Ce qui est troublant chez des hommes comme lui, c'est que le triomphalisme avec lequel ils parlent de leur talent pour les affaires semble avoir contaminé tout ce qu'ils pensent sur quelque sujet que ce soit. Ils considèrent que le fait d'avoir si brillamment réussi dans leur métier les autorise à se prononcer sur le savoir humain tout entier. (...)
Il voulait simplement vous expliquer comment étaient les choses.
Il voulait que vous vous rendiez compte que quoi que vous puissiez penser sur un sujet, il en savait plus long que vous.
C'est drôle qu'entre une génération et la suivante l'intérêt des garçons pour la marque de leurs sacoches et l'obsession des filles pour leur vernis à ongles et leur mascara aient supplanté de façon presque radicale toute utopie révolutionnaire.
C'était comme si une héroïne des comédies musicales dont Semi raffolait s'était incarnée à l'endroit le plus inattendu. Une de ces jeunes femmes en technicolor qui vivent dans des mansardes en carton-pâte et qui, lorsqu'elles doivent exprimer enthousiasme ou contrariété, se mettent à chanter et danser accompagnées par des orchestres invisibles.
Et Rachel se retrouve dans la situation un peu comique de certains garçons timides qui en raccompagnant une fille chez elle après leur premier rendez-vous se décident à l'embrasser quand elle a déjà un pied hors de la voiture.
Ah, la parole donnée. Ce crétin avait osé lui expliquer combien elle était sacrée dans leur milieu. Comment dans leur milieu cette parole donnée représentait la vraie, l'authentique richesse. A l'entendre, cet imbécile, on aurait dit que l'industrie textile internationale était une espèce de confrérie pleine de bonnes intentions. Pas une savane peuplée de chacals, pas un océan infesté de requins à la Jacob Noterman, mais une sorte de chevalerie.
Bien qu'au regard des canons désuets de sa mère il n'ait presque rien fichu dans sa vie, Filippo n'était pas mécontent de lui. Il pensait même avoir imprimé à cette inertie une certaine distinction.
Je suis sûr qu'il considère les souvenirs comme ce qu'ils sont, une denrée périssable et surévaluée. Une affaire de rancuniers. Seuls les amers n'oublient jamais. Ce qui me pousse à croire qu'il n'y a pas tant de différence que ça entre l'oubli et le pardon.
On dit que le meilleur moyen de se libérer de ce qui étouffe est de le cracher.
Filippo se voit tout à coup en mari. Le quotidien avec une femme lui paraît une véritable bénédiction. Il se prend secrètement à envisager sa vie avec Elodie, balloté d'un endroit pourri de la planète à un autre, à s'occuper de la santé des enfants des autres. Ce scénario mental devrait l'angoisser. Au contraire, il l'exalte. Il ne désire rien d'autre que partager son expérience de coopérant humanitaire avec cette femme. Il veut coopérer avec elle vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Le jour il veut l'admirer comme mère Teresa de Calcutta, la nuit la baiser comme une star du porno !
C'était comme si une héroïne des comédies musicales dont Semi raffolait s'était incarnée à l'endroit le plus inattendu. Une de ces jeunes femmes en technicolor qui vivent dans des mansardes en carton-pâte et qui, lorsqu'elles doivent exprimer enthousiasme ou contrariété, se mettent à chanter et danser accompagnées par des orchestres invisibles.