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Critique de Blok


Blok
05 décembre 2021
Le professeur Pinker est un des grands penseurs de notre époque, et dont nous avons bien besoin dans le climat intellectuel actuel.
Le présent livre est sans doute le plus ardu, et je suis un peu en peine de le commenter, mes connaissances en statistiques et logique formelle étant bien inférieures à ce requérait une parfaite compréhension de l'ouvrage. Cependant il est écrit de manière très claire, en évitant le jargon trop fréquent dans les ouvrages de ce genre, parfois très drôle (illustrant même son propos avec des BD insérées dans le texte et illustrant de manière imagée certaines erreurs cognitives.
Aussi est-il d'une lecture accessible et bien utile pour détecter les erreurs cognitives, y compris les siennes propres.
J'ai particulièrement apprécié la démonstration de l'impossibilité de nier le principe de rationalité puisqu'on ne peut le faire sans recourir à une forme de rationalité, ou le non-sens de la proposition sur l'absence d'une vérité objective, puisque cette affirmation postule sa propre vérité objective. Selon Pinker, la seule affirmation possible en la matière est : "il existe une vérité objective, je ne la connais pas, et vous non plus".
Le livre de Pinker n'est pas le premier à se livrer à une critique des erreurs cognitives, mais il est le seul jusqu'ici à l'avoir fait de manière systématique et ordonnée. Par exemple Nissim Taleb a écrit d'excellents livres à ce sujet, mais ses ouvrages sont principalement consacrées à la façon de déjouer ces erreurs et leurs conséquences dans la gestion de l'entreprise, ce qui en limite la portée (et l'intérêt pour ceux que le management ne passionne pas). D'autres ouvrages intéressants ont été écrits dans le même esprit.
L'ouvrage de Pinker paraît d'autant plus utile aujourd'hui dans un climat intellectuel de montée de l'irrationnel. A ce sujet, l'auteur prend cependant le contre-pied de la thèse courante qui en rend largement responsables les réseaux sociaux. S'il ne leur tresse certes pas de couronnes, il pense que leur responsabilité est finalement minime. En revanche il considère comme beaucoup plus grave la perte de rationalité dans les milieux intellectuels et universitaires, causée notamment par la montée du wokisme, qui paralyse la recherche et la réflexion scientifique.
Il souhaite, sans trop d'illusions, la mise en place dès l'école élémentaire d'un enseignement des principes de la rationalité, élément fondamental dans l'acquisition de connaissances non biaisées, au même titre que la lecture, l'écriture et les mathématiques.
On peut toujours espérer.
A noter qu'il ne faut pas confondre rationalité et rationalisme : la rationalité n'est pas une idéologie, c'est simplement un ensemble de règles irréfutables lorsqu'elles ont été correctement expliquées et intériorisées.
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