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Critique de mariecesttout


Assez réjouissant dans sa noirceur réaliste, ce roman ! Au début, on pense bien sûr au film de Rodrigo Pla, La Zona, propriété privée, ces résidences fermées de toute part dans lesquelles il faut à tout prix éviter de faire tache! Par la couleur de son gazon,la race de son chien l'attitude de ses enfants ou ses origines.. Pas de coréens, pas de juifs! Cette description est d'autant plus réussie qu'elle, on n'en doute pas une minute,est la description d'univers tout à fait réels . J'en connais..
Mais si c'est un livre que l'on lit rapidement , pressé de savoir quand même pourquoi les maris ( sauf un..) se sont électrocutés dans cette piscine, même si ces femmes DHW argentines sont assez attachantes, surtout celle qui est agent immobilier et au courant de tout, c'est surtout un roman intéressant par ce qu'il nous raconte de l'histoire argentine récente, notamment sur le plan économique . Maintenant, on peut transposer un peu partout, bien sûr..

"C'est que beaucoup de nos voisins avaient cru, à tort, que l'on pouvait vivre éternellement en dépensant tout ce que l'on gagnait. Et les sommes que l'on gagnait n'étaient pas rien, et cette manne semblait éternelle. Mais un jour, alors que personne n'avait rien vu venir, le robinet ne coulait plus et ils se retrouvaient dans la baignoire, couverts de savon, à regarder la pomme de la douche d'où plus la moindre goutte ne sortait .
Le vertige de la décennie qui s'achevait me donnait le tournis. Quand j'étais petite, l'argent mettait plus de temps à passer de main en main. Parmi nos connaissances, il y avait des familles très fortunées, dont les noms apparaissaient sous de multiples combinaisons; des propriétaires terriens, le plus souvent. Ils transmettaient ces terres à leurs enfants, qui ne les travaillaient plus, mais qui y installaient des paysans ,ce qui leur permettait d'en tirer encore une bonne rente, même si la somme était partagée entre tous les frères et soeurs. Mais ces frères et soeurs mouraient un jour aussi; alors les terres revenaient aux petits-enfants, et il y avait plus de disputes, plus d'ayants droit, et moins de rentes. Au bout du compte, ce que chaque personne recevait ne lui permettait plus de ne pas travailler, et les terres finissaient par être vendues par lots ou être perdues. Mais, malgré tout, même s'il ne faut jurer de rien, généralement, ce n'est qu'au bout de deux ou trois générations que cet argent qu'ils croyaient acquis ne l'était plus. En revanche, ces dernières années, l'argent changeait de main deux ou trois fois au cours de la même génération, et celle-ci finissait par ne rien y comprendre."

J'aime bien Claudia Piñeiro !
Assez féroce, mais lucide, je vais lire Bétibou, le dernier sorti en France.
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