Mathias est un déraciné, asocial, feu brûlant sous la glace.
Mathias est…Canadien ? Allemand ? Trappeur ? Soldat sanguinaire ?
Mathias est un tueur. Mathias est le sauveur d'une petite Juive au regard de braise sous lequel la vie explose. Ce n'est en tout cas pas un nazi obéissant corps et âme à son Fürher.
Nous sommes plongés dans l'offensive des Ardennes, en décembre 44, dans la campagne ardennaise près de Stoumont. Membre du commando de Skorzeny, chef de l'opération « Greif » qui a pour but de s'infiltrer dans les troupes américaines afin de faciliter l'accès à la Meuse et par-delà jusqu'Anvers, Mathias est déguisé en Américain. Et c'est en passant à Stoumont que le curé lui confie une petite Juive, « Renée », qu'une famille aux abois lui a remise séance tenante. Direct dans la gueule du loup…sauf que Mathias est hypnotisé par la force de vie de cette enfant au moment de l'abattre d'une balle dans la tête. Ceci sera le point de départ d'une relation hors du commun. de la cabane dans les bois à la ferme pleine de civils crevant de faim, de froid, de maladie, visitée par les Américains, par les Allemands, Mathias et Renée continueront à se subjuguer. Mais cela est-il possible, dans ce monde en guerre plein de chausse-trappes, plein de gens prêts à dénoncer une petite fille et un grand bonhomme pour sauver leur peau ?
Ce roman m'a enthousiasmée au début parce que la bataille des Ardennes et cette région chère à mon coeur me sont très familières. J'habite à quelques dizaines de kilomètres de là, et depuis mon enfance, nous nous y rendons. Je connais tous les musées de la région, donc les références historiques et géographiques relatées de main de maitre par
Emmanuëlle Pirotte (historienne) ne me sont pas du tout étrangères. Ajoutées à cela les phrases en wallon disséminées dans la conversation, tout ceci me comble.
Par contre, j'ai moins aimé le choix narratif, comme le point de vue « omniscient » qui permet de connaitre les pensées de tout le monde, d'autant plus que le style très plaisant est à certains moments anachronique. Pensait-on comme ça à cette époque ? Cela m'a semblé trop dispersé, j'aurais préféré être en communion intime avec Mathias ou Renée. Et puis parlons-en de Renée…beaucoup trop mûre, à mon avis, pour ses 6 ou 7 ans. Mon intérêt s'est donc quelque peu émoussé au fil de ma lecture, même si je reconnais que j'ai aimé passer quelques heures dans cette cave où les passions et les jalousies se déchainent.
Emmanuëlle Pirotte, dont «
Today we live » est le premier roman : encore une auteure belge à suivre !