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EAN : 9782384820597
Philippe Rey (04/01/2024)
3.71/5   19 notes
Résumé :
Lorsque Man Ray, quarante-quatre ans, et Adrienne Fidelin, dix-neuf ans, se croisent au Bal colonial de la rue Blomet dans le Paris des Années folles, naît entre eux une histoire d’amour intense, qui durera quatre années avant d’être brutalement interrompue par la guerre. Des années de complicité et de passion qui les marqueront tous deux à vie. Gisèle Pineau, par la voix d’Ady, fait revivre ce temps suspendu du bonheur. Obligée de quitter sa Guadeloupe natale à l’â... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
"Ba moin en ti bo, deux ti bo, trois ti bo doudou"...

Le bal nègre, 33 rue Blomet à Paris,"S'il vous plaît, chef d'orchestre. Encore une petite biguine: Madiana, Sépent maigre!"
Adrienne Fidelin y rencontrera Man Ray.
La plupart des femmes blanches ne savaient se trémousser comme les Antillaises.

"L'important c'était d'être ensemble. Et de s'aimer, de rigoler..."
Adrienne a 20 ans et apporte à Man Ray, 44 ans, toute la chaleur de la Guadeloupe, sa bouche en feu et son amour. "Et puis on dansait une rumba ou une biguine, tout nus, serrés l'un contre l'autre, collé serré!"

A 15 ans, Adrienne a abandonné les "faubourgs insalubres de Pointe-à-Pitre, là où les chiens jappent par la queue, là où la sorcellerie court nue, dans les savanes."...
Man Ray va présenter Adrienne à ses amis (Picasso, Dora Maar, Paul Eluard...) et Ady deviendra la 1ère mannequin noire.

C'est un beau portrait de femme, dans les années 1930. Ady fut immortalisée par son amant dans "Rire de rêve", en 1937 et peinte plus de 400 fois. Et puis, Man Ray oublia Ady, son "soleil noir"...

Ady fut la "Femme assise sur fond jaune et rose" dans le tableau de Picasso.
"Biguine avec toi
Envie d'une biguine avec toi."
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Adrienne – Ady – Fidelin est une vieille femme qui remonte le fil de ses souvenirs pour raconter son histoire. Un cyclone lui a ôté ses parents alors qu'elle n'a pas 15 ans. Orpheline débarquée à Paris avant ses 20 ans, elle danse et fait de la figuration au cinéma. Tous les samedis, elle s'étourdit au 33, rue Blomet, dans la musique et la chaleur du Tout-Paris antillais, mais aussi artistique. C'est là qu'elle rencontre Man Ray. « Man et moi, on s'est mis ensemble en 1936. Chez nous, rue Denfert-Rochereau, y avait toutes sortes de musiques. On écoutait du jazz et du blues : Duke Ellington, Cole Porter, Big Bill Broonzy et bien d'autres... Il aimait aussi Bach, mon Manichou. Et puis on dansait une rumba ou une biguine, tout nus, serrés l'un contre l'autre. L'important, c'était d'être ensemble. de s'aimer, de rigoler... » (p. 56)

Pendant 5 ans, leur amour se nourrit d'art et de légèreté. Vivre, il faut vivre et ne pas se laisser engloutir par les nuages brun-noir qui s'amoncellent. Avec Paul Éluard et Nusch, Pablo Picasso, Lee Miller, Dora Maar et tant d'autres, le couple vit entre Paris et Antibes. Mais le conflit éclate et Man Ray rentre en Amérique. Non, la guerre ne fait pas que des morts, des veuves et des orphelins. La guerre sépare les gens qui s'aiment. (p. 200) Ady reste en France et, les années passant, elle devient la muse oubliée du grand artiste.

En donnant la parole à cette femme, l'autrice déploie une langue souple, dynamique et colorée, une langue qui sait raconter et qui a compris la puissance de l'oralité, fondamentale dans la tradition créole. Je me suis laissé porter par ce récit enivrant de la France des années 30, de l'amour libre et de la création sans limites.
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Le Paris de l'entre deux guerres : celui d'Hemingway, de Fitzgerald, de Picasso, des dada, du surréalisme (Marcel Duchamp), une période foisonnante pour la création comme un feu d'artifice avant la catastrophe de la seconde guerre mondiale et l'arrivée de "l'art propre" d'Adolf Hitler (le contraire de l'art dégénéré), lui même peintre refoulé de l'académie des beaux arts de Vienne.
Et dans ce Paris, palpitant, une rencontre celle d'Ady Fidelin et du peintre/photographe et que sais-je d'autre, Man Ray. de Man Ray, je connaissais un certain nombre de choses, sa biographie et notamment ses relations avec Kiki de Montparnasse, pétillante chanteuse réaliste (je recommande le livre de Katel/Bocquet chez Casterman), Lee Miller, muse, devenue photographe ... J'avais eu l'occasion de repérer aussi sur les photographies, deux jeunes femmes dont Nusch Eluard, compagne du poète, Paul Eluard et une autre sur laquelle je ne m'étais pas attardée. Toutes les deux semblaient heureuses, libres (oser être seins nus dans les années 20/30, il fallait oser). Ce livre vient donc à point nommé éclairer ma lanterne sur l'autre jeune femme : Adrienne dite Ady Fidelin. J'y ai découvert une jeune femme métisse (les photos sont en noir en blanc) et sincèrement, il a fallu que je le lise dans ce livre pour en prendre conscience, même si ce fait ne change rien pour moi, mais tout pour Adrienne.
C'est la femme âgée qui se souvient de sa rencontre avec Man Ray, elle approche les 70 ans. Man Ray, l'américain, elle l'a rencontré en novembre 34 dans un bal. Ady est arrivée en métropole vers 15 ans, après le décès de sa mère Mathilde, dans le passage du cyclone qui ravagea la Guadeloupe le 12 septembre 1928 et celui de son père, Maxime, le 9 novembre 1930, qui travaillait dans une banque, de désespoir. Ady vit donc chez sa soeur Raymonde et son mari, Narcisse, elle est dans un premier temps proche de ses autres soeurs (Aimée, Rose) également et son petit frère (né d'une liaison de son père avec une autre femme que son épouse). La famille Fidelin était aisée en Guadeloupe : la jeune femme a reçu une éducation très honorable et a vécu dans un milieu cultivé.
Adrienne se souvient de son lien avec Nusch, des étés à Mougins avec Dora Maar et Picasso, Lee Miller et son futur mari, Roland Penrose, Léonora Carrington, de cette liberté et de cette sensation d'être au milieu des artistes juste elle même, pas une femme métisse, une femme noire.
Il me semble important de dire que ce roman est une plongée dans le contexte d'être noir à l'époque et de la lutte pour une égalité entre tous : colonisation, esclavage, apartheid, négritude, ségrégation, décolonisation, indépendance, Harlem Renaissance sont abordés de façon frontale et les mots employés peuvent désarçonner, mais sont nécessaires pour mieux appréhender l'histoire des noirs et l'histoire d'Adrienne, qui le dit fort joliment "je suis moi". Adrienne trouve dans l'art, la danse et son amour pour Man Ray, une forme de combat, de résistance. Man Ray quitte l'Europe le 6 août 1940, avant que ne soient instauré les lois nazies et la collaboration du régime de Vichy. Adrienne va rester en France, elle n'a pas souhaité accompagner Man : elle veut rester près de sa famille.
La vie sera très dure : Ady verra partir bien des gens qu'elle aime. Elle survivra, se mariera avec André en 1958 à Paris et sera soutenue par la famille de son époux qui vit près d'Albi, car sa propre famille lui reprochera de ne pas être assez engagée dans le combat pour les droits civiques. Man Ray reviendra en France dès la fin de la guerre et remerciera de bien des façons Ady d'avoir gardé ses oeuvres à l'abri.
J'ai beaucoup aimé ce livre et Adrienne, qui veut juste être elle même : une fille qui danse, a aimé et fut aimée de Man Ray. Sa grâce comme celle des muses de l'artiste, vit encore dans les photos, bien après sa mort. Adrienne Fidely n'était pas Joséphine Baker qui s'engagea dans la Résistance et fut une femme comme on en voit peu, dans un monde en guerre, dans une France qui fut "colonisée" par les nazis, comme un étrange choc en retour d'autres colonisations qu'elle avait enclenché mais Ady fut une des lumières qu'il convient de regarder et dont il convient demesurer la foi qu'elle avait en elle-même, pour conserver son souvenir et le diffuser.
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Novembre 1934, la narratrice, Adrienne Fidelin, a dix-neuf ans (à ce point du récit, elle en a soixante-quinze et tente de rassembler ses souvenirs) Au 33 de la rue Blomet, dans le quinzième arrondissement de Paris, se trouve le Bal Colonial. Ady, originaire de la Guadeloupe, y passe toutes ses soirées du samedi. Elle a débarqué à Paris à l'âge de quinze ans, avec ses trois soeurs et son petit frère. Rêvant d'un succès à la hauteur de celui de Joséphine Baker, elle est la première mannequin noire « reconnue » par le milieu de la mode parisien.

En 1936, Man Ray (Emmanuel Radnitsky) originaire de Brooklyn, va transformer la vie d'Ady en une fête perpétuelle. C'est un peintre, photographe de mode et grand noceur. Il a plus du double de l'âge de la jolie antillaise, fréquente assidument le quartier Montparnasse et ses célébrités intellectuelles et artistiques, friandes de soirées libertines très arrosées …

Gisèle Pineau nous embarque dans le Paris des années trente puis plus sombre, celui de l'avant-guerre : liberté des moeurs naissante, désir de jouir de chaque moment de l'existence (des jeunes femmes en recherche d'émancipation) besoin d'assouvissement des fantasmes de la gent masculine (de plus en plus blasée …)

Une écriture journalistique bien documentée mais un style littéraire qui – à mon goût – mériterait un petit « supplément d'âme » … Instructif – bien que trop factuel – ce texte, toujours à mon humble avis, manque un peu de romanesque … de même, un rapport à la « négritude » un tantinet dérangeante, probablement dû à une période encore empreinte de ségrégation raciale, à la recherche d'un « érotisme » dans l'air du temps, (qui frise une forme de paternalisme, de bienveillance convenue, limite méprisante …)

J'ai donc pu découvrir des détails que j'ignorais sur des personnages que je ne connaissais pratiquement pas, c'est déjà ça ! Pas suffisant toutefois pour un réel coup de coeur … Dommage … Toutefois, je ne doute pas un seul instant que ce roman enchantera nombre de lecteurs !
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Gisèle Pineau fait revivre merveilleusement la vie artistique de l'entre-deux-guerres tout en y mêlant une très tendre évocation de la vie guadeloupéenne mais le livre est surtout un magnifique cri d'amour, celui d'Ady jeune fille pour Man Ray homme mûr déjà . Histoire que la guerre viendra briser. Gisèle Pineau nous dépeint la vie de ces Français des îles souvent tolérés mais pas réellement acceptés dans la France du front populaire mais aussi de l'action française e t puis quelle richesse culturelle pour cette France qui a vu s'épanouir Picasso, Eluard, Ray, Desnos et tant d'autres.
Écrit dans une langue vivante avec parfois des tics d'aujourd'hui c'est une plongée dans une époque révolue, un voyage initiatique dans le Paname des années 30 que nous offre Gisèle Pineau . Un excellent moment de lecture.


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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
« Man et moi, on s'est mis ensemble en 1936. Chez nous, rue Denfert-Rochereau, y avait toutes sortes de musiques. On écoutait du jazz et du blues : Duke Ellington, Cole Porter, Big Bill Broonzy et bien d'autres... Il aimait aussi Bach, mon Manichou. Et puis on dansait une rumba ou une biguine, tout nus, serrés l'un contre l'autre. L'important, c'était d'être ensemble. De s'aimer, de rigoler... » (p. 56)
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Non, la guerre ne fait pas que des morts, des veuves et des orphelins. La guerre sépare les gens qui s'aiment. (p. 200)
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« Ady, le monde est peu réjouissant en général, c’est un secret pour personne. Mais on peut essayer de survivre en restant au bord du chaos, juste un peu à l’écart, loin des calamités. Cela va sans dire, cet exercice demande équilibre et souplesse… Quoi qu’il en soit, on fait de notre mieux pour ne pas tomber dans le dépression… »
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Des Noirs ont été déportés aussi. Des résistants. Des Français suspectés de cacher des Juifs ou de les aider à rejoindre la zone libre… Sédar Senghor a passé deux ans dans un camp en France. A failli être fusillé. Il a écrit des poèmes pendant son internement, comme Robert Desnos…
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VI
Je sais maintenant que si je pouvais tout recommencer, je serais encore plus libre dans ma tête, dans mon corps et dans mes sentiments. Surtout, j’essaierais de trouver un moyen de me frayer une voie dans ce silence qui s’abat sur moi dès qu’il est question de sentiments…
Lee Miller
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