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EAN : 9782912019608
196 pages
Bleu autour (23/03/2007)
3.75/5   2 notes
Résumé :
De l'Espagne de l'Inquisition au Paris des années noires, via les vestiges juifs d'Andrinople, Rosie Pinhas-Delpuech enquête sur une figure énigmatique de son enfance, Anna, dont le destin a pesé sur le sien. Un détour nécessaire pour inscrire sa part d'étrangère dans la langue qu'elle habite, le français. Après " Suite byzantine (Bleu autour, 2003), ce récit est le second d'une trilogie où cet écrivain, née à Istanbul, résidant à Paris et traductrice de l'hébreu, e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Un colis de documents hérités et une visite au nouveau cimetière de Neuilly, "aux pieds de la Grande Arche", mettent l'auteure-traductrice sur les traces de sa tante paternelle. Mais il s'agit de plus que d'une biographie familiale ou d'une recherche généalogique : par une texture de croisements multiples et d'allers et retours entre Rosie Pinhas et Anna Guéron, se révèlent deux variantes possibles d'une évolution familiale qui tire ses origines de l'arrivée de l'ancêtre séfarade Itshak Tsarfati (Isaac le Français) dans la ville ottomane d'Andrinople au XVe siècle, et finit par se rejoindre à Paris.
Deux sont les points historiques cruciaux dans le récit : la tentative de reconstitution presque archéologique d'Andrinople juif, et les péripéties tragiques vécues par la branche de la famille établie à Paris pendant les années de l'occupation nazie : spoliation, délation, déportation, mais aussi engagement volontaire du fils unique de l'héroïne dans la Résistance et l'armée de Libération et sa mort au front.
Un point psychologique et familial contrastant entre les deux figures : la tentative d'adoption de la France par Anna, laquelle, à travers les années noires, passe aussi par la conversion au christianisme ; et, pour Rosie - dans son périple triparti entre Turquie, France et Israël - , la relation "d'inscription de sa part d'étrangère" dans cette même France par la traduction, stade ultime d'une adoption de et par la langue.
Dans les deux destins, tout ce que compte d'aléatoire un destin. Mais aussi ce qu'il possède de déterminant pour l'avenir : à l'instar de leurs points communs que sont l'héritage ottoman-turc de leur judéité et - particulièrement - l'école stambouliote de Notre-Dame de Sion, vraie clef de voûte des deux parcours.
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Ce livre a accom­pa­gné un voyage en TGV, je l'ai lu grâce à Aifelle qui m'avait donné envie de décou­vrir cette auteure. Je lirai certai­ne­ment « Suite byzan­tine » ainsi que « l'Angoisse d'Abraham ». J'aime beau­coup les récits qui font une part belle à la langue, pour Rosie Pinhas-​Delpuech, écri­vaine et traduc­trice, qui parle le turc, le fran­çais, l'hébreux et sans doute bien d'autres langues, la recher­che de l'identité prend un sens que je comprends si bien, car pour moi ma patrie est autant ma langue que ma natio­na­lité.

Après son enfance qui est peu décrite dans ce tome, l'auteure cher­che à compren­dre cette tante Anna qui a perdu et son mari et son fils pendant la guerre 39 – 45. C'est l'occasion de vivre un épisode si banal dans l'après guerre mais si peu glorieux, comment des juifs se sont fait spolier de tous leurs biens, par des gens en qui ils avaient confiance. Mais si Anna souf­fre tant c'est aussi sans doute que la femme qui a dénoncé son mari était aussi sa maîtresse. Anna fera tout pour deve­nir une catho­li­que fran­çaise, elle ne pourra pas empê­cher son fils unique de s'engager dans l'armée du géné­ral Leclerc et mourir en 1945 en combat­tant. Cette histoire centrale du livre, l'auteure ne peut la compren­dre qu'en repre­nant le parcours de sa famille depuis la Turquie. Toute sa famille avec ses lourds secrets et ses peines tragi­ques vien­nent hanter sa mémoire et permet­tent peu à peu de compren­dre ce que cela veut dire d'être juive aujourd'hui dans un style abso­lu­ment superbe.
Lien : http://luocine.fr/?p=7023
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
J’ignore jusqu’à aujourd’hui la cause de cet amour fou pour cette ortho­gra­phe, de cette jubi­la­tion enfan­tine à conqué­rir l’arbitraire souve­rain de la langue. Peut-​être que l’écriture phoné­ti­que du turc me parais­sait d’une faci­lité enfan­tine et que la diffi­culté du fran­çais était à la mesure de celle de grandir ?
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Lente­ment, subti­le­ment, genti­ment même, au fils des années d’école primaire, de l’apprentissage des rudi­ments d’histoire et de géogra­phie, le turc m’avait débar­qué sur le rivage : ma reli­gion, mention­née sur mon acte de nais­sance, « musevi », qui signi­fie mosaï­que, s’interposait entre moi et la commu­nauté natio­nale.
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C’était après la guerre, dans les années cinquante, au temps du chewing-​gum, du swing et de la moder­nité. Etre juif repré­sen­tait une mala­die mortelle à laquelle on avait réchappé de justesse et dont il ne fallait pas trop parler.
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Un destin de deuils et de chagrins avait balayé ce chatoie­ment crépus­cu­laire de l’Entre-deux guer­res, dans les Balkans otto­mans voisins de l’Empire austro-​hongrois.
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Videos de Rosie Pinhas-Delpuech (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Rosie Pinhas-Delpuech
Samedi 6 août 2022, dans le cadre du banquet du livre d'été « Demain la veille » qui s'est déroulé du 5 au 12 août 2022, Rosie Pinhas-Delpuech tenait une conférence intitulée : Demain/La Veille, une fonction grammaticale vitale en hebreu.
« Il y a quelques mois, j'ai publie une sorte de roman sur la naissance incertaine et balbutiante de l'hebreu moderne. A travers la traduction et l'ecriture, ma vie est liee au destin de cette langue et de la societe qui la parle depuis cent ans seulement. A travers les deux – une langue, une communaute humaine – je m'interroge tous les matins sur qui je suis, qui nous sommes tous ensemble dans le monde. Ce tout petit pays et sa langue sont pour moi comme un prototype d'humanite, une petite scene ou se jouent nos destins petits et grands. Periodiquement, j'y retourne, j'ecoute, je regarde, de toutes petites choses, des modeles en miniature. de la Bible aux auteurs modernes que je choisis de faire passer en francais, de la traduction a l'ecriture, qu'est-ce qui dans l'hebreu, langue ancienne-nouvelle, m'interroge en permanence sur ce qui fut et ce qui sera, sur une utopie peut-etre encore en cours, bancale, dissonante, precaire ? »
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