Couvrez-les bien, il fait froid dehors... - Sophie Pirson - Roman-Récit - Éditions du Cerisier - Paru en néerlandais aux éditions EPO - Lu en janvier 2023.
Merci à Nicolas Babelio masse critique du 10 janvier et aux éditions du Cerisier pour l'envoi de ce livre .
Couvrez-les bien, il fait froid dehors... Conversations entre
Sophie Pirson et Fatima Ezzarhouni, deux femmes profondément blessées, l'une Sophie, parce que sa fille a été une des nombreuses victimes de l'attentat terroriste qui a eu lieu dans le métro Maelbeek à Bruxelles le 22 mars 2016, et l'autre, Fatima, dont le fils de 18 ans est parti combattre en Syrie en juin 2013, en laissant une lettre à sa maman qui ne s'est doutée de rien.
A priori, ces deux femmes n'auraient jamais dû se rencontrer, mais au cours d'une rencontre organisée qui rassemblait des proches de radicalisés et des proches de victimes d'attentats, le courant est passé entre ces deux femmes. Elles se sont "racontées" au fil du temps, chez l'une et chez l'autre, autour d'une tasse de thé, de café, de chocolat.
Leurs échanges sont poignants, ces deux mamans souffrent et unissent leur souffrance pour se soutenir et dépasser le séisme qui les a secouées, elles entrent dans une résilience et leurs mots se font douceur, elles ont une complicité incroyable malgré leur culture différente, comme si deux fils les reliaient l'une à l'autre. Elles éloignent d'elles la violence et le malheur. Fatima apprendra la mort de son fils Abdellah dans une prison syrienne le 4 février 2021.
Elles décident de mettre sur papier des moments intenses de leurs rencontres et ce livre
Couvrez-les bien, il fait froid dehors... a pris vie.
Il y a des passages qui font fondre, émeuvent et font du bien.
J'aime particulièrement celui-ci, c'est Sophie qui parle :
"A l'heure où j'écris notre histoire, ton petit-fils a trois ans, le suivant va avoir un an. Tu vis éloignée de leurs berceaux. Ils respirent et trottinent en Syrie, dans des paysages que tu ignores. Tu me dis, au téléphone, que tu frémis en pensant à eux : - Quelle peut être leur vie au milieu de la guerre, Sophie ? Quand je vois ce qu'on voit à la télévision, je touche leur souffrance. Je ne peux pas m'empêcher de les chercher au milieu des groupes d'enfants amassés dans les camps. A chaque enfant que je vois, je pense : - C'est peut-être lui. Ou bien, c'est lui, le petit là-bas... (page 77)
"A l'heure où j'écris notre histoire, on parle de rapatrier, sans leurs mères, les enfants nés en Syrie et nos dirigeants exhortent cruellement celles-ci à les laisser partir. (page 79)
C'est un beau livre, plein d'amour, d'amitié, de pardon, un livre de paix.
Sophie Pirson a aussi écrit le printemps, c'était hier publié chez indekeuken editions en 2017.
Et je termine en vous disant (c'est la maman poule en moi qui parle!) couvrez-vous bien, il fait froid dehors.