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EAN : 9782889011971
340 pages
Editions Antipodes (25/05/2021)
4.25/5   2 notes
Résumé :
Ce livre propose une immersion dans les réalités de l'assistance au suicide. Il se fonde sur une étude ethnographique qui restitue le point de vue de personnes recourant à une telle assistance ainsi que celui des individus susceptibles de prendre part à un tel processus : personnes sollicitant une aide au suicide et leurs proches, accompagnateurs et accompagnatrices d'associations d'aide au suicide, médecins, psychiatres, personnels soignants, pharmacien·ne·s, agent... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
La mort appréciée traite du suicide assisté en Suisse. Sujet difficile.

Pour la plupart des psy si ce n'est tous, le suicide s'inscrit dans le décours des maladies dépressives, mélancoliques, atypiques, réactionnelles, d'épuisement, burn out, masquées ou autres. Soigner au mieux les dépressions pour éviter qu'elles n'en arrivent aux extrémités suicidaires est de l'ordre de l' évidence, proposer l'inverse c'est à dire une assistance au suicide, dans cette optique ne peut être que choquant.

Mais, la mort appréciée ne parle pas de ce même suicide. le mot suicide c'est à dire se donner la mort par soi même, n'est pas l'apanage des maladies dépressives même si l'usage leur en a réservé l'attribution.

De même afin de rester dans les a priori et avant d'entamer la lecture quelques questions se sont imposées.
Quels arguments légitimisent le suicide assisté ?
Quelle population en fait la demande.
Qui accepte l'assistance ?
Y a t il un cadre juridique ?
Y a t il des alternatives ?
Combien de pays y ont recours ?

Lisons.

La mort appréciée est le fruit et résumé d'un travail de recherche de quelques années. Il comprend 5 parties.

1 - l'imaginaire du possible. En fait quelques exemples de demandeurs.
2 - Mise en place de l'assistance au suicide.
3 - de 8h à 12h. le déroulement du suicide.
4 - Post mortem. Ce qui doit être fait après le suicide.
5 - les circonvolutions du deuil. En fait les réactions et réflexions dans les mois ou années qui suivent de différents intervenants.

De suite, je vois que la question essentielle, quels arguments légitimisent le suicide assisté ?, n'est pas évoquée. Ce n'est pas l'objet du livre. Tout juste est il dit que des premières associations apparaissent dans les années 80, mort dans la dignité et thèmes proches. L'évolution ayant conduit au suicide assisté n'est pas précisée.

1ère partie. La population demandeuse.
En fait, 5 cas sont exposés. Trop peu pour en tirer des généralités. Il semble néanmoins qu'il y ait deux situations, des cas se rapprochant de l'euthanasie, type cancer au stade terminal, invalidant avec souffrance à la clé. Et d'autres cas associant différentes pathologies et conduisant à une perte d'autonomie plus ou moins importante. Ces cas prêtent plus à discussion. Untel en fauteuil roulant et ayant besoin d'une aide pour aller aux toilettes le supportera alors que pour un autre cela sera insupportable. Que faire ? Je note que les quelques cas évoqués " d'insupportabilité " concernent des personnes ayant une image assez haute d'elle même et que de la voir diminuer n'est guère admissible. Faut il les suivre ?

Je regroupe les trois chapitres suivants se rapportant aux différentes étapes allant de la demande initiale jusqu'à l'inhumation ou la crémation.
Il y a un côté mode d'emploi qui détaille toutes les opérations, en insistant
bien sur les règles à suivre. Il y a en effet un cadre juridique et des instances de contrôle. Les avis médicaux sont bien sûr requis en particulier sur les capacités de discernement du demandeur. La demande doit être validée par un médecin conseil et en dernier lieu un représentant de la justice.
Il y a en Suisse, une dizaine d'associations d'aide au suicide. le demandeur contacte l'une d'entre elle qui assure ensuite le suivi.

Circonvolutions du deuil. 5ème partie. Ce qui peut se passer après. de la justice ayant un doute et convoquant 6 mois après le mari remarié par la suite. Rassurez vous il semble que tout était en ordre. Jusqu'aux réactions diverses et variées, j'ai eu raison, que vont penser les autres, peut être aurais je dû dire etc.

Quelques remarques.

Une bénévole d'une association : ma vision de la vie, c'est qu'on a le droit de la finir quand on veut.
Un peu court comme argumentaire et bonjour aux déprimés suicidaires.

Différence avec l'euthanasie. Pour le suicide assisté c'est le demandeur qui boit la potion léthale ou déclenche la perfusion, en cas d'euthanasie c'est le soignant.

Fantasme. le mot est utilisé à plusieurs reprises, fantasme d'eugénisme, d'influence afin de toucher plus tôt un héritage ou un autre conjoint en vue, par soucis d'économie, un suicide coûte moins cher que 3 années en soins palliatifs etc.
Ces craintes paraissent légitimes plutôt que fantasmatiques et espérons que le législateur a fait ce qu'il faut pour éviter les dérives.

Notre vie nous appartient elle exclusivement d'où je fais ce que je veux etc. ou nos proches ont ils une part de droit sur notre vie et de fait à avoir un avis pouvant être pris en compte. A l'excès une association peut elle aider la personne à se suicider si sa famille s'y oppose.

Un outil. Une plainte fut déposée par un fils contre une association pour avoir donner un outil, en d'autres termes les moyens à son père de mettre fin à ces jours. Ce qu'il n'aurait pas fait sinon, dixit le fils. Il fut débouté par la justice à l'origine de l'outil, pardon la loi sur le suicide assisté ( je plaisante ).

Cet homme de 90 ans qui opta pour le suicide assisté alors qu'il allait mourir les mois d'après. Pourquoi, se demanda son fils, il a bien fait dit sa fille. Tout est affaire d'individu. Lui dira ceci et tel autre son exact contraire.
Y avait il urgence ?

J'ai tendance à penser que le génie de l'homme c'est de créer des outils au fur à mesure de ses besoins, bombe atomique comprise mais pourquoi que la Suisse, la Belgique et le Luxembourg ?, pour l'assistance au suicide. Peut être y a t il d'autres pays ?, mais pas à ma connaissance.

Quelles sont les influences culturelles religieuses ?

Pourquoi les auteurs terminent la mort appréciée par ce cas d'un couple de centenaire ayant opté pour le suicide assisté. le mari : Bon moi, j'ai décidé de partir. Et se tournant vers son ombre, pardon sa femme : et je te demande de venir avec moi. Puis la fille. Ecoute, vivre sans papa un deux trois mois, mais dans de telle souffrances. Donc, tu préfères partir avec papa, ou attendre ces mois.
Et la mère dit oui.
Libre arbitre, libre arbitre !

La mort apprécié est le fruit d'un travail de recherche dont il faut remercier les auteurs. le sujet est délicat mais la politique de l'autruche n'a jamais rien apporté. Il ne donne malheureusement pas d'explications au pourquoi de l'existence de cette loi sur l'aide au suicide. Espérons également que le législateur a pris toute les précautions nécessaires afin d'éviter les excès de toutes natures.
De nombreuses situations par ailleurs poussent à la réflexion, et personne pour nous aider à trouver les réponses.
Ah, la vie !



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J'avais sélectionné ce livre lors de la dernière masse critique en me disant qu'il serait intéressant... et il l'est ! Je ne savais pas à quoi m'attendre, je ne suis pas familière des études ethnographiques. Les explications du pourquoi du comment sont parfois un peu fastidieuses (les choses pourraient être dites plus simplement), mais obligatoires j'imagine dans un contexte universitaire.
Les situations sont détaillées, et j'ai appris beaucoup de choses sur le suicide assisté. Néanmoins, je regrette que certaines questions ne soient pas plus fouillées (mais ce livre est déjà dense, et peut-être que ce n'est pas le sujet) : qu'est-ce qui explique que la plupart des accompagnatrices au suicide assisté sont des femmes ? le fait de préparer sa mort en "mettant tout en règle" ne rend-il pas difficile le fait de, finalement, renoncer ? etc.
L'autre chose qui m'a surprise, c'est qu'on essaie de rentrer dans la tête des personnes sollicitant une assistance au suicide (en analysant le langage, la posture...), mais beaucoup moins dans celle des accompagnatrices ou des auteurs et autrice de l'ouvrage (observateurs).
Le livre n'élude pas les situations qui peuvent questionner. Celle de René et Lucienne, où Lucienne est "sommée" de partir en même temps que son mari, m'a laissée songeuse.
En résumé, La mort appréciée est un ouvrage dense, qui chacun lira avec intérêt, peu importe sa position sur le sujet.
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Je remercie grandement masse critique et les éditions Antipodes pour l'envoi de ce livre. Je me permets de commencer la publication d'une critique car je suis arrivée au bout de mes 30 jours... mais il m'en faudra le double pour lire cette étude d'une rare densité. Je vais donc faire bref : les auteurs s'intéressent à l'assistance au suicide, en Suisse donc. La présentation de l'ouvrage est un peu pénible à lire mais elle est nécessaire, et les différentes parties alternent entre plusieurs types de narration, ce qui permet d'avoir une lecture parfois un peu plus fluide lors de l'évocation des cas cliniques particuliers, mais un peu plus abrupts lorsqu'il s'agit de chiffres, de statistiques etc. le sujet est parfaitement maîtrisé dans nombre d'aspects dont je n'avais même pas conscience avant la lecture de ce livre. Cela m'éclaire aussi sur les difficultés législatives pour une mise en place en France... même si le choix de sa mort plutôt qu'un acharnement thérapeutique me paraît pour ma part vivement souhaitable. le seul "truc" qui me heurte pour l'instant, ce sont les dessins, car ils font obstacle à mon imaginaire (je m'imagine une mort souhaitée donc sereine et les dessins montrent de la violence et de la souffrance...). Je poursuivrais donc cette critique une fois le livre achevé.
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