ne propose que deux possibilités : l'exploiter ou le protéger. [...] Mais l'antagonisme entre ces deux options, qui nous semblent couvrir à elles seules le champs des possibles, n'est qu'apparent : protection et exploitation sont en réalité deux facettes complémentaires d'un même mode de relation, la relation de sujet à objet. La protection pensée "à l'occidentale" reste en effet une forme d'utilisation, où sont mis en avant soit les services écologiques, soit des fonction de récréation.
Je suis un physicien tête-en-l'air et un peu dur d'oreille. J'apparais pour la première fois dans "Le Trésor de Rackham le Rouge". Mon personnage est inspiré d'Auguste Piccard (un physicien suisse concepteur du bathyscaphe) à qui je ressemble physiquement, mais j'ai fait mieux que mon modèle : je suis à l'origine d'un ambitieux programme d'exploration lunaire.