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Comment, lorsqu'on pense à Lawrence d'Arabie, ne pas entendre les accords emblématiques du film éponyme, et ne pas visualiser le regard bleu de Peter O'Toole, dans un visage brûlé par le désert ? Car Thomas Edward Lawrence, entré dans la postérité sous le nom de Lawrence d'Arabie, est pour nous autant une personne réelle qu'une figure historique, mais surtout qu'un "personnage conceptuel", une création sur laquelle est projetée des idéaux et valeurs, un romantisme simplifié mais aussi contesté, qui en masque la complexité et les contradictions... De son vivant, T.E. Laurence a été à la fois l'acteur et la victime de sa propre légende, personnalité complexe et cultivée, ascétique, animée d'un profond idéal de chevalerie que son destin le mènera à trahir. Il y a beaucoup à dire -et beaucoup l'a été, en bien comme en mal- sur la vie et les choix de T.E. Lawrence, sur la trajectoire et les forces internes qui le menèrent de l'Angleterre aux champs de batailles et aux déserts du Moyen-Orient durant la première guerre mondiale, puis le pousseront à expier le reste de sa vie sous un pseudonyme, en temps que simple soldat... "T.E. Lawrence, le désert, l'avers du désir" se veut une biographie passée au crible de l'analyse appliquée Freudienne, jetant autant que faire se peut les lumières de la psychanalyse sur la vie, les névroses et certains aspects des plus complexes de la personnalité de l'homme. Gérard Pirlot a l'intelligence de ne pas chercher à réinventer la poudre et se base largement sur l'extensive littérature existant sur Lawrence d'Arabie, entre les différentes éditions des Sept piliers de la Sagesse et les travaux de ses biographes complaisants comme de ses détracteurs, retraçant les événements de manière assez précise et n'hésitant pas à signaler les épisodes dont le déroulé ou la véracité sont sujets à controverse pour y apporter l'éclairage de sa discipline. Ces analyses m'ont globalement paru intéressantes voir pertinentes, malgré l'emploi parfois excessif du jargon psychanalytique. Le choix par contre de comparer longuement la trajectoire de Lawrence à celle de Freud aura peut-être de l'intérêt pour le lecteur plus versé en psychanalyse que moi, mais pour la part, sans en juger la justesse ou non, j'ai trouvé que cette mise en parallèle n'apportait finalement pas grand chose de plus au portrait de Lawrence. On regrettera également la répétition insistante de certaines citations que l'on retrouve jusqu'à cinq à six fois dans l'ouvrage, parfois avec des traductions différentes, et qui pèsent un peu sur le rythme. Au final ce n'est pas forcément l'ouvrage par lequel aborder le personnage pour la première fois, mais un ajout intéressant à la bibliographie pour qui veut approfondir. + Lire la suite |