Rien n'empêche le soleil de briller sur toute la terre, pas même le temps qui passe, la misère des hommes et les guerres...
La Cité, le 3 juin.
Ma très chère fille,
Je sais d'avance que tu seras étonnée de recevoir de mes nouvelles derrière un si long silence. Je ne pouvais faire autrement. Après des années difficiles, je connais aujourd'hui une vie meilleure. Sache que, depuis mon départ, j'ai pensé à toi chaque jour. Je suis sûre que ta grand-mère t'élève bien et t'aime beaucoup. Mais il est temps maintenant de me rejoindre en France où ta famille t'attend. Je suis mariée et tu as un petit frère de 4 mois.
Une de mes amies sera en Guadeloupe pendant les vacances. Vous repartirez ensemble. Tu peux lui accorder ta confiance.
Ma chère fille, j'espère que cela te fera plaisir de me retrouver.
Je t'embrasse très fort.
Ta maman Aurélie.
Sa ki la pou-w, larivyè pa ka chayè-y...
C'est après le déjeuner qu'elle m'a demandé d'aller lui chercher la lettre.
- Ouvè-y ! Ne nous cachons plus. Sa ki la pou-w, larivyè pa ka chayè-y
(Ouvre-là ! Ce qui t'est destiné, la rivière ne l'emporte pas. Nul n'échappe à son destin.)
Mohamed habitait le même type d'appartement que le mien. Un salon, une salle à manger, une petite cuisine et trois chambres. Nous y vivions à quatre, tandis qu'ils s'y entassaient à dix: le père et la mère de Mohamed, la grand-mère Fathia, les cinq enfants et les deux tantes, du côté maternel.
Quand j'ai posé précautionneusement un pied puis l'autre sur le sol de France, je n'étais pas moins émue que le premier homme piéton sur la lune.
De toute façon, le sommeil n'aurait pas voulu de moi. Les pensées s'agitaient dans ma tête.
Félicie habite avec sa grand-mère, à Haute-Terre, une commune guadeloupéenne. Son enfance, elle la passe bordée par Man Ya et le bruit des vagues, dans une chaleureuse ambiance insouciante jusqu’à ce qu’une lettre de sa mère, qu’elle ne connaît qu’en photo, lui demande de se préparer à quitter l’île pour vivre avec elle en France. Si cette séparation lui procure dans les premiers temps beaucoup de joie, la fillette va finir par s’apercevoir que sa vie, loin de sa terre natale et de sa grand-mère, est fade. Au fil des pages, le lecteur sera donc amené à découvrir sous les yeux d’une enfant, les différences entre la métropole et la Guadeloupe mais surtout le grand attachement qu’elle a pour son île.
Drôle de maison! c'est ça la vie en France! Eh ben, je préfère encore rester dans ma vielle case, les deux pieds sur la terre ferme plutôt que de monter au ciel de mon vivant!