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EAN : 9782356540225
99 pages
Ypsilon éditeur (15/11/2012)
4.32/5   11 notes
Résumé :
Inédits en français, écrits entre 1961 et 1972, les textes réunis ici sous le titre CAHIER JAUNE, permettent de découvrir l'une des obsessions d'Alejandra Pizarnik "écrire en prose". Que l'encre puisse ainsi couler plus facilement, ce sera une illusion vite détrompée: "la certitude d'une forme impossible de prose me ronge". Certitude qui n'apaise pas ses angoisses mais n'empêche pas ses rires, et nous traversons ces pages comme Alice le pays des merveilles.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
En l'honneur d'une perte

La certitude pour toujours d'être de trop à l'endroit où les autres respirent. De moi je dois dire que je suis impatiente qu'on me donne un dénouement moins tragique que le silence. Joie féroce quand je rencontre une image qui m'évoque. A partir de ma respiration désolante je dis qu'il y ait du langage là où il doit y avoir du silence.

Quelqu'un ne s'énonce pas. Quelqu'un ne peut pas s'assister. Et toi tu n'as pas voulu me reconnaître quand je t'ai dit ce qu'il y avait en moi qui était toi. La vieille terreur est revenue : n'avoir parlé de rien avec personne.

Le jour doré n'est pas pour moi. Pénombre du corps fasciné par son désir de mourir. Si tu m'aimes je le saurai même si je ne vis pas : vends ta lumière étrange, ton enclos invraisemblable.
Un feu dans le pays non vu. Images de candeur proche. Vends ta lumière, l'héroïsme de tes jours futurs. La lumière est un excédent de trop de choses beaucoup trop lointaines.

Je réside dans d'étranges choses.
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Quelque chose gît, pourri ou malade entre le oui et le non... (...) Peu importe ce qu'on me dit parce que personne ne me dit jamais rien quand il croit me dire quelque chose. J'écoute seulement mes rumeurs désespérées, les chants liturgiques venus de la tombe sacrée de mon enfance illicite.
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_ Il y a comme de petits mendiants qui sautent ma clôture mentale, en cherchant ouvertures, nids, choses à casser.
_ Quelqu'un s'émerveillait de ce que les chats aient deux trous dans la peau précisément à l'endroit des yeux
_ "Je hais les fantômes" dit elle, et l'on voyait clairement au ton qu'elle avait que ce n'est qu'après avoir prononcé ces mots qu'elle en comprenait le sens.
_ J'ai ouvert un peu plus la bouche, comme ça on verra que tu es en train de parler.
_ Je me sens comme si je n'étais plus capable de parler dans la vie.
_ Parle à voix plus basse et surtout rappelle toi qui tu es
_ Et si j'oublie ?
_ Alors hurle

_ Je suis en train de pense que...
_ Ce n'est pas vrai. Des choses viennent vers toi depuis le néant.

(...)
_ La vie nous a oubliées et l'ennui c'est qu'on ne meurt pas de ça.
_ Pourtant, pour nous c'est chaque fois pire
_ Alors la vie ne nous a pas oubliées.
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_ On me dit que j'ai à vivre une vie longue et très brillante. Mais moi je sais que je n'ai que mes propres mots qui me reviennent.
_ Tu avais tant de projets.
_ Il est tard pour me faire un masque
_ Tant de projets : faire l'éloge du froid, de l'ombre, de la dissolution. Dire avec beauté que tous les chemins s'ouvrent à la noire liquéfaction.
_ C'est que je croyais qu'il faut dire souvent, même si on le sait, ce qui peut nous servir d'avertissement.
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Chercher. _ Ce n'est pas un verbe mais un vertige. ça n'indique pas pas une action. ça ne veut pas dire "je vais à la rencontre de quelqu'un" mais "je suis gisante parce que quelqu'un ne vient pas".
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Vidéo de Alejandra Pizarnik
INTRODUCTION : « Le siècle qui commence trouve une Argentine confiante en l'avenir. le positivisme à la mode met une foi illimitée dans les avancées du progrès et de la science, et la croissance de la jeune république autorise une vision optimiste du destin national. La classe dirigeante a bâti son programme sur la base d'une instruction publique et gratuite pour tous, destinée à réaliser l'intégration culturelle de la deuxième génération d'une masse énorme et hétérogène d'immigrants à peine débarqués d'Europe. Cette Argentine, qui est à l'époque une toute jeune nation - sa guerre contre les Indiens n'est terminée que depuis vingt ans -, dépend économiquement de l'Angleterre, est fascinée par la culture française et admire autant l'opéra italien que la technologie allemande. Ce qui ne l'empêchera pas de tâtonner à la recherche de sa propre identité, à la faveur d'un sentiment nationaliste exacerbé dès 1910 […]. L'avant-garde poétique porte le sceau du modernisme, largement diffusé à Buenos Aires par Rubén Darío qui […] marquera d'une empreinte durable la vie culturelle du pays. […] La quête de la modernité inscrite dans le nouveau courant anime déjà ce pays avide de rallier un monde qui ne jure que par Le Louvre, la Sorbonne et Montparnasse. […].  […]  La seconde décennie du siècle […] marque un tournant décisif dans la réalité argentine. […] Hipólito Yrigoyen accède au pouvoir. Avec lui surgit une nouvelle classe sociale, issue de l'immigration et amenée, pour un temps, à prendre la place de la vieille oligarchie qui a dirigé le pays depuis les premiers jours de l'indépendance. […] Cette modernité, qui relie les poètes argentins à l'avant-garde européenne, se concrétise avec le retour au pays de Jorge Luis Borges, en 1921. […] Dans un article polémique paru dans la revue Nosotros (XII, 1921), Borges explique : « Schématiquement, l'ultraïsme aujourd'hui se résume aux principes suivants : 1°) Réduction de la lyrique à son élément fondamental : la métaphore. 2°) Suppression des transitions, des liaisons et des adjectifs inutiles. 3°) Abolition des motifs ornementaux, du confessionnalisme, de la circonstanciation, de l'endoctrinement et d'une recherche d'obscurité. 4°) Synthèse de deux ou plusieurs images en une seule, de façon à en élargir le pouvoir de suggestion. » […] […] les jeunes poètes des années 20 se reconnaissent au besoin qu'ils éprouvent de revendiquer une appartenance et de se trouver des racines. […] Il faut attendre une dizaine d'années encore pour que, dans le calme de l'époque, de jeunes créateurs, avec l'enthousiasme de leurs vingt ans, apportent un élan nouveau et de nouvelles valeurs poétiques. Prenant leurs distances par rapport à l'actualité, ils remettent à l'honneur le paysage et l'abstraction, ainsi qu'un ton empreint de nostalgie et de mélancolie. […] Les années 60 correspondent en Argentine à une période d'apogée culturel. le secteur du livre est en plein essor ; de nouvelles maisons d'édition voient le jour et, conséquence du boom de la littérature sud-américaine, la demande d'auteurs autochtones augmente, ce qui facilite l'émergence de noms nouveaux. […] La génération des années 70, à l'inverse, est marquée au coin de la violence. Plus se multiplient les groupes de combat qui luttent pour l'instauration d'un régime de gauche, plus la riposte des dictatures militaires successives donne lieu à une répression sanglante et sans discrimination qui impose au pays un régime de terreur, torture à l'appui, avec pour résultat quelque trente mille disparus. […] » (Horacio Salas.)
CHAPITRES : 0:00 - Titre
0:06 - Alejandra Pizarnik 2:30 - Santiago Kovadloff 3:26 - Daniel Freidemberg 4:52 - Jorge Boccanera
5:51 - Générique
RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE : Horacio Salas, Poésie argentine du XXe siècle, traduction de Nicole Priollaud, Genève, Patiño, 1996.
IMAGES D'ILLUSTRATION : Alejandra Pizarnik : https://universoabierto.org/2021/09/27/alejandra-pizarnik/ Santiago Kovadloff : https://www.lagaceta.com.ar/nota/936394/actualidad/santiago-kovadloff-argentina-pais-donde-fragmentacion-ha-perdurado-desde-siempre.html Daniel Freidemberg : https://sites.google.com/site/10preguntaspara1poeta
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