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EAN : 9782021448207
1232 pages
Seuil (07/11/2019)
4.14/5   80 notes
Résumé :
Toutes les sociétés humaines ont besoin de justifier leurs inégalités : il faut leur trouver des raisons, faute de quoi c’est l’ensemble de l’édifice politique et social qui menace de s’effondrer. Les idéologies du passé, si on les étudie de près, ne sont à cet égard pas toujours plus folles que celles du présent. C’est en montrant la multiplicité des trajectoires et des bifurcations possibles que l’on peut interroger les fondements de nos propres institutions et en... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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En attendant que le libraire de mon quartier de Rotterdam se procure l'édition française de Capital et idéologie, chose pas évidente en temps de coronavirus, la traduction néerlandaise est sortie et l'on voyait au bord des routes de grandes affiches pour Kapitaal en ideologie, traitement réservé d'habitude pour les Dan Brown ou J.K. Rowling de ce monde.
Thomas Piketty se bestsellerise, il doit y avoir quelque chose qui fascine beaucoup de monde dans ses livres.

Là je viens de terminer Capital et idéologie, oui c'est fascinant, mais je ressens aussi une légère indigestion.
D'abord la fascination. Thomas Piketty a écrit un livre qui analyse clairement l'état de notre planète sur beaucoup de plans, mais surtout au niveau socio-économique et politique. L'idée centrale: les sociétés humaines sont toujours inégales et elles cherchent toujours une justification pour ces inégalités. Ces justifications changent durant l'histoire, et il ne faut pas les prendre pour de l'argent comptant. On peut les changer, et c'est ce qu'il faut faire avec les justifications actuelles, qu'elles soient européennes, etatsuniennes, chinoises ou autres. Instrument favorisé: la taxation progressive du capital, de préférence dans un contexte international.
Il faut dire que, même pour le lecteur critique que je crois être. Piketty convainc.
Dans son livre précédent, le capital au XXIe siècle, il a démontré, chiffres à l'appui surtout pour les pays européens, que le capital a toujours eu un meilleur rendement que le travail fourni. Les écarts entre possesseurs de capitaux, que ce soient terres, immobilier ou titres d'actions, ont tendance à se creuser. Pour contrer cette tendance avec toutes les conséquences sociales qu'elle implique, il faut imposer le capital plus que le travail. Dans Capital et idéologie Piketty reprend cet argument, mais cette fois-ci à une échelle planétaire. À plusieurs moments dans l'histoire mondiale, entre autre après les deux grandes guerres du 20ième siècle, des gouvernements divers ont en effet exécuté une politique d'impôt de plus en plus progressif sur revenus et capitaux. Leurs économies se sont rapidement améliorées. Depuis les années 1980, Reagan et Thatcher obligent, la tendance s'est renversée. On impose de moins en moins et de moins en moins progressivement, le capital fuit vers les endroits où il est peu ou pas du tout taxé, et les classes moyennes et pauvres paient relativement beaucoup pour le bien-être général de leur pays, et en profitent relativement peu.
Après la fascination pour l'analyse j'en ai pour les solutions. Piketty en a des assez concrètes, aussi bien pour les impôts progressifs que pour la coopération entre pays (de prime abord européens) pour lutter contre la fraude fiscale et fuite des capitaux.

Le sentiment de digestion après lecture provient d'abord du nombre de sujets traités . On a parfois l'impression de lire trois livres à la fois. Par exemple: dans la quatrième partie de son livre, on en est déjà à plus de 800 pages qui ont décrit post-colonialisme, postcommunisme et la crise du néopropriétarisme, Piketty s'attaque au problème du changement des électorats de gauche et de droite. C'est un peu inattendu et surtout très franco-français, là où le contexte jusque-là était plutôt planétaire. On frôle l'overdose. En plus Piketty n'est pas un grand styliste et a tendance à se répéter. le livre aurait peut-être gagné en force si un éditeur un peu plus sévère l'avait réduit de 200 pages.

Néanmoins, Capital et idéologie est à lire absolument quand on se sent concerné par l'état de notre planète, qu'on veut mieux comprendre le débat politique là-dessus, et qu'on cherches des solutions pour l'améliorer.
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La première bonne nouvelle donc c'est qu'il est beaucoup moins difficile que le précédent. Ça se lit même facilement, au détail près que c'est un pavé.
C'est autant un livre d'histoire que d'économie. Les 3 premières parties sont même une sorte "d'histoire du Monde" (ou presque) depuis le XVe siècle. Un véritable tour de force. de très bons spécialistes de certaines régions du monde trouveront certainement quelques approximations mais l'ensemble est réellement impressionnant.
Piketty s'affirme très clairement comme un social démocrate. Il rejette assez violemment le marxisme surtout dans sa variante léniniste et soviétique et condamne même le marxisme tardif d'un certain nombre de partis de gauche (PS, Travaillistes anglais) Ouest européens plutôt contre productif. Son modèle est plutôt celui du SPD allemand de Bad Godesberg ou des travaillistes suédois visant à construire une société socialiste dans le cadre d'une économie de marché.
La dernière partie essentiellement consacrée à de l'analyse politique est intéressante mais moins convaincante. L'énorme savoir de Piketty issu de décennies d'analyse de données économiques sur le longue durée ne se retrouve pas dans ses analyses plus récentes de résultats électoraux. Meme si la lente derive des partis de gauche vers une "gauche brahmane" essentiellement au service des élites diplômées (face à la droite qui représente les élites économiques) est intéressantes. Les analyses politiques de situations récentes valent à peu près celles qu'on lit sur Facebook ou qu'on entend au comptoir.
Sur le fond on ne peut qu'être convaincu qu'il y a un énorme problème d'inégalites croissantes dans la quasi totalité des régions du monde depuis une trentaine d'années (Au passage on comprend à nouveau que le communisme a été une malédiction pour les pays dans lesquels il s'appliquait mais une bénédiction pour les travailleurs des autres pays). Même dans un pays aussi riche que les États Unis la part des revenus (sans parler du patrimoine) revenant aux 50% les plus pauvres est en chute libre
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Je mentirais en tentant de faire croire que je suis venu à bout de ces insondables 1200 pages sur lesquelles je me suis pourtant accroché, repoussant d'autres lectures, et dans lesquelles j'ai plusieurs fois replongé. Avant d'en sauter des paragraphes, des chapitres, puis de simplement lire les en-têtes de chapitres qui finalement m'ont semblé suffire à suivre le raisonnement.
Je ne critique pas ici le fond, qui est si j'ai compris d'apporter un peu de réalité à l'économie, en s'appuyant sur des données présentant du recul historique. Pas non plus le principe de base d'évaluer différentes sociétés à l'aune de ses inégalités, principe qui est brillant et simple, tant d'ailleurs qu'on peine à imaginer qu'après tant de temps à écouter des gens parler avec des tons si sérieux d'économie, un concept aussi basique de sociologie vienne à peine de transpirer.
De bonnes intentions, un angle de vue intéressant, à priori de bons auspices. Oui mais voilà, le carcan de la chose économique semble lourd, très lourd, et rappel constamment aux chiffres, à l'étude de micro exemples qui n'apportent rien à la compréhension, ou à une possible volonté, mais qui soutiennent une thèse.
J'ai le sentiment que ce livre manque de n'avoir pas été développé d'abord comme un essai, peut-être 100 pages, peut-être 150, mais qui suffiraient à faire passer le message, à résumer toutes ces assommantes justifications.
L'image qui me vient est celle d'une vieille chanson de Dylan dans laquelle les princes, en haut d'une tour, gardent la vue. Thomas Piketti, un étage plus bas, aurait probablement réussi à ouvrir une fenêtre et à observer le monde au travers, finement d'ailleurs. Mais tout occupé qu'il est à justifier longuement ce qu'il y aperçoit, on perd un peu en le lisant le fil de ce qu'il décrit, toujours ramené au prisme de la petite fenêtre des comptes économiques. C'est dommage, et je pense que l'ensemble gagnerait, encore une fois, à être présenté sous forme de nouvelle ou d'essai soutenant la pensée qui anime assez visiblement l'auteur, d'autant plus si l'objectif est d'influer sur ces fameux princes, un étages au-dessus.
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Nouveau monument de Thomas Piketty pour mieux comprendre les origines, les étapes et les effet du capital ainsi que les fondements des idéologies dominantes dans la société (les 3 ordres avant la Révolution mais ailleurs en Europe, la propriété particulière sacralisée,...).
Après son ouvrage majeur, le capital au XXIe siècle ce livre interroge dans une vision mondiale et non hexagonale.
L'auteur a une vision globale pertinente et considère que le socialisme est la seule issue pour concilier développement, diminution des inégalités et répondre aux enjeux climatiques notamment. Impressionnant!
A lire absolument!
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Le premier livre faisait 900 pages, il ne manquait pas d'intérêt, mais aurait pu être réduit à 150. D'ailleurs, allez plutôt écouter la synthèse par Piketty lui même sur Ted Talks, 15 minutes et c'est bien assez. le deuxième est aussi long, mais il est plus riche. Cela se lit très bien, on y apprend quelques petites choses (chapitre sur l'esclavage à Haiti par exemple). Mais comme toujours avec Piketty, sa malhonnêteté intellectuelle est horripilante, elle l'est encore plus dans ce livre. Son approche est de partir d'une hypothèse et de la conforter par tous les faits qu'il trouve, ignorant tous les autres. C'est la marque de fabrique de Piketty, mais ce qui rend la chose plus pénible encore est qu'il fait semblant de mener une enquête, comme le ferait un détective ayant très peu d'indices sur un meurtre, et donc pas d'a priori. Or, en réalité, Piketty, c'est un peu le Colombo de l'économie qui pose l'hypothèse que untel a commis le crime (on se demande souvent comment) et n'enquête que sur lui. A l'opposé par exemple de Poirot. Et comme d'habitude, il propose des solutions basées sur une analyse très orientée, ce qui affaiblit son propos. Honnêtement, ses chroniques du Monde ressemble souvent plus à un tract de Lutte Ouvrière qu'à une analyse sérieuse. S'y ajoute son égarement en politique, auteur de la proposition de revenu universel pour les jeunes, dont son candidat n'avait manifestement aucune idée, Piketty non plus, de comment cela pourrait fonctionner et même si ce serait une bonne chose! Bon, au total, je mets trois étoiles: perso, je l'ai dévoré, j'ai bien aimé, je ne suis pas devenu Pikettiste pour autant. Cela ce lit mais il y a d'autres ouvrages économiques grand public plus intéressants.
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critiques presse (2)
Lexpress
12 septembre 2019
Dans Capital et idéologie, le livre événement de la rentrée, l'économiste de gauche convoque l'Histoire et imagine des pistes radicales pour réduire les inégalités.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Telerama
06 septembre 2019
Le nouvel essai-fleuve de l’auteur du “Capital au XXIe siècle” explore les mécanismes qui ont légitimé les inégalités au fil des âges. Et prône une redistribution des cartes radicale.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Si l’on ferme toute perspective d’action (voire parfois de débat) au sujet de la redistribution et de la justice sociale, par exemple en expliquant que les lois de la mondialisation et de l'économie empêchent rigoureusement et éternellement toute redistribution véritable, alors il est presque inévitable que le conflit politique se concentre sur le seul terrain d’action qu’on laisse aux Etats, á savoir le contrôle de leurs frontières, et parfois l’invention de frontières intérieures. Autrement dit, la montée des clivages identitaires ne doit pas être vue comme la conséquence (certes regrettable, mais au final inévitable) de l’entrée dans le monde postcolonial. Il me semble que l’on peut aussi et surtout voir cette évolution comme la conséquence de la chute du communisme, de la montée du fatalisme identitaire et de la perte de tout espoir de transformation socio-économique fondamentale. Seule une réouverture du débat sur la justice et le modèle économique peut permettre à la question de la propriété et de l’inégalité de reprendre le dessus sur celle de la frontière et de l’identité.
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Chaque société humaine doit justifier ses inégalités : il faut leur touver des raisons, faute de quoi c'est l'ensemble de l'édifice politique et social qui menace de s'effondrer.
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L'étude des idéologies inégalitaires anciennes et leur sophistication permet aussi de mieux mettre à distance les idéologies du présent, qui ne sont pas toujours plus sages que celles qui les ont précédées, et qui finiront elles aussi par être remplacées.
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Videos de Thomas Piketty (60) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Thomas Piketty
Intervenants: Julia CAGÉ, professeure d'économie à Sciences Po Paris et Thomas PIKETTY, directeur d'études à l'EHESS et professeur à l'école d'économie de Paris Modération: Philippe ESCANDE, journaliste au Monde
Qui vote pour qui et pourquoi ? Comment la structure sociale des électorats des différents courants politiques en France a-t-elle évolué de 1789 à 2022 ? Dans quelle mesure les coalitions au pouvoir et dans l'opposition ont-elles su rassembler les classes populaires, moyennes ou aisées et fédérer des intérêts divergents, et comment cela a-t-il participé au processus de développement social, économique et politique du pays ? En s'appuyant sur un travail inédit de numérisation des données électorales et socio-économiques couvrant plus de deux siècles, cet ouvrage propose une histoire des comportements électoraux et des inégalités socio-spatiales en France de 1789 à 2022.
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