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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
De ce qui a été détruit, réduit à néant, brûlé, que peut-il advenir ? Des esprits choqués, anéantis, portés aux tréfonds du désespoir, que peut-il naître ?


Zovár est hongrois, rescapé des atrocités de la seconde guerre mondiale. A la fin de la guerre - mais très justement, ce texte vous apprendra que la guerre ne se termine pas le jour de la signature d'un armistice : "La première guerre a lieu en temps de guerre. La seconde, qui dure beaucoup plus longtemps commence avec la fin des combats ; il lui faudra des années, voire des générations futures avant de se terminer."- il traverse l'Europe comme il le peut, l'Atlantique pendant trois semaines dans une obscurité sordide, et le continent américain pour rejoindre une partie de sa famille émigrée.

Du périple harassant, de la traversée des mers en cale, du trajet en chemin de fer à travers les paysages changeants de ce pays qu'il découvre, émerge un homme ravagé, porteur d'une tragédie, de tourments incessants, réceptacle de souvenirs atroces, de déchirements, de l'horreur de ces années. C'est cette ombre que la famille accueille au bord du quai...

Et c'est Clarissa, petite fille, qui lui fait prononcer, à nouveau, quelques mots, qui le fait avancer encore un pas, pour pénétrer cette vie qu'il a quittée depuis de longues années.
Clarissa qui l'admire, qui le suit pour l'écouter ... car l'oncle est "un conteur", comme le veut la tradition dans sa Culture, un homme qui partage et qui dévoile les secrets avec les mots. Il "fait histoire" pour "dire" à son tour ce qu'il a appris, pour "éduquer", pour donner un peu de sagesse…
Un peu comme le jardinier qui plante et fait pousser, les âmes et les jardins sont de même, un terreau, les mots prendront racines, grandiront, se multiplieront et donneront d'autres récits….
Ces histoires qu'il a gardées en lui, tout au long de ces périodes de cruauté, comme un bien précieux, une flamme à protéger, qui ne doit pas s'éteindre et être confiée à d'autres pour la maintenir en vie.


Celui qui a tant vu de quoi est capable l'espèce humaine n'a pourtant rien perdu, paradoxalement, de sa confiance, de sa bonté, de son amour pour les hommes et pour les animaux, pour les arbres. Il observe la nature et les hommes comme un grand tout imbriqué qui demande respect et bienveillance pour donner au centuple. Lui qui a tant souffert ne parle que de douceur, que de respect, que d'accueil pour les hommes, que de respect pour cette terre, que de l'écoute qu'elle sollicite pour donner à son tour.
De prendre soin de cette terre, d'être bon avec elle et ceux qui la foulent, l'aide en annihilant la part angoissée de son âme, en la rendant plus silencieuse en tout cas, le fait redevenir "un" et éloigne ne serait-ce qu'infinitésimalement ce que son esprit affolé combat comme images enfouies en lui. Il revit...


De ce qui meurt, nait le don de vie, de celui qui souffre, peut naître la bienveillance, du regard qui se pose, devrait naître la bonté. Hommes, animaux et arbres sont faits pour communier et se confier la vie les uns aux autres. Et cet Eden, nous le possédons tous au fond de nous, comme une incarnation à faire croître de la sagesse : comme on prend soin de la plantule qui grandit, à nous de faire fructifier cette graine du don, pour insuffler la vie à ce qui nous entoure.


Un livre de sagesse, qui est une invitation à se faire attentif, un livre qui replace des valeurs dans un monde qui s'effiloche et se désagrège.
Un plaidoyer pour la main tendue, ouverte et pour la transmission . Ainsi grandirons-nous. En avons-nous encore le temps et la patience ?




"Voyez-vous, au commencement, les ténèbres régnaient dans l'abîme et si les ténèbres régnaient, c'est parce que les histoires s'y pressaient en si grand nombre qu'on n'aurait pu en distinguer une parmi d'autres."
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Lorsqu'en 2010 j'ai participé à un troc de plantes dans ma commune, échangeant un pied de tomate contre une arroche rouge, un légume inconnu pour moi à l'époque proche de l'épinard mais qui monte à deux mètres de haut et résiste à la sècheresse, je ne savais pas que 12 ans plus tard, je continuerais à consommer des fruits de ce simple échange. Tout simplement, l'arroche se ressème toute seule. Il n'y a donc rien à faire, sinon déplacer celle qui pousse dans les allées. C'est un peu le principe de la permaculture.
Ce conte philosophique de Clarissa Pinkola Estès raconte l'histoire de son vieil oncle hongrois venu se réfugier aux Etats-Unis pour fuir la guerre et retrouver sa famille. C'est lorsque les Ponts et Chaussées sont passés par là pour annexer les terres nécessaires à la construction d'une autoroute que l'oncle va se mettre en colère et résister à sa manière à une nouvelle forme d'occupation du territoire. Il va se mettre à jardiner la bande de terre laissée libre le long de l'autoroute, brûler les paillis de façon à ce qu'une nouvelle population végétale s'y installe. Il ne va rien planter, juste laisser la nature faire son travail.
Ainsi, après la pulsion de mort de la guerre, il y a, à travers son geste une pulsion de vie, ainsi, dans chaque terrain en friche, une nouvelle vie est en train de renaître. ”La vie se répète, se renouvelle, quel que soit le nombre de fois où elle a été poignardée, blessée, méprisée ou rendue impuissante”. “Ce qui a paru mort ne l'est plus, ce qui a semblé perdu ne l'est plus, ce que certains ont jugé impossible devient parfaitement réalisable”.
Ce conte écrit par une psychanalyste nous invite à considérer que dans les tourments de nos existences, il en est de même. le jardin d'Éden est partout et en chacun de nous. Prenons soin de la terre et de nous-mêmes.
Cela m'a fait penser curieusement à un livre que je n'ai pas lu : l'homme qui plantait des arbres de Jean Giono. Je viens de réparer cette lacune dans la foulée. Ce sera ma prochaine chronique.

Challenge Riquiqui 2022.
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Une leçon de vie. Un conte. Une légende. le battement d'un coeur : celui des hommes.
L'homme et la Nature sont indissociables. Il n'est pas là question de nourriture. Il est question de la force de vie. Car telle la Nature, l'homme n'est voué qu'à un seul destin : LA VIE. Quelque soient les désastres, les incendies, il y a toujours l'instant magique où le premier brin d'herbe ressurgit. L'homme est membre de cette Nature. Et c'est en l'observant que l'on y puise sa propre force. Un livre qui vous permettra de voir les arcs en ciel que vous ne soupçonniez pas....

Astrid SHRIQUI GARAIN
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Il appartient à cette famille de livres que je referme avec un pincement au coeur parce que la vie avec les personnages s'arrêtent là. Mais j'emporte leur histoire au creux de mon âme.

Il appartient à cette famille de livres pour laquelle j'aimerais avoir l'auteure face à moi pour lui serrer la main, lui prononcer un puissant merci, les larmes au bord des yeux, avant de ne pouvoir retenir mon corps de lui offrir une étreinte, les mots étant insuffisants pour partager mon ressenti.

Il appartient à cette famille de livres qui est arrivé à point nommé dans ma vie. Une entrée qui n'est pas le fruit du hasard mais celle d'un rendez-vous.

Un hymne à l'espoir.
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C'est un tres joli petit livre, plein de philosophie.
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Clarissa Pinkolas-Estès semble être la seule auteure dans le domaine "recherche spirituelle" qui ne provoque pas un "bon d'accord mais.........." à la fin de ma lecture. C'est une conteuse merveilleuse et authentique et même la prière à la fin du livre (de la plupart de ses livres) n'enlève rien à la magie que ses récits exercent sur moi.
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