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Critique de andman


Voici quelques mois, le premier volet d'une saga familiale signée Alessandro Piperno m'avait séduit, me laissant toutefois quelque peu sur ma faim.
Persécution”, Prix du Meilleur livre étranger 2011, s'achève sur la disparition tragique du personnage principal, Leo Pontecorvo, accusé à tort de pédophilie et abandonné de tous.
Depuis lors, des questionnements quant à cette lecture au style particulièrement caustique me revenaient de temps à autre à l'esprit. Comment ce médecin cinquantenaire avait-il pu se laisser mourir à petit feu dans l'indifférence générale ? Comment une femme et deux adolescents avaient-ils pu jouer de tant de lâcheté vis à vis d'un mari, d'un père ?

Le second volet ne pouvait plus attendre !
Le ton badin avec lequel l'auteur aborde les rapports humains interpelle d'emblée. le roman “Inséparables” commence ainsi : “Se fréquenter soi-même avec assiduité suffit pour comprendre que si les autres nous ressemblent, alors il ne faut pas leur faire confiance.”
Étonnant, non ?

L'écrivain italien a laissé les protagonistes du premier opus avancer en âge. Nous retrouvons Filippo et Samuel Pontecorvo bientôt quarantenaires, deux frères aux parcours de vie diamétralement opposés.
Il apparaît très vite que le traumatisme lié aux circonstances du décès de leur père a laissé chez les deux hommes des marques indélébiles, de sérieuses séquelles psychiques.
Une grande partie du roman a trait à la vie affective et à la sexualité de chacun d'eux, l'une et l'autre étant pour le moins bizarres. L'auteur tourne une fois de plus en dérision les moeurs de la bourgeoisie italienne, recourant parfois à une écriture directe et crue.
L'essentiel du roman se déroule à Milan et à Rome mais le lecteur voyage aussi dans le Manhattan des affaires à New York, les bidonvilles de Dacca au Bangladesh ou encore les milieux interlopes de Tachkent en Ouzbékistan.
Des circonstances extravagantes réunissent au final les deux frères et leur mère au domicile romain de cette dernière et permettent de crever l'abcès des anciens non-dits. Cet étonnant happy end porte incontestablement la marque d'un écrivain talentueux.

''Inséparables'', prix Strega 2012, a répondu à mon envie de comprendre jusqu'où l'étrangeté des relations humaines conduit parfois.
Alessandro Piperno ne court visiblement pas après le politiquement correct. Au vu de cette saga familiale si singulière, il flirte déjà avec le cercle de mes auteurs incontournables.



P.-S. :
Plusieurs critiques considèrent "Inséparables" comme un roman se suffisant à lui-même. Je ne partage pas ce point de vue : pour pleinement apprécier les subtilités de ce roman et notamment les particularités du milieu juif dans lequel gravitent les personnages, il est à mon sens préférable de lire auparavant “Persécution” (si vous aimez le premier volet de la saga, vous adorerez celui-ci).

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