"Trente années vécues sous l'emprise de la haine de soi, du désoeuvrement et de la frustration, faute d'avoir pu croiser plus tôt sur sa route une personne capable de le voir autrement qu'en vaurien qui finirait toujours par décevoir."
Le roman noir de l'or blanc, voilà le titre de l'histoire honteuse qui s'est écrite autour du coton, et qu'il vaudrait mieux brûler aujourd'hui au lieu de le célébrer, pensait Grace.
Malgré les admonestations paternelles, Lonzie avait refusé que sa vie fût dictée par le sifflet de l’usine ou les caprices des grands propriétaires terriens du compté, comme son père qui s’était épuisé à cultiver un petit lopin de terre et à nourrir du bétail qui ne lui appartiendraient jamais. De l’autre côté de l’océan, L’Afrique entière se réveillait, avait appris Lonzie. Il était grand temps que leurs frères d’Amérique en fassent autant.
Il s’était révolté très jeune à l’idée d’étouffer sans la cage fétide de la pauvreté au milieu d’un océan d’opulence. Dans sa « Lettre de la geôle de Birmingham », c’étai en ces termes que Martin Luther King avait décrit la situation déplorable dans laquelle restait enlisée la grande majorité des vingt millions de Noirs américains, cent ans après l’abolition de l’esclavage.
Les temps ont changé. Les Africains-Américains doivent maintenant prendre part à la parade : c’est le labeur de leurs ancêtres qui a fait le coton roi.
La musique adoucit les mœurs.
La musique est un baume sur la misère des hommes.
Le confort est pour tout le monde de nos jours. Pourvu que vous puissiez vous les offrir, elles sont à vous, ces merveilles qui cuisent, malaxent, défroissent, lavent et aspirent.
Si la vie vous donne des largesses que vous n’avez pas demandées et vous refuse ce que vous voulez plus que tout, le mieux, c’est de faire comme si vous aviez vraiment désiré ce que vous réussissez à avoir sans trop de peine et de vous en contenter.
Quand j’avais ton âge, on se comptait chanceux d’avoir à manger, on ne se faisait pas prier pour finir notre assiette. Tout le monde mangeait à sa faim.
On n’était pas du même monde, mais l’amour de la musique nous unissait. Sauf qu’il y a des choses qui ne s’oublient pas.