C’était une journée idéale et, peu importe que ce soit plus long que prévu, la jeune femme profitait des rayons de soleil et de l’ambiance qui régnait dans la rue Sherbrooke. Pour la première fois depuis des semaines, elle se sentait en harmonie avec elle-même. Émilien avait enfin un travail, elle pourrait recommencer à faire des économies pour plus tard. Elle enviait parfois la liberté de son amie qui travaillait uniquement pour elle.
La vie de colon n’était pas de tout repos, il travaillait dur à ériger une cabane en bois pour y passer l’hiver. Il pensait souvent à elle et se disait à quel point il était heureux de ne pas l’avoir entraînée dans cette aventure désastreuse. Laurianne aspirait à une vie tellement plus belle et moins difficile qu’il s’en serait voulu éternellement. Il se donnait encore deux ans pour s’installer définitivement dans l’Ouest. En cas d’échec, il reviendrait au pays ou, peut-être, partirait pour la Nouvelle-Angleterre, où bon nombre de ses compagnons se trouvaient déjà.
Encore une fois, la maudite bouteille avait eu raison de lui. Cette soif qu’il ressentait depuis toujours l’avait emporté sur le sort de son jeune frère. Jamais il ne pourrait se pardonner de l’avoir laissé seul. Mieux valait peut-être, pour sa famille, qu’il parte loin et qu’il essaie de rebâtir sa vie…
Il n’y a que des femmes qui travaillent au quatrième étage. Quelques agents de sécurité viennent faire leur tour de temps en temps, mais c’est plutôt rare. J’avoue que c’est moins intéressant de voler un tapis que de subtiliser une belle écharpe !
Ce serait si facile de partir sans rien dire et de ne jamais revenir.