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EAN : 9782862200019
200 pages
Editions Rupture (01/01/1977)
4.4/5   10 notes
Résumé :
Allergique à l’humanité, Chepilov choisit la science qui seule peut lui offrir la solitude nécessaire à son mal. Doté de deux visages, l’un obscur qui n’appartient qu’à lui, le beau, l’autre public, d’une laideur de crapaud. Il devient savant. Ayant résolu en Sibérie le problème du vieillissement avec comme champ expérimental son propre corps, il trouve par cette voie l’accomplissement de son rêve : être ministre des affaires étrangères de l’U.R.S.S.. Promu à cette ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Pas si sages que ça, les pays…
Le rideau de fer n'est pas encore tombé dans ce livre étrange qui se passe pourtant dans les années 1990. On découvre un savant, Chepilov qui choisit la science et l'exil en Sibérie pour combattre sa maladie : misanthrope, l'humanité lui donne des boutons que seule la vue d'une jolie femme fait disparaître. Ayant découvert le remède au vieillissement, il arrête son âge à 27 ans et devient l'emblème d'une célèbre marque de jeans…
A force de persévérance et d'obstination, il deviendra ministre des affaires étrangères de l'U.R.S.S., et par là même, sera invité par la reine d'Angleterre pour son jubilée en 2000 ; découverte de l'Occident…

Il y a des livres, comme celui là, qui vous laissent pantois… A la lecture, on oscille entre du Vian, Pividal en a l'imagination et l'originalité, du Gaxotte dans son « Nouvel ingénu » pour le coté naïf, du Steinbeck dans « le règne éphémère de Pépin IV » pour le burlesque et le côté dérisoire du pouvoir… enfin du Gripari pour l'organisation de l'ouvrage façon « La semaine de Suzette »…
Mais malgré tout, c'est du Pividal, qu'on a souvent décrit comme un « romancier de l'absurde et de la dérision », mais qui sous des apparences burlesques et loufoques, ne nous dépeint rien moins que les deux grands systèmes imaginés par l'humain pour « gérer » son quotidien : communisme et capitalisme. Avec l'oeil acéré du sociologue qui garde à l'esprit que si « le communisme marche sur la tête, le capitalisme est son chapeau »... Un régal !
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Le savant russe Chepilov est allergique à l'humanité et s'exile en Sibérie pour poursuivre ses recherches dans un total isolement. Il résout le problème du vieillissement et se stabilise à l'âge de 27 ans. Il réalise son rêve en devenant Ministre des Affaires étrangères de l'U.R.S.S. et découvre le monde occidental à l'occasion d'une visite officielle.
Situations loufoques, dialogues absurdes, humour décalé sont les ingrédients de ce roman qui distille néanmoins des réflexions critiques sur les travers du communisme à la soviétique et le fonctionnement de la société capitaliste avec les logiques de pouvoir et d'argent dans le monde de l'entreprise.
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On tombe parfois sur des objets littéraires non identifiés, et Pays sages de Rafaël Pividal en fait partie. Ce roman publié en 1977 narre l'histoire d'un biologiste russe nommé Dimitri W. Chapilov. Nous sommes dans les années 1990 mais le rideau de fer n'est pas tombé, et la Guerre froide entre Occident et Russie soviétique se poursuit dans la stratification des idéologies. Ayant résolu en Sibérie le problème du vieillissement et pouvant ainsi conserver à jamais son corps de 27 ans, Chapilov trouve par cette voie l'accomplissement de son rêve : devenir Ministre des Affaires Étrangères de l'URSS. Marionnette sans pouvoir, il obtient l'occasion de se rendre en Occident, invité par la reine d'Angleterre pour le Jubilé de l'an 2000. C'est pour lui l'occasion de comparer le communisme rigide et absurde de son pays au capitalisme occidental, pratique politique à la fois amusante, efficace et déraisonnable.
On aurait dû mal à qualifier le style de Rafaël Pividal si ce n'est en évoquant une originalité exacerbée, loufoque et absurde, parfois semblable à la prose acerbe et désespérée d'un Boris Vian. Pividal peint une Guerre froide surréaliste, où les (...)
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
La manie de Chepilov, son dégoût de l’homme, ce qu’on pourrait appeler son anti-humanisme se révélèrent par des maladies de peau. Il était allergique à l’humanité. Le moindre regard le couvrait de rougeurs, une caresse lui donnait des pustules, un mot d’amitié déclenchait de l’eczéma. Pour soigner une telle allergie, il eût fallu isoler l’enfant, le préserve du contact des hommes. On fit le contraire, on traita sa dermatose par la fréquentation d’autres enfants, on le força sans arrêt à participer à des groupes de jeux. Il y gagna une tête de crapaud. Enfant, Chepilov était d’une extrême laideur, sa peau n’était qu’écailles et boutons, il perdait ses cheveux à douze ans. Sa mère, écoeurée par son aspect repoussant, par sa peau rugueuse et malsaine, le plaça dans une maison de rééducation. C’est là que l’enfant prit goût à la lecture, seul rempart contre l’intrusion sociale. Dans l’établissement où il ne dormait pas seul, où il ne mangeait pas seul, où il n’était pas seul un instant, Dimitri prit l’habitude de lire, ainsi pouvait-il échapper à la vie communautaire. Lorsqu’il lisait, ses boutons disparaissaient, son visage prenait la radieuse tournure qui, plus tard, convint si vivement aux regards capitalistes. Harmonieuses, sublime par instants, sa figure ressemblait à une vieille icône.


- Est-ce ici le grand magasin Goum ? demanda Dimitri à un homme qui regardait des rayons chargés de boîtes de laiton.
- Je ne peux pas vous répondre, luit dit l’homme, toute publicité est rigoureusement interdite ici.
- Pourriez-vous m’indiquer la papeterie ? demanda Dimitri à une femme qu’il jugea être une vendeuse.
- Je ne peux pas vous répondre, lui dit la femme, ici nous avons aboli toute concurrence, toutes les marchandises se valent.
- Et vous, que vendez-vous ?
- Achetez, vous le saurez bien.
- Pourriez-vous m’indiquer le bureau des renseignements ?
– Non.
– Pourquoi ?
– Parce que je suis vendeuse, pas employée du bureau de renseignements.
Dans un coin reculé du magasin, il vit une longue queue de clients. Il s’y faufila, pensant que le comportement des habitués lui révélerait le mode d’emploi du magasin. Il attendit une bonne demi-heure avant d’atteindre le bureau où se trouvait un homme tenant un livre épais.
- Est-ce ici le bureau des renseignements ? demanda Dimitri.
- Oui, répondit l’employé.
- Pourriez-vous m’indiquer la papeterie ?
- Non, répondit l’employé.
- Pourquoi ?
- Parce que caque client a droit à un seul renseignement, sans cela les gens attendraient trop longtemps. Or, je viens de vous renseigner. Si vous voulez un deuxième renseignement, vous devez faire la queue une deuxième fois.
Dimitri reprit la file et attendit encore une demi-heure.
- Encore vous ? s’exclama, l’air agacé, l’homme des renseignements. Que désirez-vous ?
- Où se trouve la papeterie ? s’il vous plaît.
- Nous n’avons pas le droit de faire de publicité et de favoriser un rayon particulier.
- Comment dois-je donc faire ?
- Un seul renseignement à la fois. Au suivant.


Pour lutter contre l’alcoolisme, le café n’ouvrait qu’une fois par semaine : le vendredi.


- Voulez-vous du thé ?
J’en ai bu quinze tasses depuis ce matin. Non, franchement pas.
- Le thé, ça ne se refuse pas.
- Si vous saviez comme j’en ai assez de votre thé, vous ne m’en offririez pas toute la journée.
- C’est comme et pas autrement. Mieux vaut changer vos désirs que l’ordre du monde.
- Marx a pourtant dit que maintenant il s’agit de transformer le monde.
- Oui, mais il ne parlait pas du thé. J’ai étudié Marx à l’école, il n’y a aucun chapitre sur le thé.
- Si, il en parle. Vous n’avez pas Marx ici ?
- Non, évidemment. Marx n’est pas ma propriété personnelle.

- Fumez-vous ?
- Non, dit Dimitri.
- Il faudrait peut-être le passer à tabac… proposa le médecin-brigadier.

- Attention à la marche ! lui dit Doina. Dimitri leva le pied.
- Non, à la marche militaire, mettez-vous au garde-à-vous.
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Kissinger fit semblant de ne pas entendre cette pensée Mao Tsé-Toung et, gonflant l’abdomen, se mit à parler.
— Mon discours, dit-il, se résume en trois mots : il faut appuyer sur la détente.
En entendant ces mots, Gerald Ford avec une incroyable prestesse, sortit deux gros revolvers de ses poches et se mit à tirer.
— Pas sur la détente du revolver, crétin, dit Kissinger, sur la détente Est-Ouest.
— Et sur la détente Nord-Sud, si je puis me le permettre, dit avec désinvolture Giscard d’Estaing.
— Non, Est-Ouest, le Nord-Sud on s’en fout, dit Kissinger.
— Ne vous disputez pas, dit le président Senghor (seul noir invité à la soirée), le Nord vaut le Sud, l’Est l’Ouest, et, comme dit un proverbe africain, « où est Est est Ouest ».
— Qu’est-ce qu’il a dit, cet homme de couleur ? demanda la princesse Anne avec dégoût.
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– Aucun train jamais ne s’arrête là-bas. Vous risquez de passer dix ans, quinze ans peut-être, sans espoir de retour.
– C’est ce que je veux.
– Eh bien alors, ça va. Qu’avez-vous sur le visage, la lèpre ?
– C’est une allergie à l’humanité.
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[Dimitri] se dirigea vers le cercueil de verre du général Franco auprès duquel le roi Juan Carlos 1er montait la garde.
– Parlez fort, lui dit Juan Carlos, il est un peu dur d’oreille.
– Je n’ai rien à lui dire, dit Dimitri.
– Sale coco, dit Franco.
– C’est le seul anticommuniste véritable que je connaisse en dehors du général Chirac et du général Pinochet, dit avec nostalgie Juan Carlos.
– Vous, vous n’êtes pas anticommuniste ? demanda Dimitri.
– Franchement, je n’en sais rien. Et vous, vous l’êtes ?
– Non, dit Dimitri, je suis communiste.
– Tiens, comme c’est curieux, je croyais qu’il n’y avait pas de communistes en Angleterre.
– Des communistes, il y en a partout, cria avec fureur le général Chirac. Retenez-moi ou je fais un malheur.
– Retenez-le ou il fait un malheur, dit négligemment Giscard d’Estaing.
– Quoi ? dit Franco.
– Ou il fait un malheur.
– Qui ?
– Chirac.
– Chirac fait un malheur ? demanda Kissinger.
– Il risque d’en faire un si on ne le retient pas.
– Lâchez-le, qu’on rigole un peu, dit Kissinger.
– Lâchez Chirac, dit négligemment Giscard d’Estaing.
On lâcha Chirac qui se mit à faire un malheur. Tout le beau monde l’entourait et le regardait faire.
– Quelle habileté ! quelle précision ! admira la reine de Hollande.
Chirac faisait consciencieusement un malheur, méthodiquement même, il ne se trompa pas une seule fois. Les chevaux bien gominés, les lunettes sur le nez, penché sur son labeur, il travaillait dur.
– Ça y est ! Je l’ai fait.
– Bravo ! cria la foule.
– C’est un malheur français, dit fièrement Giscard d’Estaing en montrant le travail de son Premier Ministre.
– Remarquable, il ne lui a fallu que cinq minutes.
– Quand on pense qu’il est au pouvoir depuis vingt ans, on comprend le bonheur des Français, dit la princesse Anne qui n’avait rien compris.
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Comparait à eux, j'étais un elfe, je ne pesais rien : ni Jeanne d'Arc, ni le vase de Soisson, ni Bertrand Du Guesclin ne coulait dans mes veines
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Video de Rafaël Pividal (1) Voir plusAjouter une vidéo

L' académie Goncourt et les "Goncourables"
Pour cette émission consacrée au prix Goncourt Bernard PIVOT reçoit aujourd'hui : Françoise MALLET JORIS pour son livre "Le rire de Laura" (Gallimard), Guy HOCQUENGHEM pour "La Colere De L'Agneau" (Albin Michel), Yann QUEFFELEC pour "Les noces barbares", (Gallimard), Rafael PIVIDAL pour "LA MONTAGNE FELEE" (Grasset), Alain ABSIRE pour "LAZARE OU LE GRAND SOMMEIL" (Calmann Levy) et François...
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