AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782203058279
144 pages
Casterman (21/08/2013)
3.41/5   40 notes
Résumé :
Gianni et Nouredine ont grandi ensemble à Saint Nazaire. L’un est fils d’immigrés italiens, l’autre a des parents kabyles qui sont arrivés en France plus récemment, après la guerre d’Algérie. Ils sont unis comme les doigts de la main, amis pour la vie. Mais à mesure qu’ils grandissent, et qu’ils deviennent comme leurs aînés ouvriers sur les chantiers navals, Nouredine se radicalise. Éternel révolté dont la colère jamais éteinte se nourrit du silence de son père Loun... >Voir plus
Que lire après Le silence de LounèsVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
3,41

sur 40 notes
5
1 avis
4
5 avis
3
4 avis
2
0 avis
1
0 avis
Lounès débarque en France avec toute sa petite famille après la guerre d'Algérie. Grâce à un ouvrier, le papa de Gianni, il trouve du boulot au chantier naval de Saint Nazaire. le sale boulot, mais peu importe. Les deux familles ne se sont plus quittées depuis lors, les deux garçons Gianni et Nouredine ont grandi ensemble dans la banlieue nazairienne. Devenus inséparables. Une fois adultes, à l'instar de leurs parents, ils travaillent sur les chantiers. Mais, la situation est bien différente, la crise économique est là et les menaces de fermeture font rage. Tandis que Gianni se syndicalise très vite, Nouredine, lui, se radicalise. En colère et révolté, il ne supporte plus les blagues racistes et est plus que jamais décidé à ne pas se laisser faire. Mais, surtout, il enrage contre son père, Lounès, qu'il soupçonne d'avoir fui le pays au moment où la guerre éclatait...

Gianni, le fils d'immigré italien, et Nouredine, le kabyle. Deux gamins que tout oppose et pourtant, ils resteront plus que jamais soudés, quels que soient les événements tragiques qui balaieront leurs vies. Unis dans l'adversité dès lors qu'il s'agit de défendre leurs droits et surtout leur travail. Dans cette chronique sociale, Baru démontre à quel point les secrets et les silences peuvent se répercuter sur la famille, notamment en la personne de Nouredine qui a dénigré la lâcheté de son père alors que l'Algérie avait besoin de lui. Dès lors, il ne vivra qu'à travers lui et ne voudra surtout pas faire comme lui et ramper devant les français. Gianni et Nouredine sont deux personnages au fort caractère, ancrés dans leur passé. Pierre Place, au dessin, nous offre de belles planches "industrielles" et est aussi à l'aise au milieu des combats, sous la chaleur, que dans les chantiers navals.

Le silence de Lounès fait écho..
Commenter  J’apprécie          430
Saint-Nazaire aujourd‘hui. Les chantiers navals. La contestation sociale qui explose. Les ouvriers face aux CRS. Nouredine le kabyle et Gianni le fils d'immigrés italiens jouent les leaders syndicaux. Ces deux-là sont les meilleurs amis du monde. Ils ont grandi ensemble dans cette ville qu'ils connaissent comme leur poche. Gianni a même épousé Samia, la soeur de Nouredine.

Algérie, 1957. La sale guerre. Lounès, le père de Nouredine, est resté planqué pendant le conflit. Son fils devenu adulte ne lui pardonnera jamais sa lâcheté : « Putain, Gianni, tu te rends pas compte que ton père, lui, il a aidé le F.L.N., et le mien il a rien fait. Tout son pays se battait, et lui, il a pas remué le petit doigt. […] On leur a foutu une branlée, on les a mis dehors, et lui, la seule chose qu'il se dépêche de faire, c'est de venir ici continuer à faire l'esclave, et nous à vivre à plat ventre. »

Un récit à double entrée, bourré de flashbacks, qui demande beaucoup d'attention pour ne pas perdre le fil. On navigue constamment entre Saint-Nazaire et l'Algérie des années 50, on suit sans temps mort les protagonistes de l'enfance à l'âge adulte et tout s'enchaîne avec une fluidité qu'il n'est pas évident de déceler à la première lecture. Une narration exigeante mais qui vaut la peine d'être décortiquée avec soin parce qu'au final le scénario de Baru tient sacrément la route.

Pour ce qui est du dessin, je ne connaissais pas du tout Pierre Place mais je trouve son travail bluffant. Aussi à l'aise pour croquer un bistrot ou les grues des chantiers navals que pour ressusciter la lumière de l'Algérie en guerre, il propose de grandes cases où tout est réalisé en couleurs directes, c'est magnifique.

Un album sur la filiation, la transmission, les non-dits et les silences. Un album plein de fureur, de colère et de rage qui met en scène le monde ouvrier et les immigrés sans illusions. Il est ici question de guerres perdues et d'espoirs déçus, d'une forme de reproduction générationnelle de l'échec. C'est beau et tragique, c'est triste et pessimiste, ça remue. Une atmosphère rugueuse, un propos engagé, comme d'habitude avec Baru. Et comme d'habitude, ça me parle et ça me plait.

Lien : http://litterature-a-blog.bl..
Commenter  J’apprécie          270
• 1957 : la guerre fait rage en Algérie.
• 1962, indépendance algérienne : le petit Nouredine arrive en France avec sa soeur et leurs parents d'origine kabyle. le père de Gianni - fils d'émigrés italiens - propose au père de Nouredine de se faire embaucher comme lui aux chantiers navals de Saint-Nazaire.
Nouredine et Gianni, qui ont le même âge, deviennent inséparables.
• 2002 : ces petits ont grandi, ils travaillent aux Chantiers nazairiens, comme leurs pères. L'heure est aux délocalisations, donc à la révolte et aux manifestations ouvrières musclées.

Ces trois cadres alternent dans cet album, de manière souvent confuse pour le lecteur : pas de contraste de couleur, pas de rappel de date pour se situer dans le temps et l'espace. Ce manque de repères nuit à la compréhension du récit, d'autant que les protagonistes se ressemblent beaucoup d'une génération à l'autre.

Mais peu importe (oui, pas grave si j'ai dû lire la BD trois fois - chut !).
Les contextes socio-historiques sont intéressants et subtilement décrits, de même que les sujets évoqués : l'immigration, la guerre, l'amitié, la famille et les non-dits, la révolte sociale, l'extrémisme religieux comme recours en pleine crise identitaire. Et surtout la colère d'un fils contre son père - ou plutôt contre lui-même, contre sa propre inertie ?

Un message important, en tout cas : "Le passé de tes parents, tu ne jugeras point". Car autres temps, autres moeurs. Et parce que tout ne peut pas être formulé, même entre membres d'une même famille...
Commenter  J’apprécie          200
La violence engendre la violence, quel que soit le conflit. Et combien de générations sont-elles nécessaires à l'oubli, à l'amnistie et au pardon ? Si tout le monde campe sur ses positions radicales, rien ne pourra changer. Mais comme le monde n'es pas peuplé d'êtres justes, infaillibles et forts, certaines rancoeurs ne disparaissent pas, elles ne font que se déplacer. Cette bande dessinée est donc une chronique sociale, évoquant aussi bien la guerre d'Algérie vécue par les Kabyles que les grèves de Saint-Nazaire. Mais elle se fait sensible, présente les faits sans aucun jugement manichéen : l'ennemi de l'homme, ce n'est qu'un autre homme. Et la situation du guerrier comme du syndicaliste est bien plus complexe, plus difficile qu'il n'y paraît. La grande qualité de ce récit est sa vraisemblance, bien enracinée dans l'histoire proche de la France.
Mais il faut bien, à un moment ou l'autre, briser la chaîne incessante des actes violents ou cruels. Il faut mettre un terme à tout cela mais cela ne peut se faire sans dommage collatéral.
Le graphisme de Pierre Place n'est pas pleinement naturaliste mais il donne forme à la perfection à ces histoires du monde ouvrier, des petites gens, de ceux qui ne sont rien. Certaines planches muettes sont souvent très éloquentes par leur cadrage, leur rythme. La structure du récit, avec ses nombreux flash-backs, m'a par contre un peu gêné à la première lecture. Peut-être est-ce dû à un non-chapitrage ? Donc il m'a fallu une seconde lecture pour confirmer ce que j'avais d'abord pressenti et ainsi m'attacher un peu plus à des personnages forts et complexes, trop rares dans le monde de la bande dessinée.
Commenter  J’apprécie          50
Lounes, immigré Algérien, débarque en France avec sa famille après la guerre qui a ravagé son pays.
Tout comme lui, son fils Noureddine (devenu adulte), travaille sur les chantiers de St Nazaire.
La situation économique va mal, la fermeture est proche.

Face à cette menacé, Gianni et Noureddine, les deux amis d'enfance, vont prendre des voies différentes, mais se serreront les coudes quoiqu'il advienne.

Chronique sociale sur fond de secrets de famille et de non-dits.

Noureddine mettra un point d'honneur à ne pas suivre les traces de son père qu'il présume lâche, déserteur au moment où la guerre battait son plein dans son pays d'origine.

Lui, il veut se battre face aux injustices qui se jouent sur les chantiers et s'engage sur un terrain hasardeux.

Fable sociale qui dépeint la rudesse du monde ouvrier face au prolétariat, la difficulté d'être immigré et les préjugés qui vont avec.

Une BD dure mais poignante de vérité qui retrace une partie de l'histoire qu'on nous enseigne sommairement à l'école.
Ce n'est qu'en écoutant les témoignages qu'on se rend compte de la dure réalité des choses.
Commenter  J’apprécie          40


critiques presse (3)
Auracan
16 décembre 2013
Aussi âpre que riche, alternant lieux et époques, Le Silence de Lounès demande plusieurs lectures pour être vraiment apprécié, mais ouvre à la réflexion sur la transmission entre générations, l'immigration, l'Algérie aujourd'hui ou même la radicalisation religieuse...
Lire la critique sur le site : Auracan
BDGest
13 décembre 2013
Mêlant destinée tragique, histoire contemporaine et réalité économique, Le silence de Lounès se révèle être un album des plus pénétrants.
Lire la critique sur le site : BDGest
Sceneario
09 décembre 2013
Un one-shot pour le moins attendrissant signé par deux artistes en pleine possession de leurs moyens artistiques.
Lire la critique sur le site : Sceneario
Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
[chantiers navals de Saint-Nazaire, 2002]
- Putain, Nour', des fois tu me gonfles avec ton numéro de bougnoule opprimé. Qu'est-ce que tu crois ? Que vous êtes les premiers à avoir émigré ? Va, va voir mon père ! Il te dira comment son père a été traité en arrivant ici. Il te dira combien de Ritals se sont fait massacrer simplement parce qu'ils étaient Italiens, à Lyon, à Marseille, à Grenoble. Il te dira les familles entières qu'on a entassées dans les trains pour les renvoyer en Italie avant la guerre.
(p. 35-36)
Commenter  J’apprécie          150
[ 2002, fils d'émigrés algériens ]
- C'est de sa faute [à mon père] si on est là, à se faire traiter de bicot à chaque coin de rue, à ramper devant ces salauds de Français ! Putain on leur a foutu une branlée, on les a mis dehors, et lui, la seule chose qu'il se dépêche de faire, c'est de venir ici continuer à faire l'esclave, et nous faire vivre à plat ventre.
(p. 34)
Commenter  J’apprécie          90
[guerre d'Algérie]
- Lounès, petit frère, à quoi tu penses ?
- Au soldat blond, celui qui a cassé la gueule à celui qui a tué le vieux... Bon Dieu, qu'est-ce que ça serait plus facile s'il n'y avait que des salauds en face...
(p. 31)
Commenter  J’apprécie          130
Qu'est-ce que tu crois, que vous êtes les premiers à avoir émigré ? Va, va voir mon père ! Il te dira comment son père a été traité en arrivant ici. Il te dira combien de ritals se sont fait macrasser simplement parce qu'ils étaient italiens. A Lyon, à Marseille, à Grenoble. Il te dira les familles entières qu'on a entassées dans les trains pour les renvoyer en Italie avant la guerre.
Commenter  J’apprécie          20
Bon Dieu, qu'est-ce que ça serait plus facile s'il n'y avait que des salauds en face...
Commenter  J’apprécie          20

Videos de Baru (32) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de  Baru
*Rediffusion du live du 27 janvier 2024 sur la chaîne Twitch de Glénat et de Ultia*
Du mercredi 24 au samedi 27 janvier 2024, Ultia vous fait vivre le Festival International de la BD d'Angoulême en direct sur Twitch. Présentation du stand, interview d'auteurs.ices et de dessinateurs.rices, visites d'expositions, tutos dessins...
Au programme de cette vidéo : Rencontre avec Raphaël Pavard pour À mourir entre les bras de ma nourrice. Découvrez la BD : https://www.glenat.com/1000-feuilles/mourir-entre-les-bras-de-ma-nourrice-9782344031025
La trajectoire périlleuse d'une mère de famille dans une cité tenue par des trafiquants. Fatoumata, femme de ménage qui élève seule ses trois filles, n'aurait jamais dû accepter le marché des dealers de la cité. Rien ne se déroule comme prévu et elle se retrouve au coeur d'une guerre qui la dépasse... Une guerre dont elle devra se sortir, une fois de plus, toute seule. Roman noir, portrait de femme, À mourir entre les bras de ma nourrice est une oeuvre pleine de suspense et à la mise en scène remarquablement orchestrée. le duo de scénaristes Mark Eacersall et Henri Scala, qui a déjà fait ses preuves (GoSt 111, Cristal 417) est cette fois-ci accompagné du dessinateur Raphaël Pavard. Ce prodige signe ici son premier album, en couleurs directes, d'une force graphique sans précédent, rappelant parfois les grandes heures d'un Baru, version réaliste. le récit offre une immersion à hauteur d'homme (en l'occurrence ici, de femme) dans l'univers d'une cité de la drogue. Aussi documenté et haletant qu'une saison de The Wire ou un film de Jacques Audiard, À mourir entre les bras de ma nourrice met en scène une héroïne touchante et originale, prête à tout pour améliorer son quotidien et protéger les siens.
LA CHAÎNE TWITCH DE GLÉNAT : https://www.twitch.tv/glenatlive LA CHAÎNE TWITCH D'ULTIA : https://www.twitch.tv/ultia
*********************
Nos réseaux sociaux : Facebook : https://www.facebook.com/GlenatBD/ Instagram : https://www.instagram.com/Glenatbd/ Twitter : https://twitter.com/GlenatBD TikTok : https://www.tiktok.com/@glenatbd
+ Lire la suite
autres livres classés : guerre d'algérieVoir plus
Les plus populaires : Bande dessinée Voir plus


Lecteurs (74) Voir plus



Quiz Voir plus

Les personnages de Tintin

Je suis un physicien tête-en-l'air et un peu dur d'oreille. J'apparais pour la première fois dans "Le Trésor de Rackham le Rouge". Mon personnage est inspiré d'Auguste Piccard (un physicien suisse concepteur du bathyscaphe) à qui je ressemble physiquement, mais j'ai fait mieux que mon modèle : je suis à l'origine d'un ambitieux programme d'exploration lunaire.

Tintin
Milou
Le Capitaine Haddock
Le Professeur Tournesol
Dupond et Dupont
Le Général Alcazar
L'émir Ben Kalish Ezab
La Castafiore
Oliveira da Figueira
Séraphin Lampion
Le docteur Müller
Nestor
Rastapopoulos
Le colonel Sponsz
Tchang

15 questions
5216 lecteurs ont répondu
Thèmes : bd franco-belge , bande dessinée , bd jeunesse , bd belge , bande dessinée aventure , aventure jeunesse , tintinophile , ligne claire , personnages , Personnages fictifsCréer un quiz sur ce livre

{* *}