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EAN : 9782226319425
192 pages
Albin Michel (04/01/2016)
3.88/5   21 notes
Résumé :
A la fin de l'été 1953, Jean-Michel Leutier quitte l'Algérie pour continuer ses études dans un lycée toulousain. Lors d'un week-end à Albi, il fait une rencontre qui va changer sa vie : Abane Ramdane, le plus célèbre prisonnier politique de France, l'un des fondateurs du FLN. Quatre ans plus tard, devenu officier français patrouillant dans la région de Zelemta, il le retrouve sur sa route, fuyant vers le Maroc. Ce face-à-face passionnant entre un mythe de la Révolut... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Seigneur, je ne suis pas sûr de bien faire. Pardonnez à votre vieux cure Antus. Je m'y risque. Je vous en prie. La guerre d'Algérie étant depuis si longtemps finie comme de mauvaises herbes étant devenu le sujet de prédilection des ouvriers du port durant la dernière heure. J'ai été muet si longtemps. En depit du côté cucu de sa réaction, j'ai été découvert.
J'ai participé avec tous ces conscrits à la guerre d'Algérie. J'ai été mobilisés pour la faire. C'est la 1ere fois que je lis un livre de cet auteur. Je ne buvais pas de mascara. ça me rappelle mon pere qui a fait la guerre d'Algérie côté Maroc. Je pense peu à mon père pourtant.
Je connais le mont Brasparts, le Roc trevezel. Les fellaghas mon père les combattait. J'étais petit certes. Dans les monts d'Arree, la montagne noire , j'aime aussi Djébel Amour le livre de Roger. ah! Grall cet auteur breton, j'aime. Ça me fait aussi penser à Chrstian natif de la bas comme on dit. Ce livre me fait penser à ceux de Stora dit Benjamin de son prénom.
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René-Victor Pilhes dont j'avais lu ,en son temps , "L'imprécateur " qui m'avait laissé une impression passablement mitigée nous offre avec "la nuit de Zelemta " une véritable parousie de la guerre d'Algérie et cet épisode de ma vie m'ayant marqué de façon indélébile comme beaucoup de ceux qui participèrent,nolens volens ,à cette page de l'histoire de notre pays , je l'ai ingurgité dans la journée d'hier . Conformément à mon habitude , je ne donnerai pas ici un résumé du roman , ce n'est pas mon idée d'une critique et d'autresl'ont fait avant moi, je m'attacherai au fond , qui est la compréhension du conflit de part et d'autre de la méditerranée ,par les métropolitains d'une part --- là règnent l'ignorance puis l'incompréhension---et par la population d'origine européenne d'Algérie ( dits "les pieds noirs" ) qui se compaisent dans une situation de semi apartheid et ne voient ni le vent qui se lève ni la catastrophe qui approche ! le général Duval ,après les émeutes de Sétif et de Guelma en Mai 1945, avait dit aux dirigeants français de l'époque qu'il leur offrait dix ans de sursis mais que, faute de véritables réformes ,le feu reprendrait et que ce serait un véritable incendie. Comme de bien entendu ,il ne fut pas entendu et les grands "feudataires de l'Algérie encore française s'activèrent pour saboter le plan Naegelen tout comme avant la seconde guerre mondiale ils avaient"neutralisé" les projets de réforme/Violette , toutcela pour le plus grand malheurde la majorité de leurs concitoyens ,les"petits blancs" qui sirotaient leur anisette Gras aux terrasses des Sauveur d'Ain -Témouchent ou d'ailleurs. le grand mérite du livre de R-V Pilhes, même s'il est parfois un peu simpliste et didactique, c'estde nous faire revivre l'ambiance de l'Agérie d'alors (on sentirait presque les odeurs de la kemia ) et il fallait du temps ,du recul, pour analyser ce magma . Je ne crois pas qu'un autre déroulement de ette fameuse nuit de Zelemta aurait beaucoup changé au déroulement ultérieur des faits (je ne me risquerai pas à une quelconque uchronie ) mais je peux dire ,à titre personnel, que je ne suis pas d'accord avec le comportement de Leutier (Pilhes non plus ,d'après son entretien avec Benjamin Stora ° et je veux ajouter ,flèche du parthe de l'éternel pinailleur que je suis, qu'un livre ,mème un roman ,quand il rapporte des faits historiques se doit d'être exact ,et page 162 R-V P écrit que le 1er novembre 1954 ,dans les gorges de Thiganimine ,les premières victimes européennes de cette guerre qui devait durer huit ans ( mais qui dure encore ,d'une certaine façon ) furent les époux Monnerot qui furent tués. C'est faux , le mari fut tué mais sa femme ,grièvement blessée ,survecut pour ne mourir que dans les années 90, c'est un détail mais le diable se niche dans les détails ...comme ne dit pas ce vieux birbe de jean-marie .
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Profondément marqué par ses deux années passées sous l'uniforme en Algérie (1955 – 1957), René-Victor Pilhes, écrivain reconnu, livre à 82 ans, un roman poignant qui sort de l'oubli Abane Ramdane, « l'oublié, voire l'évacué de la révolution algérienne… Pourtant son rôle a été déterminant et capital. »
Pour faire revivre cet homme liquidé par les siens, au Maroc, le 27 décembre 1957, alors qu'il était le numéro 1 de la lutte pour l'indépendance de son pays, l'auteur donne la parole à un vieux curé qui a recueilli les confidences de Jean-Michel Leutier, jeune lieutenant en train de mourir de ses blessures.
Construisant bien son récit, l'auteur nous ramène quelques années en arrière, à Toulouse, où Leutier est élève en classe de philo car ses parents l'ont envoyé étudier en métropole. Son père est sous-officier de gendarmerie et sa mère, infirmière. Ils vivent à Aïn-Témouchent, en Oranie.
Ébloui par Rolande Jouli, soeur de son meilleur ami, il se fait inviter chez eux, à Albi. Or, Mme Jouli assure un soutien aux personnes emprisonnées, avec sa fille. Jean-Michel, pour gagner leurs faveurs, les accompagne et tombe sur Abane Ramdane avec qui il va parler de l'Algérie…
C'est l'occasion, pour l'auteur, de rappeler ce que furent ces huit années, de 1954 à 1962, avec 1 350 000 conscrits mobilisés pour deux ans, 13 000 morts, 70 000 blessés et des milliers de traumatisés, « sale guerre, honteuse, inavouable, vécue comme quasi déshonorante et perdue. » La torture est pratiquée par les services spéciaux et les unités de choc des paras.
Les colons sont environ 40 000 pour 3 millions d'indigènes mais le drame de Sétif, le 8 mai 1945 annonce ce qui va suivre. L'assassinat du couple Monnerot, deux instituteurs, montre que « les Algériens ne voulaient plus qu'on les éduque mais, désormais, aspiraient à s'éduquer eux-mêmes. »
Avec Abane Ramdane, Leutier parle de l'Algérie : « le comble, c'est qu'il éveillait ma compassion alors qu'il aurait dû me terrifier. » Plus loin, il ajoute : « Cet Abane m'avait flanqué brutalement à la figure ma famille, mon pays natal, mon enfance, mon adolescence, avec une agressivité étrange. » Loin d'Aïn-Trémouchent et de la grande plage de Béni-Saf, il aurait aimé avoir son père près de lui mais le doute instillé par ce cadre politique qui lit Marx, Mao, Lénine, fera son chemin dans la tête du jeune homme…
Lorsqu'il retourne à Aïn-Trémouchent, il constate que ses copains arabes ont changé, que le « syndrome d'Abane » fait son chemin alors que les « pieds-noirs » restent « joyeux et insouciants. »
Au lieu de se consacrer à une carrière d'avocat, Leutier résilie son sursis et devient Aspirant dans le 2ème Peloton du 6ème Chasseurs dans le grand Oranais. Il se bat, prend des risques excessifs mais n'y croit plus jusqu'à cette fameuse nuit où il patrouille dans le massif de Zelemta…

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Trois personnages sont présents dans ce roman : Jean-Michel Leutier, élève au lycée Pierre-de-Fremat à Toulouse durant l'année 1953. Il est pensionnaire, originaire d'Algérie, de Aïn-Témouchent en Oranie, localité située entre Sidi Bel Abbès et Béni-Saf, d'où sa mère est native .Son père l'a envoyé en France où il retrouve à Albi une de ses soeurs, institutrice .Il tombe amoureux d'une jeune Albigeoise, Rolande Jouli, soeur de Jaques, son meilleur ami de lycée.
Le deuxième est Abane Ramdane, l'un des chefs historiques du FLN, qui a participé au déclenchement de l'insurrection de 1954, et a été emprisonné à plusieurs reprises dans différentes prisons en Algérie et en France, puis transféré à Albi en 1953.
Le troisième personnage est le « petit curé », sobriquet donné par Jean-Michel Leutier à l'aumônier de son régiment où il accomplit son service militaire, comme officier, en 1957 dans la région de Zelemta .Tout le roman est articulé autour des récits respectifs de ces derniers, avec retours en arrière, mises en perspective et en abyme .Le grand intérêt du roman est d'illustrer le rôle de l'histoire dans la vie des individus , de présenter de nouvelles visions sur la représentation que les Français d'Algérie avaient des mouvements algériens de libération ; ce roman met aussi en évidence le manque d'intérêt des Français de métropole pour les départements français d'Algérie, terre lointaine : « L'Algérie, oui, c'était une partie rose sur la carte de l'outre-mer ;mais ce n'était que ça .Non, décidément, ce n'était pas l'Alsace et la Lorraine. »
Ce qui est aussi mis en évidence, c'est l'ébranlement occasionné dans la conscience de ce jeune lycéen, dont la mère de sa fiancée accomplit des visites en prison .Il l'accompagne et y rencontre Abane Ramdane .Suit une série d'échanges et de conversations décisives sur les motivations d'Abane Ramdane, l'avenir des européens en Algérie, la force de conviction de ce dernier, immense .Après ces entretiens avec Abane, notre jeune lycéen en vient à douter : et si les copains arabes qui jouent au foot avec lui n'étaient plus loyaux ,mais complices des terroristes du FLN ? « Et voici que, pour la première fois, il se posait une question : pourquoi appeler le « Douar »cette cité Moulay Sidi Said ? Pourquoi n'avait-on pas baptisé leur équipe de foot les « Moulay »par exemple ? Les «Moulay » contre les « Château d'eau ? »Tous ces échanges contribuent à former chez Jean-Michel Leutier le syndrome d'Abane, que l'on peut faire équivaloir à un doute terrible sur le bien-fondé de ses propres prises de position sur l'Algérie, et sur le statut de ce pays.
Il y a aussi dans ce roman la description des pouvoirs de la conscience de ce jeune officier en Algérie, en pleine guerre, qu'est devenu Jean-Michel Leutier , qui retrouve en 1957 Abane, en train de fuir vers le Maroc, et le laisse partir car il estime que sa capture n'inverserait pas le cours de l'histoire …

Le petit curé qui récite l'absoute aux obsèques de Jean-Michel Leutier tué le 8 janvier 1961 au combat, se souvient des lectures du lieutenant, parmi lesquelles une citation du Mythe de Sysiphe d'Albert Camus : « L'instant du désespoir est unique, pur, sûr de lui-même, sans pitié dans les conséquences, son pouvoir est sans merci. »
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Je le précise d'emblée, malgré la grande notoriété de l'auteur, La nuit de Zelemta, est le premier livre de René-Victor Pilhes que j'ai lu.
Admirablement bâti et narré, il campe des personnages aux intérêts antagonistes, mais mus par une même soif de justice.

Jean-Michel Leutier, brillant adolescent pied-noir, fils d'un gendarme et d'une infirmière, est envoyé au Lycée Pierre de Fermat, à Toulouse, dans un souci de poursuite d'excellence républicaine.
Mais en esprit se frottant à la rigueur qu'exige toute étude philosophique, le jeune Leutier représente un terrain fertile au questionnement des évidences supposées.

Amené pour une raison de galanterie envers la soeur d'un ami à effectuer des visites charitables à la prison d'Albi, il y rencontre l'artisan de la révolution algérienne. Abane Ramdane exerce sur lui, sinon une influence, tout au moins un éveil de conscience : « Il se sentait incapable d'éluder une réalité irrécusable dont il ne comprenait pas pourquoi il ne l'avait pas aperçue plus tôt : dans son Algérie natale, il y avait dans un camp ceux qui possédaient presque tout et ceux qui ne possédaient rien. » (p.132)

Méconnue, la guerre d'Algérie le demeure. le récit opère une répartition pondérée des motivations des pieds-noirs, distinguant la majorité des européens des « maquignons », qui, non contents d'être à l'origine du sentiment d'injustice, n'ont subi aucune des conséquences liées au conflit : « Cela me parait impossible vu leur attachement sincère aux idées socialistes et tant je les sais éloignés, à tous points de vue, des gros maquignons, les Borgeauds, les Schiaffino et autres Blachette, magnats de la marine marchande, de l'Alfa, des milliers d'hectares, des milliers de travailleurs, à l'heure où je vous parle, déjà à l'abri des convulsions qui vont broyer les petits pieds-noirs. » (p. 140)
Il rappelle le désintérêt des métropolitains pour l'Algérie et les pieds-noirs.

Il décrit l'aveuglement des pieds-noirs, sans toutefois le juger : « Les hommes ne se résignent pas à battre en retraite à temps, à éteindre prématurément les maigres lueurs d'espérance, ils raillent les miracles, mais les attendent toujours. »(p. 115)

On ignore si le personnage de Jean-Michel Leutier est inspiré d'un sous-lieutenant précis, ou s'il a vocation à personnifier le déchirement intérieur de tout individu épris d'un idéal de justice, et attaché à l'honneur de défendre sa patrie. Sa nation.

L'auteur a lui-même été sous-lieutenant. Il connaît les lieux. Abane Ramdane est lui, un personnage historique, sorti, à la faveur d'une écriture roborative, des oublis. L'oubli de son rôle fondateur dans l'indépendance de l'Algérie. L'oubli de son assassinat par les défenseurs de la cause qu'il a faite émerger : « Tour à tour présenté comme un Robespierre ou le Jean Moulin et même le Mao Tsé-toung africain, s'il avait survécu à la guerre, Abane Ramdane reste peu ou mal connu. Cela n'est pas fortuit. Une véritable conjuration du silence en a fait l'oublié, voire « l'évacué » de la révolution algérienne. » (p.13)

Un autre règlement de la question algérienne aurait-il été possible ?
La nuit de Zelemta est un roman qui évoque la densité de la question algérienne. Les précurseurs, les visionnaires peuvent être les oubliés des honneurs.

La compassion elle, est présente chez l'auteur, pour cette population pied-noir, aveuglée par le poids des habitudes.

Le roman, dont le narrateur est un « petit curé » relatant les confidences de Jean-Michel Leutier en fin de vie, amène peu à peu le lecteur à cette fameuse nuit du printemps 1957.

L'évènement de cette nuit s'est-il produit ? Est-il simplement fictionnel ? le lecteur en reste impacté.







Lien : http://www.albin-michel.fr/L..
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Tour à tour présenté comme un Robespierre ou le Jean Moulin et même le Mao Tsé-toung africain s'il avait survécu à la guerre, Abane Ramdane reste peu ou mal connu. Cela n'est pas fortuit. Une véritable conjuration du silence en a fait l'oublié, voire l'"évacué" de la révolution algérienne. (p.13)
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Et voici que, pour la première fois, il se posait une question : pourquoi appeler le « Douar »cette cité Moulay Sidi Said ? Pourquoi n’avait-on pas baptisé leur équipe de foot les « Moulay »par exemple ? Les «Moulay » contre les « Château d’eau ?
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Les hommes ne se résignent pas à battre en retraite à temps, à éteindre prématurément les maigres lueurs de l'espérance, ils raillent les miracles, mais les attendent toujours. (p.115)
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Aujourd’hui, tandis que je me remémore cet épisode traumatisant, me vient à l’esprit une citation de Jonathan Swift qu’on nous avait fait étudier en littérature comparée à Fermat et que j’ai retrouvée il y a peu comme si une force supérieure et mystérieuse me l’avait replacée sous les yeux au moment précis où elle avait plus que jamais son prix pour moi et que voici : « un dilemme ardu dans un cas désespéré, agir avec infamie ou quitter les lieux ».
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Vous appartiendrez à cette minorité qui admettra la légitimité de notre cause mais qui, emportée par le poids de l'atavisme, se sentira obligée de la combattre (p. 155)
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