"Pour honorer les lettres ou pour les supprimer" telle est la définition d'Apostrophes de
Robert Scipion, dans la grille de mots croisés du Nouvel Observateur.
Ce livre est un aller-retour de questions et de réponses écrites entre
Pierre Nora, éditeur, fondateur de la revue "Débat" chez Gallimard, intellectuel de la "h.i." (haute intelligentsia) et
Bernard Pivot qu'on ne présente plus. S'ensuit un échange sur l'aspect médiatique de l'émission que Noria voit notamment comme ayant dévoyé les intellectuels ne pouvant "échapper au double péril de faire le mariolle ou de faire la marionnette".
5000 livres lus au compteur pour 784 émissions d'Apostrophes. Stakhanoviste de la lecture : 5 à 8 heures le lundi, 8 à 10 le mardi, 12 à 15 le mercredi et le jeudi, 5 à 7 le vendredi, 4 à 10 le samedi, 8 à 10 le dimanche, pendant 15 ans. Pivot explique comment il s'est astreint à garder son indépendance en refusant de palper boni, bénefs et bakchichs. Choisissant seul les livres à promotionner, avec pour but de "donner à lire au plus grand nombre".
Il y eut
D Ormesson avec 15 invitations, son meilleur client comme
Max Gallo et
Philippe Labro. Il y eut des têtes à têtes avec Jouhandeau,
Yourcenar, Cohen,
Soljenitsyne,
Lévi-Strauss,
Dumézil,
Simenon, Guilloux, Dolto,
Jules Roy, François Jacob Etiemble... Il y eut
Henri Vincenot, son chouchou. Il y eut
Jane Fonda pour laquelle il est tombé en amour. Il y eut le timide
Le Clézio et le cultivé Mitterrand et puis... il y eut
Bukowski et ses trois bouteilles de Sancerre!
30 ans avant les récentes polémiques, il évoque l'échange croisé entre
Gabriel Matzneff et
Denise Bombardier et sa position d'invitant (voir citation).
B. Pivot revient avec clarté et lucidité sur Apostrophes et sur ce qu'il proposa de 1975 à 1990 dans l'univers littéraire culturel, médiatique avec son émission.