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The complete elfquest tome 1 sur 4
EAN : 9781616554071
720 pages
Dark Horse (19/08/2014)
4.67/5   3 notes
Résumé :
Discover the legendary Elfquest! Created in 1978, Elfquest continues to capture the imaginations of readers young and old. Chief Cutter and the Wolfriders are driven from their forest home by the threat of annihilation. As they wander an ever-changing landscape inhabited by excitable humans--and other odd creatures--they discover other elf tribes as well. Alliances are forged, enemies discovered, and savage battles fought in this epic fantasy adventure! This edition... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce tome est le premier d'une série indépendante de toute autre. Il reprend les épisodes 1 à 20 de la première série, initialement parus de 1978 à 1984, coécrits par Wendy & Richard Pini, dessinés et encrés par Wendy Pini. Ces épisodes sont en noir & blanc. Il y a une courte introduction de Rob Beschizza, concise et d'une rare pertinence. le tome se termine par un cahier de 18 pages avec des commentaires de Wendy & Richard Pini sur la genèse de la série, et une partie des couvertures originales. La suite de la série se trouve dans The Compete Elfquest Volume 2 qui comprend les miniséries The Siege at Blue Mountain, et Kings of the Broken Wheel.

Sur une autre planète appelée le Monde des deux Lunes, il y a des millénaires, les êtres humains vivaient comme des hommes des cavernes. Un jour apparut dans le ciel une cité céleste qui s'écrasa sur cette planète. En sortirent des êtres de grande taille, très élancés, capables de manier la magie. Les hommes les attaquèrent et les créatures elfiques s'enfuirent dans les bois. Des années plus tard, la tribu des Maîtres des Loups vit dans la forêt. Il s'agit d'elfes tout aussi élancés, mais de taille plus petite. Ils sont pourchassés par une tribu d'humains belliqueux qui finit par mettre le feu à leur forêt. Ils se réfugient dans des tunnels souterrains qui sont habités par des trolls, les ennemis naturels des elfes des bois (ce qui n'empêchera pas Cutter le chef des Wolfriders de leur piquer une épée au passage).

Privé du havre de la forêt, la tribu des Wolfriders n'a d'autre choix que de se mettre en route et de traverser un désert interminable. Heureusement, Skywise a lui aussi récupéré un objet qu'il porte en pendentif et qui lui permet de garder toujours la même direction. Après un voyage périlleux et harassant le petit groupe arrive en vue de montagnes et ils ont la surprise de découvrir une autre tribu d'elfes (la tribu de Sunfolk) sédentaires. Mais ces derniers se montrent méfiants vis-à-vis des coutumes de ces nomades qui chevauchent des loups. Pire, Leetah (des Sunfolk) se rend compte qu'elle est attirée par Cutter de manière irrépressible, ce que Rayek ne peut pas supporter étant amoureux d'elle depuis des années. le clan des Wolfriders finit par être mis en présence de Savah, la doyenne des elfes des Sunfolk. Elle évoque les anciens et la légendaire cité de la Montagne Bleue.

Dans les années 1970, il n'y avait de magasins spécialisés de comics aux États-Unis et le marché était presqu'exclusivement dominé par Marvel et DC. Les comics indépendants étaient rares et ceux autoédités encore plus. Pourtant en 1978, un couple se lance dans cette aventure, après que leur proposition de série ait été refusée par Marvel et par DC, et que la première tentative de publication par un éditeur indépendant n'ait pas été à la hauteur de leur attente en termes de qualité d'impression. Wendy et Richard Pini décident de fonder leur propre société d'édition : WaRP (pour Wendy and Richard Pini). Ils réalisent par eux-mêmes une série de fantasy, genre peu en vogue à l'époque. Après les 20 numéros réunis dans le présent recueil, l'éditeur Marvel accepta de les rééditer dans sa branche Epic, mais curieusement redécoupés pour respecter le format de 22 pages de comics.

Après plusieurs décennies (et plusieurs éditeurs dont DC aussi), Wendy & Richard Pini décident en 2013 de réaliser le chapitre final de leur saga intitulé The final quest et de travailler avec l'éditeur Dark Horse. En parallèle ce dernier réédite l'intégralité de la saga, à commencer par le présent tome. Avec des chapitres de 34 pages, le lecteur se lance donc dans 680 pages de bandes dessinées, soit un récit qui mérite vraiment le qualificatif de saga. La première particularité du récit réside dans ses héros : des elfes. du début jusqu'à la fin, l'histoire est racontée de leur point de vue, et les humains sont vus au mieux comme des individus à qui on ne peut pas trop se fier, au pire comme des ennemis cruels. La deuxième particularité réside dans la dimension intemporelle du récit. Seules les cellules de texte explicatives trahissent l'âge de la narration, préférant décrire et expliciter des éléments qui sont déjà dans le dessin, ou qui auraient pu passer de manière visuelle. Pour le reste, la structure du récit, ses thèmes et ses personnages sont toujours d'actualité, parlent au lecteur, et l'emmène dans un long voyage, dans un pays lointain et fantastique.

Après toutes ces années, le lecteur peut apprécier de pouvoir (re)découvrir cette série dans un énorme pavé qui comprend toute la première époque avec une reprographie de qualité exemplaire (sans le charcutage de la version Marvel/Epic, sans le prix élevé de la version DC, sans les séries dérivées réalisées par d'autres créateurs, dans lesquelles il était parfois difficile de se retrouver pour le profane). À condition de ne pas être allergique aux cellules explicatives, le lecteur s'immerge dans un monde original, d'une cohérence étonnante et réjouissante. Ainsi la scène d'ouverture expliquant l'arrivée des premiers elfes sur le Monde des deux Lunes semble un peu pataude et vite oubliée. Mais en fait les aventures conduiront à revenir sur ce récit des origines qui sous-tend les relations des différentes races sur cette planète.

Le lecteur fait donc connaissance avec le charismatique chef des Wolfriders : Cutter (celui avec une queue de cheval haute sur la tête). Les dessins de Wendy Pini montrent les elfes comme des créatures plus petites que les humains, avec une morphologie plus mince. Il y aura en cours de route une explication inattendue sur le fait que les Wolfriders soient plus petits que les elfes originaux. Rapidement, le caractère de Cutter se dessine : un vrai meneur d'hommes, un chef qui prend ses responsabilités à coeur, un homme attaché à sa femme et à ses enfants, mais faisant passer l'intérêt de sa tribu, puis de son peuple avant. Les auteurs le montrent en action et dans les moments d'intimité, menant sa tribu, entretenant son amitié avec Skywise, s'occupant de ses enfants, prenant soin de son loup. Cutter est un individu charismatique, mais pas monolithique ou inaccessible. le lecteur prend fait et cause pour lui. Il voit bien les stéréotypes du héros, le chef, mais en même temps le personnage n'est pas réductible à une série de clichés.

Autour de Cutter évolue une galerie de personnages allant sans cesse en grandissant au fur et à mesure qu'il rencontre d'autres tribus, avec des naissances et des morts. le lecteur peut se prendre d'affection pour son meilleur ami Skywise, pour sa femme confrontée au dilemme de devoir choisir entre cet elfe qu'elle était destinée à aimer et sa tribu d'origine les Sunfolk, Savah servant de mère à cette tribu, Petalwing (une sorte de petite fée androgyne avec des ailes de papillon), l'ancêtre céleste, ou même le troll Picknose attachant à sa manière. le lecteur constate que l'approche narrative des époux Pini ne doit rien aux comics de superhéros. L'enjeu des épisodes ne se trouve pas dans des combats de plus en plus grandiloquents et toujours plus spectaculaires. Les auteurs prennent le temps d'installer les relations familiales, les générations, les traditions (sans aller jusqu'à demander à leur lecteur de retenir un arbre généalogique ou un guide des coutumes par tribu), les rites de mariage et de funérailles.

Il y a également des scènes de bataille et des hauts faits, mais pas à tous les épisodes. Elles ne surviennent que dans le fil naturel de l'intrigue, sans être programmées de manière régulière et chronique. Ainsi au fil de ces 20 épisodes, Wendy & Richard Pini prennent le temps d'évoquer le sentiment amoureux irrépressible en dépit des différences culturelles des 2 tourtereaux (une variation originale sur le thème de Roméo & Juliette), de montrer la guérisseuse à l'oeuvre et la difficulté de sa tâche, de montrer les elfes en train de danser, de décrire des ennemis en train de boire un coup ensemble autour d'une table, de décrire les mains d'une artiste en train de peindre. Il serait facile de mettre ces moments-là sur le compte de la fibre féminine de Wendy Pini (ce qui est normale pour une femme), mais ils donnent une saveur unique à la narration. le lecteur regarde avec plaisir ou émotion (ou les deux) Cutter faire ses adieux à Nightrunner (son loup devenu trop vieux pour continuer le voyage), Skywise exprimer son inquiétude pour son ami Cutter, Petalwing se rendre insupportable avec son babillage incessant, les différentes tribus échanger leurs histoires et évoquer leurs coutumes, les trolls se rendre ridicules par leurs réflexions bas du front, les Wolfrunners découvrir les sensations inédites en volant sur le dos d'oiseaux gigantesques, les enfants discuter avec les parents et affirmer leur caractère, etc.

Le lecteur plonge bel et bien dans une saga mettant en scène de nombreux personnages, sur plusieurs générations, avec une histoire du monde, un récit des origines, des voyages et, comme l'indique le titre, une quête. Wendy Pini réalise la mise en page et tous les dessins, avec un peu d'aide à l'encrage ou pour les décors le temps de quelques épisodes. Elle donne donc une apparence très particulière aux elfes qui les rend plus mignons d'une certaine manière, mais aussi décalés par rapport à la race humaine, des créatures de la littérature de l'imaginaire. En les regardant évoluer, le lecteur n'oublie jamais qu'il s'agit d'une race inventée, ne serait-ce qu'à cause de leurs oreilles pointues. Elle exagère encore plus les différences physiques pour les trolls qui sont courtauds et massifs, avec des visages peu avenants. Ils servent bien sûr de ressort comique du fait de leur balourdise, mais ils constituent également des ennemis costauds et brutaux. L'artiste introduit des différences entre les tribus d'elfes, à la fois dans la morphologie (les gliders / Ancêtres Célestes étant plus grand et encore plus élancés), et dans les tenues vestimentaires. Par exemple les maîtres loups portent volontiers des gilets en fourrures, alors que les elfes du Peuple du Soleil ont des tenues d'inspiration tsigane.

En entamant le premier épisode, le lecteur craint de tomber sur des dessins un peu vieillots. de fait, il découvre une mise en page très sage, à base de cases rectangulaires juxtaposées avec simplicité. Avec les épisodes qui passent, il remarque que Wendy Pini recourt parfois à des agencements de cases moins classiques, avec des cases trapézoïdales, ou des cases sans bordure, ou des bordures de cases arrondies en volute. Elle ne le fait que lorsque la séquence s'y prête pour lui donner plus de mouvement, ou retranscrire un état d'esprit, sans que cela ne devienne une afféterie systématique. le lecteur constate également que la narration visuelle ne présente pas les lourdeurs du texte. L'artiste réalise des cases descriptives, avec un bon niveau de détails, un oeil pour les tenues vestimentaires, un effort réel pour concevoir des décors originaux, une habileté réelle pour la conception de l'apparence des personnages (impossible de résister au côté mignon de Petalwing).

Au cours de ces près de 700 pages, Wendy Pini prouve qu'elle a fait l'effort d'apprendre à dessiner des loups anatomiquement corrects, et c'est heureux puisqu'il s'agit d'une partie significative de la distribution. Il apparaît également qu'elle a investi du temps dans la conception des apparences des différentes races, des habitations, des tenues vestimentaires. Elle réalise parfois des fonds de case génériques pour les cavernes et les déserts, mais elle prend toujours soin de montrer les particularités de chaque endroit, village forêt, marais, cabane, forteresse, souterrain, etc. Elle a également conçu des armes spécifiques et des objets qui n'appartiennent qu'au peuple des elfes. À nouveau l'objectif de la narration n'est pas une étude ethnographique des différentes tribus pour que les auteurs puissent se gargariser de leur savoir-faire. Mais ils prennent soin de ne pas aligner des tribus génériques les unes après les autres. Cet investissement dans la conception produit son effet sur le lecteur qui le ressent et qui prend conscience de l'attachement des créateurs pour leurs créations. Il s'immerge dans une monde riche et personnel, à l'opposé d'une production mensuelle industrielle réalisée par des mercenaires.

D'épisode en épisode, le lecteur peut voir que l'artiste aime bien dessiner ses personnages, les mettre en avant, leur consacrer des gros plans, mais cela ne conduit jamais à des scènes statiques, à une enfilade de têtes en train de parler pendant plusieurs pages, ou à des plans fixes avec des décors photocopiés à l'identique. Au contraire, il peut parfois éprouver l'impression que les mouvements de caméra sont trop systématiques, ou que les cases sont parfois un peu surchargées, mais jamais qu'elles ne sont vides ou bâclées. Même lorsque les elfes Wolfriders restent au même endroit pendant plusieurs épisodes, la narration visuelle reste entraînante et variée, alors que l'intrigue peut donner l'impression de faire du surplace, ou tout au moins de ne pas avancer rapidement (accentuant encore la différence avec un comics orienté action dans lequel il faut tenir le rythme de l'alternance des genres de séquences et remplir le quota d'action).

Dans ce premier tome, les elfes parcourent beaucoup de chemin, au fur et à mesure que l'intrigue prend de l'ampleur. le lecteur se rend compte que le récit ne repose pas sur un dispositif mécanique de type voyage, nouvelle tribu, incompréhension suivie de compréhension, échanges, adieux, et on recommence le cycle avec une nouvelle phase de voyage. Chaque étape est différente de la précédente, et les individus rencontrés peuvent s'intégrer à la troupe, comme d'autres peuvent décider de la quitter pour leurs raisons propres, et ils continuent à vivre pendant que le groupe modifié reprend ses pérégrinations. de la même manière, la dynamique principale du récit n'est pas celle de la confrontation. Certes dans le dernier tiers, le lecteur peut regretter que les trolls constituent des ennemis anonymes que les elfes tuent sans remord. Mais en fait la situation est plus nuancée qu'il n'y paraît et l'objectif de Cutter n'est pas de mener sa tribu au combat pour triompher et dominer les autres tribus, ni même les humains ou les elfes.

À nouveau, le lecteur ne peut qu'être sensible à cet état d'esprit, à l'opposé de la volonté de puissance omniprésente dans les comics de superhéros. Cela rend cette série encore plus singulière au vu du contexte dans lequel elle a vu le jour. Il constate aussi que les époux Pini réalisent un récit adulte. Les préoccupations de Cutter sont celles d'un chef politique qui a conscience des conséquences de ses décisions. La description de la vie des elfes ne se limite pas aux voyages et aux affrontements. Il y est également question de danse, de traditions et de peinture. Lors d'une ou deux séquences, le lecteur découvre des traditions insoupçonnables, comme le plaisir du jus d'une certaine baie (dreamberry) aux capacités psychotropes, ou une cérémonie au cours de laquelle l'amour physique se manifeste en groupe (avec des dessins très chastes, mais il n'est pas possible de se tromper sur l'intention).

Arrivé à la fin des 700 pages, le lecteur est content d'avoir consacré du temps pour découvrir cette série si personnelle, complètement inféodée au genre de la littérature de l'imaginaire, mais nourrie de la personnalité de ses auteurs au point d'éviter tous les stéréotypes et les clichés du genre. En outre, si la curiosité le prend, il découvre qu'il existe une communauté de lecteurs suivant Elfquest depuis sa création il y a bientôt 40 ans, facilement accessible sur internet, et un site dédié tenu par Richard Pini, dans lequel il pourra trouver des réponses aux questions qu'il peut se poser avec une facilité appréciable.
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