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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Les livres de Claudia Pineiro sont comme les escaliers roulants à l'entrée des casinos à Las Vegas . À peine un pied mis sur l'escalier pour y jeter un coup d'oeil par curiosité, et hop ! vous voici en plein dedans.....le reste je vous en donne un zeste ici, de quoi vous tenter.

"Une chance minuscule" de Pineiro, c'est une petite (mal)chance qui au long d'une vie peut totalement en changer le cours. Est-ce la chance, le hasard ou le destin ?

Une trentenaire blonde, aux yeux bleus, mariée, vivant dans un quartier huppé de Buones Aires, du jour au lendemain quitte tout, disons plutôt se sauve aux Etats-Unis, à Boston. Pourquoi ? mystère.
Vingt ans plus tard, par un concours de circonstances auquel elle ne peut échapper, elle y retourne pour une mission professionnelle, en quinquagénaire rousse, aux yeux de jais ( lentilles de contact colorées ).
La trentenaire Marilé Lauria s'est mutée en la quinquagénaire Mary Lohan, avec une voix voilée de dysphonie et d'inflexions de sa nouvelle langue, donc incognito assuré. Il y a un ex-mari argentin, un mari américain décédé et un "lui" abondonné, suite à la fuite.
Voici le début.....et l'autre bout des escaliers roulants.

Mary Lohan ou Marilé Lauria ou Maria Elena Pujol. Trois noms, trois vies; une seule personne. Et "une chance minuscule " qui en décide pour elle à chaque fois.
C'est elle qui nous raconte son histoire avec minutie, entrecoupée d'une drôle d'anecdote qui revient en boucle, intacte ou légèrement modifiée comme un film qui avance slow motion, une anecdote qui ne présage rien de bon......vous êtes déjà figés devant les "slot machine", en train de vider vos poches....

L'auteur joue ici, magistralement avec "le temps". Elle le gère comme elle le veut, aidé d'une construction originale, tout aussi magistrale. Une histoire trés dure, poignante, où elle pose de nombreuses questions sur les tours que nous joue le destin, et le rôle de notre propre libre arbitre et responsabilité qui y sont impliqués, pendant et après . "Nous ne pouvons pas tous faire le meilleur choix, nous n'y avons pas été préparés....le reste de notre vie nous donne encore l'occasion de faire des choix pour réparer ou perdre pour de bon la possibilité de réparer nos erreurs ".
Et cerise sur le gâteau, la bibliothérapie.

Toute cette combination est parfaite pour vous faire passer une nuit blanche, préparez vos mouchoirs.....et ne passez pas à côté de cet excellent cru Pineiro !

"C'est peut-être cela, le bonheur, un instant où l'on est là, tout simplement, un moment quelconque où les mots sont de trop car il en faudrait trop pour le raconter."



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Mary Lohan, la cinquantaine, rousse aux yeux foncés, embarque sur un vol New York – Buenos Aires. Elle retourne dans son pays natal vingt ans après l'avoir quitté, après avoir fui un drame qui, faute d'une chance minuscule, n'a pas pu être évité, et dont elle est responsable.

A l'époque, Mary s'appelait Marilé Lauría, était blonde aux yeux bleus et vivait dans une banlieue huppée de Buenos Aires, fréquentant des familles dont les enfants sont inscrits à St-Peter, collège chic et privé.

Aujourd'hui, c'est précisément à St-Peter que Mary est envoyée, pour une mission professionnelle qu'elle n'a pas vraiment cherchée, mais pas vraiment évitée non plus. Chance ou malchance minuscule, elle l'ignore encore. Ce qu'elle sait, c'est qu'elle est anxieuse, désirant et redoutant à la fois d'être reconnue malgré sa nouvelle apparence et ses lentilles de contact colorées. Elle craint, en même temps qu'elle souhaite, de croiser un homme en particulier, d'être obligée ou d'avoir envie de lui rendre des comptes.

Peu à peu, Mary/Marilé raconte son histoire, sa jeunesse, son mariage, sa vie paisible et vaguement ennuyeuse, jusqu'à la tragédie qu'elle a provoquée involontairement. Victimes et "coupable" vivant dans le même microcosme, l'atmosphère devient rapidement irrespirable pour Marilé, ostracisée par son entourage et son mari, tous odieux et hypocrites. Elle ne reçoit aucun appui, elle est seule au monde, ou presque. Mais s'il n'y avait que ça, elle pourrait le supporter. Mais sa seule présence risque de causer la souffrance de quelqu'un d'autre, alors elle part, brisée. Et si elle ne rompt pas tout à fait et revient à Buenos Aires aujourd'hui, c'est parce que dans sa fuite à l'époque, elle a pu compter sur la gentillesse d'un inconnu, rencontré par la grâce d'une chance minuscule.

Et si elle ne s'était pas mariée, et si elle avait acheté une nouvelle voiture, et si le collège, et si la récompense, et si quelques minutes de retard, et si, et si...

Les causes, les conséquences, leur enchaînement sans fin: avec des si, l'éventail des vies à vivre et des histoires à raconter est infini. Mais il y a toujours un choix à faire ou ne pas faire, qui condamne les autres possibilités, pour le meilleur ou le pire, mieux vaut peut-être ne pas savoir. Se retourner sur le passé ne le changera pas, mais il n'est peut-être jamais trop tard pour essayer de (se) réparer. C'est ce que Mary va tenter de faire, et au final peu importe qu'elle agisse consciemment ou poussée dans le dos par le destin.

Le hasard, la chance, la culpabilité et la résilience sont les thèmes de ce roman, avec en creux une critique de la riche bourgeoisie de Buenos Aires, comme dans "A toi" et "Les veuves du jeudi", précédents romans de C. Piñeiro. Mais ce roman-ci n'a rien de joyeux, il n'est que drame et douleur, n'empêche qu'il est magnifiquement écrit, sa construction chronologique parfaitement maîtrisée, et l'anecdote récurrente du train, chaque fois plus complète, est une trouvaille ingénieuse, qui installe un suspense de mauvais augure.

Il se dégage beaucoup d'émotion et de sensibilité de ce roman majuscule, quelle chance (pas minuscule) de l'avoir lu.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Cela fait 8 ans que les lecteurs français ont la possibilité de suivre le cheminement de la romancière argentine Claudia Piñeiro, depuis la parution de Les veuves de jeudi. Ce dernier est sans doute ce qu'elle a fait de mieux avec l'exquis et mordant Bétibou. Comme A toi, son livre précédent, Une chance minuscule génère une certaine déception malgré un talent de plume qui ne faiblit pas. En délaissant quelque peu le thriller social, bien qu'il en reste des traces, pour le mélodrame psychologique, le risque est d'affronter un genre difficile et qui peut se révéler aussi plombant que lacrymal, . Avec Une chance minuscule, Claudia Piñeiro a écrit un roman qui démarre comme un suspense familial autour d'une femme qui a fui son pays, son mari et son fils après une tragédie qui ne nous est révélée qu'après une centaine de pages. Son retour au pays natal sera un exorcisme, une torture et une résilience. Pour un peu, on se croirait dans un roman de Douglas Kennedy. le livre, entièrement écrit à la première personne, est totalement centré sur la personnalité de la narratrice qui, par bribes, raconte son passé et surtout ses souffrances. C'est un peu comme une voix off au cinéma, il y a la probabilité de la trouver envahissante au bout d'un moment surtout elle ne fait que ratiociner. Claudia Piñeiro tombe un peu dans ce piège, de façon répétitive d'ailleurs, mais comme elle a un savoir-faire indéniable, elle finit par emporter l'émotion dans les dernières pages d'Une chance minuscule. Les mouchoirs ne sont alors pas de trop.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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Voici un livre très touchant sur la résilience.
La narratrice nous raconte peu à peu les raisons de sa fuite et ses peines, ses réflexions et ses peurs, puis la prise en main de son destin. le style est sobre, épuré, mais le sens est profond et nous compatissons à son malheur.
J'ai beaucoup aimé les interludes à la troisième personne intercalés entre le récit dans lesquelles la même scène est reprise à chaque fois mais toujours avec un peu plus de détails. Cela donne un effet très intéressant, nous avons ainsi l'impression que l'écriture est douloureuse, que la description de ce terrible événement est trop dur et qu'il lui faut la reprendre plusieurs fois pour enfin réussir à nous l'avouer.
J'ai également beaucoup aimé la philosophie que l'auteure souhaite nous faire passer, notamment sur la gentillesse des inconnus qui peut représenter beaucoup pour nous.
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Si bien le début m'a un peu désarçonnée, j'ai été progressivement séduite par ce roman, petit mais intense. La maternité e tal culpabilité y sont traités avec sensibilité, mais j'ai été particulièrement touchée par la notion des blessures accumulées au long d'une vie et qui nous endommagent jusqu'à ce qu'arrive celle de trop.
Sans aucun doute une ecrivaine que je vais suivre de près.
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Encore une fois, Claudia Pineiro aborde avec émotion et délicatesse les relations fragiles entre les humains, les drames personnels qui trahissent notre volonté d'être tout simplement soi. En nous faisant découvrir peu à peu, sur un mode lancinant, les raisons du dédoublement de Marilé, Claudia Pineiro humanise graduellement son personnage, nous en dévoile toute la vulnérabilité et nous endossons avec elle l'espoir que son retour en Argentine (après plus de 20 ans passés à Boston) a fait naître en elle. Curieusement, l'éditeur Actes Sud décrit ce livre comme une comédie dramatique. Personnellement, nous n'y avons trouvé nulle trace d'humour et c'est tant mieux, car cela aurait déparé la gravité d'une telle histoire.
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un joli roman,
J'ai trouvé beaucoup de sensibilité dans ce roman qui parle de la culpabilité et d'amour parental En une seconde la vie peut basculer et vous étes l'acteur de cette vie,sans en mesurer toutes les consequences.
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