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EAN : 978B017QCIO48
Clarendon Press (24/10/2001)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
"This book examines the ways in which German authors have used the child's perspective to present the 3d Reich. It considers how children at this time were brought up and educated to accept unquestioningly National Socialist ideology, and thus questions the possibility of a traditional naive perspective on these events."

Debbie PINFOLD is Lecturer in German at Merton Colleges, Oxford.

2ème page de couverture.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
+++ LA PERCEPTION DU IIIe REICH PAR LES ENFANTS DANS LA LITTÉRATURE ALLEMANDE +++

Comment les enfants voyaient-ils le troisième Reich et son Führer Adolf dans la littérature allemande de l'époque ? Une question à laquelle Debbie Pinfold nous offre une intéressante réponse dans un ouvrage très sérieux et consistant. le livre est en fait une adaptation de sa thèse de doctorat à l'université d'Oxford et, en vue de sa préparation, elle a fait des recherches à Hambourg pendant 2 ans. Il est peu probable que ce livre soit traduit en français, c'est la raison pour laquelle j'ai opté pour une autre approche avec cette chronique : compte tenu des auteurs germanophones de cette époque qui bénéficient en France d'une certaine notoriété, voire popularité. C'est sur leur oeuvre que je vais concentrer mes efforts.
Le sous-titre, " The Eye Among the Blind" (l'oeil parmi les aveugles) n'est pas seulement bien trouvé, mais surtout révélateur et prometteur !

Le problème c'est que certains auteurs allemands ont abusé un peu de "l'innocence des enfants" pour brosser un tableau de ces 12 années de régime hitlérien avec moult excès en tous genres, parce qu'ils n'étaient tout bonnement pas en état de faire une analyse équilibrée d'un passé qu'ils n'avaient pas réussi à digérer. Cela a été surtout le cas des ouvrages publiés tout de suite à la fin de la 2ème guerre mondiale et dans les années 1950, et pour certains même les années 1960 et au-delà.

Il y a eu dans ce sens, la controverse entre Günter Grass (1927-2015), l'auteur du grand succès "Le tambour" ("Die Blechtrommel") - dont Volker Schlöndorff à tiré, en 1979, un film impressionnant avec le petit Oskar(chen) Mazerath, qui, écoeuré des adultes qui l'entourent, décide de ne plus grandir - et l'historien réputé, Joachim Fest (1926-2006), qui lui reproche d'avoir attendu bien longtemps pour avouer qu'il a fait partie de la Waffen-SS. C'est, en effet, dans son ouvrage autobiographique "Pelures d'oignon", paru en 2007, qu'il en parle pour la première fois. Donc, après que Debbie Pinfold ait achevé sa thèse en 1996. Si je le mentionne ici ce n'est sûrement pas pour dénigrer un grand auteur Nobel pour qui j'ai une grande admiration, mais tout simplement pour illustrer combien il était difficile pour les écrivains allemands d'aborder ces années abominables dans leur oeuvre littéraire.

Pour défendre sa thèse à Oxford, l'auteure a passé à la loupe un nombre impressionnant d'ouvrages et d'écrivains, dont certains sont bien connus en France, comme Günter Grass avec son tambour, Thomas et Erika Mann, avec "Les Buddenbrook : le déclin d'une famille" et "Dix millions d'enfants nazis", Christa Wolf "Christa T.", Siegfried Lenz "La leçon d'allemand", Anna Gmeyner "Manja : un roman de cinq enfants", Dieter Forte "Le garçon aux semelles de sang" - voir mon billet du 17.11.1917 - Gert Hofmann "Veilchenfeld" et "Notre conquête", Heinrich Bõll "Le pain des jeunes années" et "Les enfants des morts", Ilse Aichinger "Un plus grand espoir", Anna Seghers "L'excursion des jeunes filles qui ne sont plus", Stefan Zweig "Brûlant secret", etc.

La grande culture allemande avait été "trainée dans la boue" par le nazisme, aussi bien qu'après la guerre, cette culture se trouvait à "l'heure zéro" pour reprendre l'expression de l'écrivain Gerd Fuchs ("Stunde Null"). Jusqu'au début des années '50, il y a eu la "Trūmmerliteratur" ou la littérature des ruines, pratiquée par des jeunes hommes revenus des camps et du front. Des auteurs comme Johannes Becher, Günter Eich et Erich Kästner ("Lorsque j'étais un petit garçon") étaient attirés par un réalisme magique, loin des idéologies et réalités politiques. Un art trop pusillanime et laborieux pour pouvoir durer et bientôt les formes classiques littéraires reprirent le dessus.

Plus que ce recommencement il était important d'approcher l'histoire allemande récente d'une "toute autre perspective : celle des victimes" (page 238). le pas vers l'enfant en devint quasi évident. L''enfant offrait des avantages uniques : il gardait son intégrité morale et sa clairvoyance, même dans un contexte hautement défavorable. Il résistait aux contraintes et tabous du monde des adultes et conservait ainsi ses idéaux positifs. Des atouts majeurs pour un avenir qui garantissait le retour à la culture basée sur le respect des valeurs humaines fondamentales. La culture a besoin d'espoir et de miséricorde. Autrement dit : l'enfant représente la lumière dans la nuit .
La petite Manja dans le roman d'Anna Gmeyner en est une parfaite illustration : l'attitude et les gestes de cette gamine suggèrent la victoire morale de l'innocence sur le nazisme, ses 4 petits camarades en restent bouche bée. Autre exemple : lorsque la petite héroïne d'Ilse Aichinger avec son étoile jaune de Juive est mise dehors brutalement de la boulangerie, "elle n'est pas sûre d'être éveillée".

L'ouvrage de Debbie Pinfold ne constitue pas une lecture facile. Pour obtenir un doctorat à Oxford, on s'en doute. En plus, il suppose une bonne connaissance de la langue allemande, puisqu'il comporte des citations et même des passages entiers écrits dans cette langue et non traduits en Anglais. La qualité réside dans l'originalité du thème et le vaste panorama de la littérature allemande d'après-guerre qu'il nous offre.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
" Si je ne vaux pas mieux, au moins je suis autre."

Jean-Jacques Rousseau "Les Confessions".

(page 243)
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