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EAN : 9782877307024
452 pages
Editions Philippe Picquier (28/01/2004)
4.55/5   11 notes
Résumé :
Ce livre ne se veut pas une histoire littéraire avec son enfilade de noms propres, de dates et de jugements sur le style ; il tente plutôt de répondre à quelques questions. Que signifie la culture pour un Chinois ? Quels grands thèmes irriguent la poésie, le roman et le théâtre ? Comment étaient fabriqués les livres et comment l'idée même de littérature est-elle née et s'est-elle épanouie ? Sans dénier la chronologie ni écarter les textes et les écrivains les plus c... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Voici un ouvrage merveilleux, qui est, avec ses 400 pages agrémentées de gravures, un petit livre-monde où la littérature chinoise est présentée dans sa continuité, depuis sa naissance explicite et consciente comme littérature dans l'Antiquité, jusqu'aux lendemains de la Révolution Culturelle (cette "littérature des cicatrices" relatant la destruction de la culture chinoise sous le communisme). L'auteur a l'habileté de contourner beaucoup d'écueils propres à l'histoire littéraire : le premier est l'historicisme, qui associe mécaniquement des périodes historiques, posées sans réflexion préalable (dynasties), à une série d'oeuvres littéraires parues aux dates correspondantes, comme si le lien allait de soi. L'autre écueil est inverse, et consiste à décrire les formes et les thèmes, ou pire encore, à fabriquer un catalogue de résumés et de vignettes biographiques, en oubliant la langue, le public, la réception de l'oeuvre dans la société, son impact politique. Pour contourner ces écueils, il faut du talent, de la souplesse et d'immenses connaissances, et être capable de pratiquer tout cela à la fois, histoire, art, biographies, résumés, analyses, dans une juste proportion. Jacques Pimpaneau possède toutes ces aptitudes, et parvient à raconter l'histoire de la Chine et de sa littérature en analysant leurs rapports, sans oublier les oeuvres, ni les formes, ni les auteurs, ni le public. A la différence d'une liste de courses, ce livre dépayse, enseigne, fait réfléchir, et lance le lecteur curieux vers d'autres livres. Sa connaissance me paraît indispensable à qui veut s'initier à la littérature et à la culture chinoises.
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Une présentation succincte mais plaisante de la vaste littérature chinoise qui semble malheureusement ne plus intéresser grand monde. Quelle richesse pourtant quand poésie et philosophie ne semblaient plus faire qu'un, nous apportant une aide précieuse pour traverser la tristesse d'un monde qui s'enfuit. Pimpaneau n'est jamais pédant ni ennuyeux, aussi son ouvrage se parcourt avec bonheur au fil des nombreuses et pertinentes citations illustratives. Des gravures parsèment l'ouvrage, aidant à se poser dans le contexte. Un livre que l'on retrouvera avec un plaisir renouvelé dans sa bibliothèque.
" Mes vieux amis partagent mes goûts
Ils viennent ici une jarre à la main.
Assis par terre sous un pin,
Quelques rasades et nous voilà ivres." Tao Yuanming
Ce à quoi Su Dongpo répond :
"Le monde est au mieux un jeu d'enfant,
Comme un rêve, à l'envers.
Ce n'est que dans le vin que l'homme devient lui-même.
Et son esprit une grotte vide de doute."
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Il existe deux langues chinoises, la langue classique, qui, depuis l'Antiquité au moins ne sert qu'à l'écriture, et qui était l'apanage des lettrés, et la langue parlée, qui a évolué au cours des époques, qui peut évidemment s'écrire avec les mêmes caractères que la langue classique et qui a servi dans la littérature populaire. (...)
Ceci dit, la Chine offre deux sortes de littérature, une littérature lettrée et une littérature populaire, qui ne diffèrent pas seulement par la langue utilisée, mais aussi par les genres : poésie, essais, biographies, texte historiques, récits courts dans un cas ; et dans l'autre, théâtre, ballades, chansons populaires, romans, légendes. La différence primordiale étant que la seconde est une littérature orale et que ses formes écrites, comme le roman, les livrets d'opéra, les recueils de chanson ou de légendes, sont à l'origine toujours des adaptations d'oeuvres orales, dont elles conservent les caractéristiques, même une fois transformées pour être publiées, et même lorsqu'elles sont entièrement créées par les lettrés à l'imitation de genres populaires.

p. 285
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(XIX°-XX°s) En butte aux grandes puissances, les Chinois ne se sentaient plus sûrs de leur civilisation. Ils se sont alors tournés vers d'autres pays, à qui, pensaient-ils, les grands Etats n'accordaient qu'une dignité au rabais et c'est ainsi qu'ils se sont intéressés aux pays de l'Europe de l'Est et de la Scandinavie, pensant y trouver un écho à leurs préoccupations ; ceci explique en particulier le succès d'Ibsen. Après le mouvement du 4 mai 1919, la volonté de libérer l'individu, et en particulier la femme, du poids de la morale confucianiste, du carcan familial, du puritanisme et de ses hypocrisies, fit qu'on vit en Nora* une soeur, une victime des mêmes maux ; il n'y avait qu'un adjectif à changer, confucianiste à la place de protestant, pour que le personnage d'Ibsen soit aussi chinois.

*"La maison de poupée"

p. 402
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Chamanisme et poésie.
L'idée d'un univers pensé comme une unité avec de multiples correspondances et communications est sous-jacente aux poèmes et aux contes où les esprits et les morts viennent encore parmi les vivants, où les animaux et les plantes peuvent prendre forme humaine. Le rationalisme, qui au contraire sépare, étiquette, hiérarchise, n'a pas complètement chassé la pensée mythique grâce à la littérature et à l'art, qui ont permis la survie de certains sentiments en leur donnant l'aura de la beauté. Ces sentiments, nourris par la littérature et nourriture de la littérature, sont bien issus des mythes, à commencer par le sentiment de l'amour qui a transfiguré la sexualité.
(...)
De même que la littérature prit la succession des mythes, l'acteur et l'écrivain devinrent des successeurs des chamanes et le théâtre élabora toute une esthétique pour remplacer l"impact de la transe et du rite.
Deux courants de pensée ... vont essayer de retrouver les facultés créatrices des chamanes, tout en négligeant des croyances encore vivantes dans le peuple mais mortes chez les lettrés sous les coups du savoir : ce sont le taoïsme et le bouddhisme "chan" (en japonais, "zen"). Ils vont en particulier chercher des techniques autres que la transe qui permettraient d'avoir accès à un au-delà.

pp. 102-103
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Naissance de l'idée de littérature.
Il est paradoxal, mais peut-être pas tant qu'il n'y paraît, que Zhuang zi ait modelé l'idée du beau en Chine alors que ce n'était pas son propos, et que cet écrivain qui dénigra l'écrit et la culture, soit resté comme l'auteur d'un des plus beaux textes qui aient jamais été écrits. Ses idées l'amenèrent à se débarrasser de toute la lourdeur des démonstrations ; il donna à la pensée la dimension de l'imaginaire ; ses paraboles vont du plus fantastique au plus humble, du mythe du grand oiseau que la cigale ou le pigeon ne peut comprendre au papillon vu en rêve qui fait douter de ce qu'on est ; du génie du fleuve qui *réalise (sic) l'immensité de la mer à l'arbre qui vit longtemps grâce à son inutilité ; et certains ont même vu dans ses petits récits la première forme chinoise du romanesque. Par ailleurs sa pensée a directement influencé Liu Xie qui, lui, parle de littérature proprement dite et dont l'ouvrage d'esthétique littéraire a joué un rôle déterminant dans les siècles postérieurs. Quant aux grands poètes Tao Yuanming, Li Bo, Su Dongpo, qu'auraient-ils été si Zhuang zi n'avait pas existé avant eux, et laissé l'ouvrage qui montrait l'attitude devant la vie requise pour être un sage ou un artiste, ouvrant une voie sur tout un art de vivre ?

p. 96
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(Romans historiques et populaires chinois).
Les époques qui sont évoquées par cette littérature ne sont pas forcément glorieuses ; elle sont fascinantes pour le lecteur ou l'auditeur parce qu'en ces temps-là des individus exceptionnels pouvaient déployer leur talent, pouvaient saisir l'occasion et faire preuve de leur valeur ; c'est du moins ce que pense la postérité. Ces romans chinois contiennent une morale historique, les périodes les plus attirantes ne sont pas celles d'un âge d'or où tout le monde est heureux, ni un siècle des Lumières et du despotisme éclairé, mais celles où l'individu a le plus de possibilités d'exister. Ce n'est pas un hasard si tant de ces personnages romanesques sont des taoïstes, évidemment doués de pouvoirs magiques comme on en prêtait tant aux prêtres taoïstes, ou des bonzes "chan" (zen), dont certains pratiquaient les arts martiaux comme ceux du monastère de Shaolin : le taoïsme et le bouddhisme "chan", forme de bouddhisme élaboré en Chine, sont deux courants de pensée très liés et représentent en Chine la quintessence de l'individualisme, les adeptes se pliant à d'autres règles que celles de la société environnante. (...) En somme, ces récits sont au théâtre et au roman ce qu'est l'épopée en poésie ; ils sont une résurgence de l'âge héroïque et ils en expriment aussi la nostalgie, pour reprendre Chadwick dans "The Growth of Literature", mais à une époque qui n'est plus héroïque et où ils ne peuvent donc plus être que des héros solitaires.

p. 363
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