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EAN : 9791020905789
296 pages
Les liens qui libèrent (10/01/2018)
  Existe en édition audio
4.35/5   226 notes
Résumé :
Révolution numérique, transition énergétique, mutation écologique, etc? D'aucuns journalistes, politiques, chercheurs et prospectivistes, nous parlent d'un nouveau monde enfin affranchi des matières fossiles, des pollutions, des pénuries, des tensions politiques et militaires ? Et bien cet ouvrage formidablement documenté, fruit de six ans d'enquête, nous montre qu'il n'en est rien ! En nous émancipant des énergies fossiles, nous sombrons en réalité dans une nouvell... >Voir plus
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Lu dans un cadre professionnel, ce livre me semble tellement important que j'ai eu envie d'en faire un résumé.

Si je vous dis tantale, antimoine et vanadium, vous pensez à quoi ? Si à ces mots vous associez spontanément une araignée, une méthode anticléricale radicale et un médicament sensé faire dormir, alors ce livre est fait pour vous. Je viens en effet de vous donner les noms, pour le moins exotiques, de trois métaux dits rares parmi la trentaine qui existe. Ces métaux qui, depuis les années 70, font l'objet de toutes les attentions, de tous les espoirs du fait de leurs fabuleuses propriétés magnétiques et chimiques. Utilisés notamment en abondance dans les technologies vertes et celles du numérique. C'est dire leur importance croissante !

Les métaux abondants comme le fer, le cuivre, le zinc, l'aluminium, par exemple, coexistent avec une famille de métaux rares. Ces derniers sont donc associés aux métaux abondants, mélangés à eux dans l'écorce terrestre mais dans des proportions souvent infimes, d'où le terme de rareté utilisé. Ils représentent ainsi une toute petite production annuelle et sont de ce fait relativement onéreux.
Le must du must en matière de métaux rares sont les terres rares (les terres rares sont donc une famille de métaux rares). Elles ont en effet de stupéfiantes propriétés électromagnétiques, optiques, chimiques, catalytiques. Il y aurait 17 terres aux noms encore plus exotiques que les métaux rares cités en préambule (yttrium, scandium, samarium…) - idéal pour trouver un prénom original -. Ce sont ces terres rares notamment qui ont permis d'avoir tous les objets plus petits, via les aimants de terres rares, bouleversant au passage l'électronique moderne.

Ces métaux rares seraient à la base du « capitalisme vert », dans lequel nous remplaçons peu à peu des ressources qui rejettent des milliards de tonnes de gaz carbonique par d'autres qui ne brulent pas. Pas de CO2 , donc moins de pollution mais en même temps plus d'énergie. Paradisiaque n'est pas ? D'ailleurs leur utilisation croissante est source de guerre de territoire et de convoitises, d'où le titre de l'auteur.

Vive la voiture électrique, les énergies renouvelables et les technologies numériques ! Véritable enthousiasme lorsque l'on réalise qu'il y a, de plus, convergence des transitions numériques et écologiques, le numérique décuplant les potentialités des technologies vertes. Voilà la solution à nos problèmes me direz-vous.
Que nenni, mille fois hélas, et c'est ce que se propose Guillaume Pitron de décortiquer dans ce livre. Et c'est édifiant.

Trois problématiques sont en ligne de fond de son essai : la problématique écologique, la problématique économique et industrielle et la problématique géopolitique. Je me concentrerai ici surtout les aspects écologiques.


Problématique écologique donc tout d'abord.

Notre quête d'une croissance plus écologique a conduit à l'exploitation intensifiée de l'écorce terrestre pour extraire les métaux rares. Les impacts environnementaux sont encore plus importants que ceux générés par l'extraction pétrolière. Les problèmes écologiques générés par les métaux rares sont de deux ordres : leur extraction et leur recyclage.

Leur extraction tout d'abord car n'oublions pas qu'ils sont totalement mélangés aux métaux plus abondants. Un peu comme du sel dans le pain, la farine étant la roche, l'eau le métal abondant et le sel le métal rare. Ce raffinage nécessite de broyer la caillasse, puis d'employer de nombreux réactifs chimiques et nitriques avec utilisation de beaucoup d'eau qui va alors se charger d'acides et de métaux lourds…ce qui n'est pas sans répercussions sanitaires lourdes.

Donc avant même leur mise en service une éolienne, un panneau solaire, une voiture électrique portent un déplorable bilan énergétique et environnemental. C'est bien le coût écologique de l'ensemble du cycle de vie des technologies vertes qu'il faut mesurer et non seulement le coût écologique sur leur seul usage.

Prenons la voiture électrique. Elle est censée consommer moins d'énergie certes. Sa fabrication cependant requiert plus d'énergie que l'usinage d'une voiture classique. Ceci à cause des batteries, très lourdes, souvent des batteries lithium-ion composées à 80% de nickel, 15% de cobalt, d'aluminium, de lithium, de cuivre, d'acier, de graphite, extraits dans des conditions humainement et écologiquement répréhensibles en Chine, au Kazakhstan, en République démocratique du Congo. A cela s'ajoute leur raffinage puis leur logistique nécessaire à leur transport et leur assemblage. Ainsi l'industrialisation d'une voiture électrique consomme 3 à 4 fois plus d'énergie qu'une voiture conventionnelle. Certes, lorsqu'on regarde le cycle de vie complet les avantages d'une voiture électriques sont réels…si et seulement si son autonomie ne va pas au-delà des 120 km. Avec une autonomie de 300 km il y a un doublement des émissions de carbone générées au cours de la phase d'usinage. Quand on pense que Tesla va aller vers l'autonomie de 600km…

Guillaume Pitron met en valeur par ailleurs le bilan écologique des technologies numériques, censée nous faire accéder à la sobriété énergétique. En effet, elles permettraient de concevoir des réseaux électriques intelligents résolvant le problème de la production saccadée d'énergie par le soleil et le vent, elles permettraient ensuite d'atténuer l'impact carbone des activités humaines en favorisant la consommation collective (exemple de Blablacar) et en permettant une dématérialisation croissante (télétravail, commerce électronique, téléprocédures, stockage numérique des données).
En réalité, le digital nécessite l'exploitation de quantités considérables de métaux (la fabrication des seuls ordinateurs et téléphones portables engloutit 19% de la production globale de métaux rares comme le palladium, 23% du cobalt…), il engendre également un fonctionnement accru des réseaux électriques (1 mail avec 1 pièce jointe représente 1h d'une ampoule basse consommation). Sans parler des systèmes de refroidissement des data center qui consomme chaque jour chacun l'équivalent d'une ville de 30 000 habitants.

Le recyclage des métaux rares à grande échelle est-il envisageable permettant plus de sobriété énergétique ? de nombreux pays collectent déjà des déchets électroniques, comme le Japon où 300 000 tonnes de terres rares dormiraient à travers le pays. le problème du recyclage des métaux rares est son coût. Comme ils n'entrent pas à l'état pur dans la composition des techniques, il faut désallier ces matières suivant des techniques lourdes, coûteuses, employant beaucoup de produits chimiques et d'énergie. Nous en arrivons au paradoxe selon lequel la récupération des métaux rares et plus cher que la valeur de ces métaux. Donc rien ne se fait. Ou si peu…


Problématique économique et industrielle ensuite.

En nous engageant dans la transition énergétique, nous nous sommes tous jetés dans la gueule du dragon chinois qui a en effet le monopole d'une kyrielle de métaux rares indispensables aux énergies bas carbone et aux numérique, les deux piliers de la transition. Nous devenons de plus en plus dépendants à une seule nation, la Chine, apte de ce fait à nous imposer embargo, quota et prix. L'auteur montre comment la Chine, à partir de ce monopole, a peu à peu fait main basse sur les hautes technologies, celles qui utilisent ces métaux et surtout les terres rares. Dans les années 1990, nos usines de raffinage ont poussé comme des champignons en Chine. Nous avons ainsi fourni à la Chine l'écosystème lui permettant de reproduire le savoir-faire occidental, de mener leurs propres activités de Recherche et Développement et de progresser sur les activités à plus forte valeur ajoutée laminant notre industrie. L'auteur s'appuie sur l'exemple de Rhône Poulenc à la Rochelle.


Problématique géopolitique enfin.

Cette nouvelle ruée vers les métaux rares accentue les tensions pour l'appropriation des gisements les plus fertiles créant certaines tensions que l'auteur met en valeur. Au-delà de cette guerre, notons que la pollution n'est plus émise dans les agglomérations grâce aux voitures électriques mais est déplacée dans les zones minières où l'on extrait les ressources indispensables à la fabrication de ces voitures.


En conclusion notre nouveau modèle économique, basé sur la double transition écologique et numérique, est terriblement pernicieux. Les énergies dites propres nécessitent le recours à des minerais rares dont l'exploitation est tout sauf propre. Encore faut-il avoir en tête d'appréhender l'ensemble du cycle de fabrication des éoliennes et des panneaux photovoltaïques, ou encore des voitures électriques. Par ailleurs cette nouvelle dépendance aux métaux rares a entrainé une dépendance aux pays exploitant ceux-ci et en premier lieu la Chine. Nous sommes passés d'une dépendance à une autre, d'un centre névralgique (les pays pétroliers) à un autre, avec toutes les nouvelles tensions géopolitiques que cela induit...

Ne jamais oublier de se poser la question : combien faut-il d'énergie pour produire de l'énergie...?

Un livre salutaire et très pédagogique, véritable pépite, fruit de six ans d'enquête. Cet auteur a également publié « L'enfer numérique » tout aussi édifiant.
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Sous ce titre peu accrocheur se cache une pépite que vous devez tous lire .C' est un essai qui se lit comme un thriller. Il y a là matière à de nombreux films ou séries . C' est riche , clair , très documenté et, surtout , facile à lire. Mieux qu' un livre de vulgarisation , un texte qui remet en cause bien des certitudes
Sur l'écologie , les énergies soi disant vertes : l'éolien , la voiture électrique, les nouvelles technologies et même la pollution que nous créons quand nous écrivons un mail
Des arguments scientifiques auxquels nous n'aurions pas pensé
Des informations précises sur ces métaux et terres rares indispensables
dans tout ce que il y a de plus pointu et de plus connecté sur notre planète
Autre aspect passionnant : la géopolitique pour l'appropriation de ces fameuses terres rares dont la grande majorité est détenue par la Chine qui pourrait donc imposer son modèle économique au reste du monde
Mais ce ne est pas si simple
Et là , c' est parti pour un voyages à travers le monde des ressources minières beaucoup plus compliqué qu' il n' y paraît. On se retrouve en Russie, en Indonésie mais aussi dans une tribu perdue d'Afrique du Sud.
Même la France se pose une question incongrue : faut il recréer un secteur minier en France . Actuellement ,il reste l'or de la Guyane mais aussi le nickel et surtout le le cobalt de Nouvelle Calédonie
Inutile d'en dire plus tant ce livre regorge de surprises , de remises en cause de certitudes élémentaires et d'idées innovantes sur l'avenir
Vous sortirez forcément plus instruit de ce livre et plus critique sur certains discours écologiques ou politiques un peu trop simplistes
Et surtout vous aurez passé un excellent moment de lecture
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Voici un livre qui m'a dégrisé durablement de mon euphorie béotienne par rapport à la perspective de la transition énergétique, à ce que la révolution numérique promettait de dématérialisation, en bref vis-à-vis de toute mutation écologique. L'essai a deux thèses à démontrer :
1. que toutes les technologies que nous envisageons actuellement comme étant vertes, « décarbonnées », visant à sortir des combustibles fossiles ainsi qu'à promouvoir le numérique dans toutes ses innombrables applications, sont irrémédiablement tributaires des métaux rares, véritables matières premières de la nouvelle révolution industrielle (à l'instar du charbon au XIXe s. et du pétrole au XXe.), lesquelles, outre que « rares » donc peu durables (sustainable), ont un impact environnemental exécrable tout au long de leur cycle de vie (mais particulièrement lors de l'extraction et de l'éventuel recyclage) ; accessoirement : ces métaux rares sont (actuellement) disponibles ou commercialement exploités dans un nombre extrêmement restreint de pays (USA, Brésil, Afrique du Sud, RD du Congo, mais surtout, pour la très grande majorité d'entre eux, et dans des proportions dépassant 95%, la Chine) ; d'où :
2. que la Chine, alliant à la chance de ses disponibilités minières une politique avisée et à long terme, une diplomatie agressive, d'immenses investissements et aussi une certaine « nonchalance environnementale » (!), a acquis désormais une telle suprématie mondiale non seulement dans la production des métaux rares, mais de toutes les technologies en aval de celle-ci, qu'il semble quasi inévitable qu'elle dominera allégrement l'ensemble de l'économie et sans doute aussi les technologies militaires de pointe du XXIe s., tout comme l'Empire britannique domina le XIXe avec son charbon et les États-Unis le XXe avec leur mainmise efficace (et encore prégnante) sur le pétrole.
Par conséquent, cet essai, très lisible malgré le foisonnement de données, de références, d'avis d'experts et possédant les caractéristiques de l'enquête journalistique, a, à parts égales, une double nature : écologique et géopolitique. Dans les deux versants, l'auteur est passablement alarmiste, même s'il laisse un soupirail d'espoir en fin d'ouvrage, consistant dans une possible prise de conscience occidentale, dans une invite à nous autres, Français et Occidentaux, à nous ressaisir de notre industrie minière (dans la mesure du possible), à relocaliser certaines productions stratégiques, et surtout à changer nos habitudes de consommation. Je précise que, de mon point de vue, la partie écologique de l'ouvrage a été beaucoup plus effarante, donc plus instructive, plus inductrice de réflexion que le partie géopolitique, inspirée d'une sorte de « néo-colbertisme » un peu trop simpliste, d'une antipathie anti-chinoise facile et à la mode, et surtout de l'insuffisante prise en compte de tous les facteurs systémiques qui influent dans les relations internationales (particulièrement en géopolitique).
En particulier, j'ai été atterré par le caractère totalement confidentiel des études sur l'impact environnemental, y compris sur le bilan carbone, de l'extraction de ces matières premières aux noms tout à fait imprononçables qui nous faisaient rire, adolescents, devant la table périodique des éléments ; ignorance délibérée et sans doute politique sur leur incroyable diffusion à la fois au coeur des objets qui nous sont devenus si familiers (nos voitures, nos téléphones portables, les circuits de nos appareils informatiques, les LED, tout ce qui contient des « super-aimants » c-à-d tout ce qui comporte des champs électro-magnétiques miniaturisés), sans parler de ceux qui nous sont « vendus » comme des promesses d'avenir : les éoliennes, les voitures électriques avec leurs infâmes batteries (dont nul ne parle de leur durée de vie ni de leur élimination en fin de cycle), les panneaux photovoltaïques, les réseaux électriques « intelligents » ; enfin sur la supercherie des perspectives du recyclage... : « comme l'admet un expert américain des métaux rares interrogé à Toronto, "il n'est dans l'intérêt d'aucun professionnel des énergies vertes de communiquer là-dessus... Tout le monde veut croire que nous améliorons les choses, pas que nous régressons, n'est-ce pas ?" » (cité p. 62). Vouloir croire, effectivement : voilà l'éternel problème !
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Après quelques mois à le laisser traîner sur l'étagère, j'ai entamé cet essai de Guillaume Pitron, et ne l'ai plus lâché jusqu'à sa fin.

Traitant à la fois d'économie, de développement durable, d'industrie minière, de magnétique, d'histoire et de géopolitique, La guerre des métaux rares n'en demeure pas moins une lecture simple, accessible, et très édifiante, à travers laquelle l'auteur tente de sensibiliser son lecteur au coût écologique réel de la transition énergétique telle qu'elle a été définie (et ratifiée par plus d'une centaine de pays) lors de la COP 21 à Paris.

L'hypothèse selon laquelle nouvelles technologies et green technologies vont s'allier pour sauver la planète et permettre un développement durable et non (moins) polluant est remise en question à travers une argumentation précises et fouillées, citant au passage bon nombre d'ouvrages qui ont l'air plus qu'intéressant : on y apprend que les technologies dites "vertes" (éoliennes, panneaux solaires, voitures électriques...) contiennent toutes des terres rares, de super métaux aux propriétés aussi impressionnantes que concentrées (c'est plus petit, mais super puissant).

Le souci environnemental : l'extraction de ces terres rares est extrêmement polluante...donc si l'on veut plus d'énergies vertes, il faudra également extraire plus de terres rares, et donc la pollution ne disparaîtra pas comme par magie.

Le souci géopolitique : ces terres rares sont plutôt rares, exceptés quelques pays chanceux (la Chine bien sûr, la RDC, l'Afrique du Sud, le Brésil, la Turquie, la Russie, les Etats-Unis, la France, et pour d'autres métaux moins rares mais tout aussi nécessaires la Bolivie, l'Argentine, le Chili, ou encore l'Indonésie). Prendrons-nous le risque d'être dépendants pour l'approvisionnement de ces précieux métaux aussi indispensables aux technologies vertes qu'aux nouvelles technologies (et donc aux industries d'armement) ?

Le souci (d'intelligence) économique : la Chine a accepté de sacrifier son environnement pour la production de ces précieux terres rares, dont elle domine le marché : les faibles coûts d'extraction lui permettent de vendre à des prix compétitifs, qui empêchent les pays soumis à des normes environnementales plus strictes de lancer leur propre production, ou même de recycler d'anciens appareils...Mieux, elle manipule les cours de ces matières, et n'hésite pas à jouer de ses prétendus stocks pour se jouer de la concurrence ou mettre sous pression des pays tels que le Japon.

Cela commence à faire pas mal de problèmes pour des technologies censées nous sauver ! Si la plupart des sujets ci-dessus sont loin d'être totalement méconnus, l'ouvrage de Guillaume Pitron apporte des explications et des exemples simples et extrêmement parlant, qui poussent à la réflexion et non à des convictions simplistes. En plus de cet exercice de questionnement, La guerre des métaux rares contient une foultitude d'anecdotes très intéressantes, tant sur la stratégie économique de la Chine, sur la propension des pays occidentaux à penser court-terme ou encore sur ce que recèle le sous-sol français...sans parler de la mention d'une tribu sud-africaine administrant son royaume grâce à une intelligente exploitation du platine.

Un vrai coup de coeur, à mettre entre les mains de tous ceux qui se soucient (ou non) d'écologie, pour que les choix politiques en matière de développement durable soient faits avec intelligence...ou à défaut, avec la conscience des impacts qu'ils impliqueront.
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Métaux rares ? Pas tant que cela puisqu'on en trouve partout sur la planète. ProblèmeS : on extrait seulement quelques milligrammes de ces métaux par dizaines de kilos de roches. ProblèmeS donc ! Avec un S majuscule puisque ces métaux sont le nouvel or des capitalocènes qui ont décidé « quoi qu'il en coûte » comme dit l'autre (enfin surtout quoi qu'il en coûte pour ceux qui en subissent les conséquences les plus graves) de poursuivre dans la voix du Projet ! Heu pardon du Progrès ! ProblèmeS donc puisque les orientations prises par nos chères (au sens que vous imaginez) élites au service de nos plus chèrs encore grands puissants de ce monde (les détenteurs rares de capitaux en pagaille) vont inévitablement déboucher sur des dégâts colossaux : en termes géopolitiques comme écologiques.
Guillaume Pitron livre ici les résultats d'une enquête aussi passionnante que terrifiante, dont on sort écoeuré. Un tel aveuglement ; puisque si Guillaume Pitron le montre c'est que c'est connu, quoi que caché par toute une propagande comme souvent très orientée et qui respecte le sacro saint principe des dominants qui ont compris comment rester en place : tout changer (ici soit disant passer à des techno vertes grâce à ces métaux rares) pour que rien ne change (maintenir un état consumériste par la mythologie du bonheur dans l'avoir pour mieux consolider un ordre dont une petite élite tire les plus grands profits : pouvoir et argent).
La guerre des métaux rares est la simple continuation de ce que certains hommes savent faire de mieux dans le pire : exploitation, mensonge, trahison, écocide voire sociocide… on en finirait pas !
On se prend à rêver, devant une telle avalanche de démonstrations et de faits que les coupables soient convoqués au tribunal populaire pour escroquerie en bande organisée mais bien sûr cela ne saurait arriver : « Au complot ! » crieront les chiens de garde. « Aux fascos ! » crieront les puissants qui s'estiment irresponsables (surtout devant les peuples). Alors « que faire ? » comme questionnait l'autre (non pas le même ; lui parlait de la révolution dans le vrai sens du terme). Hé bien déjà lire ce livre (comme bien d'autres qui participent à nous éclairer véritablement). Et puis, commencer à penser vraiment : refaire de la matière grise un métal abondant et pourquoi pas le plus puissant.
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Citations et extraits (62) Voir plus Ajouter une citation
« La réouverture des mines françaises serait même la meilleure décision écologique qui soit. Car la délocalisation de nos industries polluantes a eu un double effet pervers : elle a contribué à maintenir les consommateurs occidentaux dans l'ignorance des véritables coûts écologiques de nos modes de vie, et a laissé à des États dépourvus de tout scrupule écologique le champ libre pour extraire et traiter des minerais dans des conditions bien pires que si la production avait été maintenue en Occident.
À l'inverse, relocaliser les mines en France et en Occident pourrait générer deux effets positifs. D'abord, nous prendrions immédiatement conscience, effarés, de ce qu'il en coûte réellement de nous proclamer modernes, connectés et écolos. […]
Peut-être abandonnerions-nous aussi le sacro-saint dogme du pouvoir d'achat et accepterions-nous de dépenser quelques dizaines d'euros supplémentaires pour des téléphones un peu plus propres...
En d'autres mots, notre empressement à circonscrire la pollution serait tel que nos progrès environnementaux seraient fulgurants, et nos modes de consommation à tous crins fortement réduits. » (pp. 236-237)
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Ces énergies - encore qualifiées de « vertes » ou de « décarbonées », car elles nous permettent de nous désaccoutumer des énergies fossiles - reposent en réalité sur des activités génératrices de gaz à effet de serre. Il faut des quantités considérables d’énergie issue des centrales électriques pour exploiter une mine, raffiner les minérais, puis les acheminer vers un centre de production où ils seront incoporés dans une éolienne ou un panneau solaire. N’y a-t-il pas une ironie tragique à ce que la pollution qui n’est plus émise dans les agglomérations grâce aux voitures électriques soit simplement déplacée dans les zones minières où l’on extrait les ressources indispensables à la fabrication de ces dernières ? En ce sens, la transition énergétique et numérique est une transition pour les classes les plus aisées : elle dépollue les centres-villes, plus huppées, pour mieux lester de ses impacts réels les zones miséreuses et éloignées des regards.
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Dissimuler en Chine l’origine douteuse des métaux a permis de décerner aux technologies vertes et numériques un certificats de bonne réputation. C’est certainement la plus fantastique opération de greenwashing de l’histoire.
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L'adoption en 2022 de la directive européenne dite "CSRD" ( Corporate Sustainability Reporting Directive) qui s'appliquera progressivement à compter du 1er janvier 2024.
Ce texte oblige nombre d'entreprises, en sus de leur comptabilité classique, à réaliser un bilan de l'impact humain et environnemental de leurs actions. Cette comptabilité dite en "triple capital" (économique, social et écologique) mettra ainsi en lumière des gains ou des dettes écologiques et sociales contractées par les acteurs de l'économie, là où nos méthodes d'écriture traditionnelles n'enregistraient que des bénéfices ou des pertes de nature strictement financière.
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La transition énergétique et numérique est une transition pour les classes les plus aisées : elle dévolue les centres-villes les plus huppés, pour mieux lester de ses impacts réels les zones les plus miséreuses et éloignés des regards.
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Vidéo de Guillaume Pitron
Quels sont les progrès mais aussi les parts sombres de la révolution numérique? Quel impact sur l'environnement? Et quelle société demain ?
Entre scénario catastrophe, constats alarmants et fascination, dialogue autour du numérique et des craintes qu'il suscite parfois, entre les auteurs Mirwais Ahmadzaï ("Les tout-puissants", Séguier), Gérald Bronner ("Les lumières à l'ère du numérique", PUF), Guillaume Pitron ("L'enfer numérique- voyage au bout d'un like", Les Liens Qui Libèrent), le 10 septembre 2022 au palais du Gouvernement.
Rencontre précédée de la remise du Prix Livre Environnement de la Fondation Veolia par le président du jury Dominique Bourg, aux lauréats 2022: Guillaume Pitron pour "L'enfer numérique - voyage au bout d'un like" (Les Liens Qui Libèrent) et Gilles Macagno pour "Mauvaise réputation- Plaidoyer pour les animaux mal aimés" (Delachaux et Niestlé). Animation : Laure Dautriche.
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