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Louis Bernstein (Traducteur)Louise Desormonts (Traducteur)Dany Savelli (Éditeur scientifique)
EAN : 9782862607160
236 pages
Autrement (30/11/1998)
4.25/5   8 notes
Résumé :
De toutes les années noires qui marquèrent la Russie de la Révolution, l'année 1919 est sans conteste la plus terrible, la plus désespérante, celle où la misère en vint à dépouiller les êtres, corps et âme. C'est cette "année nue" que Boris Pilniak évoque ici, avec toute la rage d'un homme dont le souci a toujours été "d'écrire autrement". Dans ce roman, pas de jolies formules, ni d'intrigue bien polie, mais plutôt une immense description, exaltée, éclatée, enchevêt... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
L'annee nue? Comment ca, nue? Sans ses oripeaux populaires? Sans ses accoutrements socialistes? Sans ses uniformes guerriers? Mais non, elle les porte tous, et il n'y a qu'un ecrivain pueril a voir a travers ses affublements, ses parures, a la saisir dans toute sa nudite. Pueril parce qu'il ne peut s'imaginer qu'il paiera de sa vie pour avoir transcrit toute la grandeur, toute la misere et tout le malheur, meles intrinsequement, toute la brutalite sauvage de ce grand cataclysme, la revolution.

C'est l'annee 1919. Aux confins de la Russie europeenne et de la Siberie asiatique. Dans la ville d'Ordynine. Une ville “située au-delà de la Kama. Aux confins du ciel, tout au sud, la steppe ; tout au nord, les forêts et les marais ; à l'est, les montagnes. La ville d'Ordynine, ville de pierre en pleine forêt, est située sur une colline dominant la rivière Vologa. On ne sait d'où vient son nom : si la ville l'a donné à ses princes, ou si les princes Ordynine l'ont donné à la ville”. Et cette annee voit la fin des Ordynine, qui ne sont plus tellement princes mais plutot bourgeois decadents, degeneres, qui mourront en cette annee de maladie, de syphilis, de folie. Seuls une candide jeune fille et un parent eloigne echapperont a la malediction familiale ou a la vindicte populaire, choisissez ce qui vous semble le plus appropprie, en integrant une commune campagnarde. Pour peu de temps, helas, car ce genre de commune, ou on partage tout et on discute de tout ne peut etre bien vue ni des koulaks de la region ni des nouveaux bolcheviks en vestes de cuir qui viennent y mettre de l'ordre et poursuivre a mort ses membres, arrogants dissidents qui veulent tout decider par eux memes, en commune deliberation.

En cette annee de combats ce qui regne dans la ville d'Ordynine, comme dans sa proche region, c'est une penurie de tout. Fleurissent en cette annee les fonctionnaires desoeuvres dans des bureaux de fortune et les speculateurs remplissant les trains qui peuvent encore rouler pour chercher du ble dans les lointaines contrees turkmenes.
Mais c'est une annee ou on respire un vent de liberte inespere. Une annee ou l'amour peut fleurir, incontrole, en ville. “Ah, Olenka Kountz ! Olenka Kountz ! Deux poètes, Sémione Matvéïev Zilotov et le camarade Laïtiss, rêvaient à sa pureté, à sa virginité, chacun à sa manière, chacun avec sa passion douloureuse. Pourquoi, oui, pourquoi ces deux poètes ne savaient-ils pas ce que la ville savait, ce qu'Olenka Kountz elle-même ne cherchait presque pas à dissimuler — qu'il y avait eu à Ordynine, un adjudant, Tchérep-Tchérepas ? Au moment de partir pour le front rejoindre Koltchak aux environs de Kazan, Tchérep-Tchérepas avait promené Olenka Kountz en troïka ; puis, il l'avait fait monter dans sa chambre d'hôtel, l'avait régalée de liqueurs douces, et Olenka Kountz s'était donnée à lui aussi simplement que se donnaient toutes ses amies. Et cela lui était arrivé déjà plus d'une fois, et non pas seulement avec Tchérep-Tchérepas, qui, lui, fut tué quelque part près de la ville de Kazan par ses soldats mutinés. Après tout…”. L'amour fleurit aussi, plus moule aux traditions, a la campagne, si l'on en croit les prieres des amants, Alexis et Oulianka: “Alexei: — Moi, Lexis, je resterai, l'échine tournée vers le couchant, la face tournée vers le levant, à guetter, à regarder... Une flèche de feu traversera le ciel clair. Moi, je prierai cette flèche, moi, je me soumettrai à cette flèche et lui demanderai bien bas : « Où t'envoie-t-on, ô flèche de feu ?» — « Dans les forêts obscures, dans les marais mouvants, dans les racines humides. » — « Salut à toi, flèche de feu, vole là où je t'envoie, vole vers Oulianka, vole vers Kononov, vole et atteins-la en son coeur ardent, en sa bile noire, en son sang brûlant, en sa veine spinale, en ses lèvres sucrées, pour qu'elle se désespère, pour qu'elle s'afflige, pour qu'elle se languisse de moi sous l'astre solaire, à la pointe du jour, à la lune nouvelle, à la bise aigre, aux jours croissants et aux jours décroissants, pour qu'elle m'embrasse moi, Lexis Siémiénov, pour qu'elle m'étreigne, moi, pour qu'elle s'accouple à moi ! Mes mots sont puissants et envoûtants comme la mer océane, mes mots sont forts et collants, plus forts et collants que colle colleuse collante, plus fermes et résistants que taillant et diamant tranchants et meurtrissants. Pour les siècles des siècles. Amen.
Oulianka: — Notre très sainte Mère, recouvre la terre de neige et moi d'un fiancé !”.

C'est l'annee de toutes les possibilites. L'annee de tous les espoirs. L'annee de tous les desenchantements. L'annee de tous les exces. Une annee orgiaque. L'annee ou la vie petille. L'annee ou la mort se dechaine. Une annee cruelle qui donne naissance a une epoque nouvelle dans un vieux pays. Une annee ou Pilniak mele allegrement le vieux et le nouveau, dediant autant de belles pages aux nouvelles vestes de cuir des bolcheviks qu'aux antiques sarafanes des campagnardes. Une annee qu'il resume dans un dernier chapitre, le chapitre 7: “Russie. Révolution. Tourmente”. Un chapitre de trois mots seulement. Mais Pilniak est optimiste, et ce chapitre sera suivi d'une conclusion ou regneront, a cote du travail et de la misere des isbas, a cote de rites ancestraux empreints de sorcellerie, la beaute de la nature, des forets, des hommes et des femmes, de leurs fiancailles et de leurs fetes.

Optimiste, Pilniak? Oui, decrivant la vie telle qu'elle est, toute nue. Il paiera plus tard pour cet optimiste, pour sa naivete, de croire qu'on peut impunement denuder une annee revolutionnaire. L'exposer nue, dans toute sa complexite, dans toute sa verite, aux yeux des lecteurs, a l'insu d'un pouvoir, nouveau ou ancien, qui l'aurait prefere habillee, et surtout maquillee.

Mais nous sommes au debut de 2024, et celle-ci je vous la souhaite habillee selon vos gouts et vos espoirs, mezamis.
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Je me trouve présentement avec un bien charmant bâton merdeux entre les mains pour rédiger cette chronique. En effet, dire que ce roman de Boris PILNIAK est original serait faire preuve d'un euphémisme exacerbé. Disons-le tout de suite, je ne suis pas certain d'avoir bien compris ce que l'auteur décrit. le savait-il lui-même ? Mais cela suffit, détaillons les faits. le livre écrit en 1920 évoque la nouvelle Russie post révolutionnaire, tout juste née et déjà malade, plus précisément cette année nue de 1919. Ici pas de personnages principaux, mais des tas de figures se croisant, de tous bords, de toutes obédiences. En toile de fond, la famine, la misère, un pays reconstruit à partir de bouts de ficelles, qui avance à l'aveuglette. Cette espèce d'immense épopée se passe en grande partie dans les steppes d'une Russie rurale près de l'Asie. On s'y suicide en masse, on avorte à gogo, on picole, les fêtes ressemblent à une caricature grotesque d'un peuple heureux, des orgies païennes et mémorables. Heureux, ce peuple l'est pourtant dans les champs, décidé à ne plus rien posséder, tout laisser à la collectivité, à la communauté. Mais rien que la structure narrative est complexe, alternant le présent avec un passé ancestral garni de rites, de coutumes, de légendes. Les chapitres sont bizarrement découpés, on peut y lire des chansons populaires, des extraits de bouquins, d'affiches, les nombreux personnages présents sont effacés, comme inexistants. Sur ce point je dirais que l'auteur a voulu pointer le mal que fait cette Russie bolchevique, en annihilant l'humain en tant qu'individu. Ce roman me paraît expérimental dans son tronçonnement, les anecdotes très variées survenant comme un cheveu sur la soupe. Il serait même plausible que des parties aient été écrites comme des cadavres exquis. Ce dont on est sûrs, c'est qu'il s'agit d'un puzzle de l'auteur. En effet, ce roman est tissé à partir de nouvelles et autres écrits de PILNIAK avant 1920. Détricoté aussi. Car lorsque l'auteur se lance par exemple sur la piste des « Verts », ces contestataires individualistes qui refusant toute obéissance, se terrent dans les bois pour y vivre, c'est pour mieux les abandonner ensuite, sans que l'on sache vraiment ce qu'il advient d'eux. Il en est de même pour les groupuscules anarchistes plus ou moins organisés. Ils échouent, mais dans un brouillard opaque. L'horloge omniprésente (peut-être le personnage le plus important du récit) égrène les heures, les minutes. le folklore russe est très représenté et nous permet de connaître un peu plus la vie jadis dans ces régions rudes, reculées et glaciales. On y parle magie noire. Et on en vient au grand questionnement : et si ce livre complètement morcelé était un chef d'oeuvre ? Morcelé, comme la Russie de 1919, éparpillé tout comme elle. Souvenez-vous des bouts de ficelle évoqués plus haut dans cette chronique, le livre semble lui-même avoir été écrit de cette façon, avec des bouts de chandelles, sur des ruines, accouchant d'une fresque présentée en puzzle, comme l'est cette Russie dynamitée, qui comme le récit, fait du neuf avec du vieux. PILNIAK appelle les bolcheviks « Les hommes en vestes de cuir ». La cruauté s'immisçant partout, STALINE lui-même reprendra cette expression dans ses discours. Précisons que PILNIAK était anarchiste, férocement opposé au bolchevisme. On se demande si dans ce livre se cachent des pensées subliminales, si la structure même n'est pas là rien que pour brouiller les pistes. Car en plus de ce patchwork sans nom, concernant les noms des personnages justement, PILNIAK s'amuse à en prénommer deux de la même façon, mais parfois sans rajouter le patronyme, ce qui nous fait douter de l'identité de l'interlocuteur. Cette « Année nue » pourrait être classée du côté des dystopies, mais elle est trop décalée pour ceci. Elle n'est pas complètement historique, car bien que le fond le soit franchement la forme déroute, elle est par ailleurs en tout point novatrice. Peut-être qu'en fin de compte on y trouve ce que l'on veut bien y trouver et que ce « truc » hybride peut être compris de différentes façons. Il est considéré comme le tout premier roman dénonçant le bolchevisme, d'où sa valeur historique. Quoi qu'il en soit, GORKI va tirer sur PILNIAK à boulets rouges, un PILNIAK au centre de la scène devenant un paria et accusé de trotskysme. Il est fusillé en 1938. Si vous décidez de vous attaquer à ce livre, n'y allez pas au trot, les mains dans les poches et en sifflotant, vous pourriez changer de mélodie après seulement quelques pages, constatant que vous ne contrôlez plus une monture qu'il vous faudra pourtant ménager pour parvenir au terme de cette tumultueuse aventure.
Je me trouve présentement avec un bien charmant bâton merdeux entre les mains pour rédiger cette chronique. En effet, dire que ce roman de Boris PILNIAK est original serait faire preuve d'un euphémisme exacerbé. Disons-le tout de suite, je ne suis pas certain d'avoir bien compris ce que l'auteur décrit. le savait-il lui-même ? Mais cela suffit, détaillons les faits. le livre écrit en 1920 évoque la nouvelle Russie post révolutionnaire, tout juste née et déjà malade, plus précisément cette année nue de 1919. Ici pas de personnages principaux, mais des tas de figures se croisant, de tous bords, de toutes obédiences. En toile de fond, la famine, la misère, un pays reconstruit à partir de bouts de ficelles, qui avance à l'aveuglette. Cette espèce d'immense épopée se passe en grande partie dans les steppes d'une Russie rurale près de l'Asie. On s'y suicide en masse, on avorte à gogo, on picole, les fêtes ressemblent à une caricature grotesque d'un peuple heureux, des orgies païennes et mémorables. Heureux, ce peuple l'est pourtant dans les champs, décidé à ne plus rien posséder, tout laisser à la collectivité, à la communauté. Mais rien que la structure narrative est complexe, alternant le présent avec un passé ancestral garni de rites, de coutumes, de légendes. Les chapitres sont bizarrement découpés, on peut y lire des chansons populaires, des extraits de bouquins, d'affiches, les nombreux personnages présents sont effacés, comme inexistants. Sur ce point je dirais que l'auteur a voulu pointer le mal que fait cette Russie bolchevique, en annihilant l'humain en tant qu'individu. Ce roman me paraît expérimental dans son tronçonnement, les anecdotes très variées survenant comme un cheveu sur la soupe. Il serait même plausible que des parties aient été écrites comme des cadavres exquis. Ce dont on est sûrs, c'est qu'il s'agit d'un puzzle de l'auteur. En effet, ce roman est tissé à partir de nouvelles et autres écrits de PILNIAK avant 1920. Détricoté aussi. Car lorsque l'auteur se lance par exemple sur la piste des « Verts », ces contestataires individualistes qui refusant toute obéissance, se terrent dans les bois pour y vivre, c'est pour mieux les abandonner ensuite, sans que l'on sache vraiment ce qu'il advient d'eux. Il en est de même pour les groupuscules anarchistes plus ou moins organisés. Ils échouent, mais dans un brouillard opaque. L'horloge omniprésente (peut-être le personnage le plus important du récit) égrène les heures, les minutes. le folklore russe est très représenté et nous permet de connaître un peu plus la vie jadis dans ces régions rudes, reculées et glaciales. On y parle magie noire. Et on en vient au grand questionnement : et si ce livre complètement morcelé était un chef d'oeuvre ? Morcelé, comme la Russie de 1919, éparpillé tout comme elle. Souvenez-vous des bouts de ficelle évoqués plus haut dans cette chronique, le livre semble lui-même avoir été écrit de cette façon, avec des bouts de chandelles, sur des ruines, accouchant d'une fresque présentée en puzzle, comme l'est cette Russie dynamitée, qui comme le récit, fait du neuf avec du vieux. PILNIAK appelle les bolcheviks « Les hommes en vestes de cuir ». La cruauté s'immisçant partout, STALINE lui-même reprendra cette expression dans ses discours. Précisons que PILNIAK était anarchiste, férocement opposé au bolchevisme. On se demande si dans ce livre se cachent des pensées subliminales, si la structure même n'est pas là rien que pour brouiller les pistes. Car en plus de ce patchwork sans nom, concernant les noms des personnages justement, PILNIAK s'amuse à en prénommer deux de la même façon, mais parfois sans rajouter le patronyme, ce qui nous fait douter de l'identité de l'interlocuteur. Cette « Année nue » pourrait être classée du côté des dystopies, mais elle est trop décalée pour ceci. Elle n'est pas complètement historique, car bien que le fond le soit franchement la forme déroute, elle est par ailleurs en tout point novatrice. Peut-être qu'en fin de compte on y trouve ce que l'on veut bien y trouver et que ce « truc » hybride peut être compris de différentes façons. Il est considéré comme le tout premier roman dénonçant le bolchevisme, d'où sa valeur historique. Quoi qu'il en soit, GORKI va tirer sur PILNIAK à boulets rouges, un PILNIAK au centre de la scène devenant un paria et accusé de trotskysme. Il est fusillé en 1938. Si vous décidez de vous attaquer à ce livre, n'y allez pas au trot, les mains dans les poches et en sifflotant, vous pourriez changer de mélodie après seulement quelques pages, constatant que vous ne contrôlez plus une monture qu'il vous faudra pourtant ménager pour parvenir au terme de cette tumultueuse aventure.
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Ce livre est un diamant brut.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
En ce temps-là périt aussi la commune de Poretchié. Elle s’effondra subitement, en quelques jours, au mois d’août. […] Dans la commune, dans le vieux domaine princier, ce fut une fête exubérante de jeunesse et de gaieté. Au dehors, il faisait sombre, le vent soufflait, la pluie frappait les carreaux. On alluma dans le salon les lampes quinquets qui n’avaient plus servi depuis le temps des princes ; on dansa, on chanta, on fit des rondes, on organisa des jeux. Pavlenko et Natalia apportèrent en grand mystère un jambon entier, des bouteilles de cognac, de l’eau-de-vie, une corbeille de pommes. Harry et ceux qu’il avait amenés avaient quitté la chambre : l’intimité régnait d’autant plus grande que ces étrangers se tenaient à l’écart, et que le temps, au-dehors, était plus morose et plus automnal. On prépara des grogs, on trinqua, on s’éparpilla dans les coins, on se regroupa, on discuta, on bavarda. Il était minuit passé quand on se sépara... […] Le matin venu, il n’y avait plus personne dans la commune. La maison, la cour, le parc étaient vides. Andréï apprit par Anna que dans la guérite, à côté de la porte d’entrée ornée de lions sculptés, étaient étendus les cadavres de Pavlenko, Sviride, Harry, Stetzenko et Natalia. Au milieu de la journée arriva un peloton de soldats rouges envoyé par le soviet. […] Ainsi périt la commune anarchiste de Poretchié…
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La guerre s’embrasa en un juillet torride, en incendies de forêt. Sémione Matvéïev, devenu soldat, partit pour le front. La guerre s’embrasa à devenir Révolution ; et vu sa grande science, Zilotov fut élu député des socialistes révolutionnaires au soviet des Députés Soldats, section Éducation et Culture. La révolution s’allumait aux discours, et il suivait les conférenciers, dans les motocyclettes de l’état-major, pour aller à l’arrière-front parler aux soldats de fraternité et de droit... de l’État, de la République... de la Commune de Paris, de Gricha Raspoutine. Après les discours, les soldats faisaient passer aux conférenciers leurs questions sur des bouts de papier : « Et qu’adviendra-t-il de Grichka au royaume des cieux ! » — « Camarade conférencier, qu’est-ce qu’on fera de ma femme si moi, au front, je vote pour les socialistes-révolutionnaires, et elle pour Pourichkévitch ? » — « Je te prie de m’expliquer si l’on peut être de deux partis à la fois, des SR et des camarades bolcheviks ? » — « Camarade instructeur, je te prie de m’expliquer le programme des bolcheviks, s’il assure la récolte des champs, ou bien s’il représente l’expropriation du capital ? » — « Monsieur le camarade, les femmes seront-elles libérées de la journée de huit heures pendant leurs époques ? Et prière d’expliquer aussi la biengraphie de Victor Hugo. Le camarade Erzov ». Aussi Zilotov devait-il venir souvent au secours du conférencier, et dans quelque hangar il montait sur des tréteaux pour crier : — Camarades ! En tant que votre élu du peuple, je vous prie de ne pas écrire des stupidités imbéciles !
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