Sergio Pitol a écrit une trilogie du carnaval et le premier tome, Parade d'amour (1984) que j'ai lu il y a fort longtemps, je n'avais pas eu le courage de finir le livre, alors que, relu bien des années après en espagnol, je l'ai trouvé assez bon; un livre qui a reçu le Prix Herralde 1984. le deuxième tome est celui-ci,
Mater la divine garce, et le troisième,
La vie conjugale (1991) traduit en français en 2007, a fait l'objet d'un film éponyme tourné en 1993 au Mexique (film non vu et livre non lu).
Mater la divine Garce (2004 pour la traduction en français) est un livre publié en 1988 sous le titre Domar a la divina garza. Il y a un jeu de mots avec le titre en français car la garza n'est pas la garce en français. La garza c'est le héron, la garza n'a aucune connotation péjorative en espagnol. La garce n'est pas le héron en français, mais possède une connotation assez forte et très négative, crue, voire grossière. C'est un roman de registre burlesque avec une mise en abyme et trois étapes, abordées du point de vue théorique de
Mikhaïl Bakhtine selon sa notion du carnavalesque, Bakhtine qui est mentionné par
Sergio Pitol dans le premier chapitre.
Ce roman a été très bien perçu au Mexique, considéré pour certains comme un des meilleurs romans du XXè, auréolé d'un savoir narratif hors pair.
Le roman se divise en 7 chapitres dont chaque titre resume la teneur du chapitre. Dans le primer chapitre nous avons une mise en abyme car
Pitol nous présente un écrivain la veille de ses 65 ans quand il se sent amoindri pour entamer l'écriture d'un nouveau roman. Aussi, dans ce premier chapitre
Pitol va nous décrire la structure selon laquelle le personnage va monter ce roman à écrire. Il pense aux théories de Bakhtine sur le mode du carnaval et la fête, puis il mentionne l'obsession d'un personnage pour
Dante et ensuite son obsession pour
Gogol. Dans le chapitre 2 l'écrivain de 65 ans commence son roman avec Dante C. de la Estrella qui visite la famille Millares et tombe sur les enfants en train de monter un puzzle d'Istanbul….Ceci lui rappelle des souvenirs.
En gros, le personnage principal et narrateur est Dante Ciriaco de la Estrella, un jeune homme qui a fait son Droit au Mexique et qui obtient une bourse afin de se perfectionner à Rome. Il est d'origine modeste et fera la connaissance à Rome d'un frère et d'une soeur dénommés Vives, d'un milieu social nettement plus élevé et qui vont l'embarquer dans un voyage rocambolesque à Istanbul pour rencontrer une femme extraordinaire : Marietta Karapetiz, dont on lui a vanté l'érudition, experte en
Gogol (le surnom de Marietta est la divina garza). Ce naïf jeune homme croit qu'il pourra profiter des largesses de ses nouveaux amis, le frère et la soeur Vives… mais pas du tout ! Il devra dépenser toutes ses économies pour les accompagner dans une aventure ridicule, burlesque, pretexte pour décrire des scènes scatologiques.
Mater la divine garce est un roman où l'auteur aurait voulu dégager ces trois thèmes : la fête, l'exorcisme d'un vieux fantôme (?) et sa passion pour
Gogol. Il est vrai que
Gogol ressort souvent dans le roman: pauvre
Gogol, largement parodié. L'atavisme mexicain ressort aussi dans le contexte, où le verbe procrastiner (demain, toujours demain !) est superbement conjugué et aussi, apparemment, le manque de ponctualité des mexicains.
Les personnages féminins sont tous grotesques, en commençant par Marietta qui prétend être la personne qu'elle n'est pas, puis la frivole et stupide Ramona Vives et l'épouse du narrateur Maria Inmaculada de la Concepcion alias Concha, grosse, assez répugnante et radine.
Quel exorcisme s'est permis
Sergio Pitol en créant le personnage de la divine garce, véritable déversoir de son dégoût.
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