De ce qui a été détruit, réduit à néant, brûlé, que peut-il advenir ? Des esprits choqués, anéantis, portés aux tréfonds du désespoir, que peut-il naître ?
Zovár est hongrois, rescapé des atrocités de la seconde guerre mondiale. A la fin de la guerre - mais très justement, ce texte vous apprendra que la guerre ne se termine pas le jour de la signature d'un armistice : "La première guerre a lieu en temps de guerre. La seconde, qui dure beaucoup plus longtemps commence avec la fin des combats ; il lui faudra des années, voire des générations futures avant de se terminer."- il traverse l'Europe comme il le peut, l'Atlantique pendant trois semaines dans une obscurité sordide, et le continent américain pour rejoindre une partie de sa famille émigrée.
Du périple harassant, de la traversée des mers en cale, du trajet en chemin de fer à travers les paysages changeants de ce pays qu'il découvre, émerge un homme ravagé, porteur d'une tragédie, de tourments incessants, réceptacle de souvenirs atroces, de déchirements, de l'horreur de ces années. C'est cette ombre que la famille accueille au bord du quai...
Et c'est Clarissa, petite fille, qui lui fait prononcer, à nouveau, quelques mots, qui le fait avancer encore un pas, pour pénétrer cette vie qu'il a quittée depuis de longues années.
Clarissa qui l'admire, qui le suit pour l'écouter ... car l'oncle est "un conteur", comme le veut la tradition dans sa Culture, un homme qui partage et qui dévoile les secrets avec les mots. Il "fait histoire" pour "dire" à son tour ce qu'il a appris, pour "éduquer", pour donner un peu de sagesse…
Un peu comme le jardinier qui plante et fait pousser, les âmes et les jardins sont de même, un terreau, les mots prendront racines, grandiront, se multiplieront et donneront d'autres récits….
Ces histoires qu'il a gardées en lui, tout au long de ces périodes de cruauté, comme un bien précieux, une flamme à protéger, qui ne doit pas s'éteindre et être confiée à d'autres pour la maintenir en vie.
Celui qui a tant vu de quoi est capable l'espèce humaine n'a pourtant rien perdu, paradoxalement, de sa confiance, de sa bonté, de son amour pour les hommes et pour les animaux, pour les arbres. Il observe la nature et les hommes comme un grand tout imbriqué qui demande respect et bienveillance pour donner au centuple. Lui qui a tant souffert ne parle que de douceur, que de respect, que d'accueil pour les hommes, que de respect pour cette terre, que de l'écoute qu'elle sollicite pour donner à son tour.
De prendre soin de cette terre, d'être bon avec elle et ceux qui la foulent, l'aide en annihilant la part angoissée de son âme, en la rendant plus silencieuse en tout cas, le fait redevenir "un" et éloigne ne serait-ce qu'infinitésimalement ce que son esprit affolé combat comme images enfouies en lui. Il revit...
De ce qui meurt, nait le don de vie, de celui qui souffre, peut naître la bienveillance, du regard qui se pose, devrait naître la bonté. Hommes, animaux et arbres sont faits pour communier et se confier la vie les uns aux autres. Et cet Eden, nous le possédons tous au fond de nous, comme une incarnation à faire croître de la sagesse : comme on prend soin de la plantule qui grandit, à nous de faire fructifier cette graine du don, pour insuffler la vie à ce qui nous entoure.
Un livre de sagesse, qui est une invitation à se faire attentif, un livre qui replace des valeurs dans un monde qui s'effiloche et se désagrège.
Un plaidoyer pour la main tendue, ouverte et pour la transmission . Ainsi grandirons-nous. En avons-nous encore le temps et la patience ?
"Voyez-vous, au commencement, les ténèbres régnaient dans l'abîme et si les ténèbres régnaient, c'est parce que les histoires s'y pressaient en si grand nombre qu'on n'aurait pu en distinguer une parmi d'autres."
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miracle : je viens de relire et ce jardinier est tout
simplement merveilleux, magique :
bien en avance sur tous les Ecologistes de la terre ;
une profondeur humaniste
enthousiasmante Je demande au Jardinier de l'Eden
s'il veut bien m'instruire encore sur l'Ile déserte de Babelio !!
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Voilà un livre présent dans ma bibliothèque depuis une dizaine d‘année ; acheté probablement à un moment de quête personnelle, et qui jusqu'à aujourd'hui attendait son heure. le moins que l'on puisse dire c'est que l'heure était passée !!!
L'auteur, narre sous forme de conte, dans les yeux d'une petite fille, l'histoire d'un oncle qui, de retour des camps, accueilli par sa famille aux Etats-Unis. Certes les retrouvailles sont émouvantes, pleines en tendresse. Certes il y a de la sagesse dans ce livre…Mais bon…….
Peut-être qu'il aurait fallu que je le lise avant ?
Il me semble que ce livre est né sur la vague du « livre du moi » d'il y a quelques années ; et que la magie s'en est allée. J'ai trouvé cela démodé, plus du tout bénéfique comme cela pouvait l'être à cette époque là.
Un livre qui tout simplement ne correspond plus à mes attentes de lectures. Un genre de livre dont j'ai certainement abusé aussi......
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Une leçon de vie. Un conte. Une légende. le battement d'un coeur : celui des hommes.
L'homme et la Nature sont indissociables. Il n'est pas là question de nourriture. Il est question de la force de vie. Car telle la Nature, l'homme n'est voué qu'à un seul destin : LA VIE. Quelque soient les désastres, les incendies, il y a toujours l'instant magique où le premier brin d'herbe ressurgit. L'homme est membre de cette Nature. Et c'est en l'observant que l'on y puise sa propre force. Un livre qui vous permettra de voir les arcs en ciel que vous ne soupçonniez pas....
Astrid SHRIQUI GARAIN
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L'homme traita mon oncle d'"idiot du village". Mais ce démarcheur ne connaissait pas mon oncle. Il ne savait pas qu'il avait vu sa vie réduite en cendres et qu'il demeurait pourtant gentil avec les enfants et attentif avec les animaux, tout en continuant à croire que la terre était un être vivant, doté de ses propres espoirs, de ses propres besoins et de ses propres rêves.
Mais attention, il ne s'agit pas de tailler dans le vif de la terre
pour la faire revivre, ni d'essayer d'atteindre l'Eden à grands coups de pelle.
Qu'importe la taille de jardin.
Un simple petite carré ou des champs, si vous plantez directement, faites-le en cajolant la terre, ne ramenez que de petites quantités, tapotez-la gentiment.
Agissez en douceur et à l'économie ....
Voilà comment il faut traiter le sol, en pensant bien à ce que l'on fait ...
une prière.
refuse de tomber. Et si tu ne peux refuser de tomber, refuse de rester à terre.
Si tu ne peux refuser de rester à terre, Elève ton coeur vers le ciel
et tel un mendiant affamé, demande qu'il soit rempli et rempli il sera.
On peut te faire toucher le sol, on peut t'empêcher de te relever
mais personne ne peut t'empêcher d'élever ton coeur vers le ciel
personne sauf toi même
c'est au plus noir du malheur que tout s'éclaire
dire que de là rien de bon n'est issu
c'est faire la sourde oreille.
J'ai entendu des gens demander : mais où est le jardin d'Eden ?
Mais voyons, il estd partout sur cette terre : sous les voies ferrées et les autoroutes, sous son revêtement fatigué et ses détritus,
la terre entière est le jardin d'Eden
Une prière
Refuse de tomber.
Et si tu ne peux refuser de tomber,
Refuse de rester à terre.
Si tu ne peux refuser de rester à terre,
Élève ton coeur
vers le ciel Et tel un mendiant affamé, Demande à ce qu'il soit rempli Et rempli il sera.
On peut te faire toucher le sol.
On peut t'empêcher de te relever. Mais personne ne peut t'empêcher
d'élever ton coeur
vers le ciel,
personne sauf toi-même.
C'est au plus noir du malheur
Que tout s'éclaire.
Dire que de là rien de bon
N'est issu
Est faire la sourde oreille.
C.P. Estés