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EAN : 9782253258278
224 pages
Le Livre de Poche (27/02/2019)
  Existe en édition audio
3.9/5   774 notes
Résumé :
« Ici, on a tous du sang indien et quand ce n’est pas dans les veines, c’est sur les mains. »
Le 11 juin 1981, trois cents policiers de la sûreté du Québec débarquent sur la réserve de Restigouche pour s’emparer des filets des Indiens mi'gmaq. Emeutes, répression et crise d’ampleur : le pays découvre son angle mort.
Une adolescente en révolte disparaît, un agent de la faune démissionne, un vieil Indien sort du bois et une jeune enseignante française dé... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (204) Voir plus Ajouter une critique
3,9

sur 774 notes
Je ne savais pas trop à quoi m'attendre lorsque j'ai ouvert ce livre . Et , bien , au final , en tournant la dernière page après l'avoir lu d'une traite, force est de reconnaître qu'il s'agit là d'une très bonne pioche .
Le voyage est long jusqu'en Gaspésie et , en longeant les rives du Saint Laurent , le touriste que j'étais pensait plus à guetter l'hypothétique apparition des baleines qu'à réviser l'histoire bien chahutée de ce nouveau monde . Cette histoire , elle sera abordée de façon extrêmement intelligente au travers de courtes légendes , de récits politiques présents ou passés qui montrent que Canada et Québec ...et ,bien , oui , c'est parfois une idylle compliquée. A ce sujet , je dois dire que tous ces " documents " insérés de facon très originale dans un récit plutôt noir est un choix d'auteur vraiment brillant , dans la mesure où, en s'entremelant , les genres , non seulement se marient parfaitement bien mais donnent à l'ouvrage une grande profondeur , un superbe éclairage. Et que dire de la rencontre fortuite mais extraordinaire de quatre personnages si différents , deux noirs et deux blancs dont les destins vont se confondre l'espace d'une aventure , mais quelle aventure.... Les indiens , dans ce récit , jouent leur survie alors que leur vie réside tout bêtement sur la nourriture fournie dans la nature que des règlements s'empressent de contrôler....C'est un ouvrage de réflexions , un ouvrage qui met en opposition l'avidité , la cupidité , la stupidité de certains , dits civilisés et la sagesse et l'envie de vivre humblement de populations minoritaires et opprimées à qui , toutefois , l'auteur s'efforcera bien de " ne pas donner le bon Dieu sans confession." Ça aussi , c'est un bon point...
J'ai adoré aussi toutes les images de " nature " et je vous invite à suivre la voie tracée par taqawan et remonter vers la source....Bienvenue chez les Indiens mi'gmaq , nos lointains cousins qui , comme tous les humains , sont des descendants du singe....
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Quelle liberté ! Taqawan est un roman total qui refuse de se laisser figer dans un genre.

Sa mise en scène est remarquable, alternant des chapitres courts et variés, empruntant tour à tour au polar, à l'histoire, à la légende indienne, au pamphlet politique, pour nous emporter dans un récit romanesque enlevé inscrit dans un événement historique québécois : la répression brutale en juin 1981 des forces de sécurité québécoise contre les Indiens Mi'gmaq sur la réserve de Restigouche, en Gaspésie, pour interdire la pêche ancestrale du saumon.
La partie « fiction » est puissamment incarnée par quatre personnages : au centre, une jeune indienne dont le père a été brutalisé et arreté, violée par des policiers, secourue par deux blancs et un vieil indien, recherchée, à protéger et à venger peut-être …

Cette toile tissée de mille strates compte sur l'intelligence du lecteur pour appréhender la réalité profonde de la question indienne au Québéc en toute liberté.
C'est en revêtant les habits de la fiction que le pamphlet prend toute son ampleur pour dénoncer subtilement les contradictions identitaires de ce pays qui refuse de donner aux Mi'gmaq ce qu'il demande au Canada, l'indépendance. Ce même pays qui revendique le droit à la culture et à la langue françaises à l'intérieur du Canada tout en n'accordant pas ces mêmes droits aux Amérindiens à l'intérieur du Québec. Des Mi'gmaq à qui on a pris les terres, à qui on a imposé des lois spéciales, qu'on a infantilisé par l'arsenal juridique et enfermé dans des réserves pour tenter d'effacer 10.000 de nomadisme.

Passionnant mais beaucoup trop court ! j'avais tellement envie d'apprendre plus sur cet angle mort de l'histoire du Québec, j'avais tellement envie de vibrer et de m'attacher à ces personnages que je sors de cette lecture tout de même très frustrée.
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« Ici, on a tous du sang indien et quand ce n'est pas dans les veines, c'est sur les mains ».

Tabarnak, quel crève-coeur, cette histoire...

Le 11 juin 1981, les Indiens Mi'gmaq de la réserve de Restigouche en Gaspésie subissent un raid brutal de 300 policiers de la Sûreté du Québec, qui ont ordre de confisquer leurs filets de pêche. L'opération déclenche une émeute, qui elle-même provoque une répression policière disproportionnée, et une crise politique. Parce qu'il ne s'agit pas seulement d'imposer des quotas de pêche de saumon aux Indiens, mais surtout, pour le Premier Ministre du Québec, de « faire chier Ottawa ». En effet, si la pêche est une compétence gérée par la province, les réserves indiennes relèvent, quant à elles, du gouvernement fédéral canadien. S'en prendre aux droits de pêche des Indiens revient donc à empiéter sur un territoire et une compétence qui sont la chasse gardée du fédéral, et à rappeler ainsi les velléités souverainistes du Québec.
C'est au coeur de ce pan d'Histoire (authentique) que se retrouvent coincés les personnages (fictifs) d'Eric Plamondon : Océane, une jeune Mi'gmaq de 15 ans qui disparaît le jour du raid et est retrouvée par hasard quelques jours plus tard, blessée et prostrée, par un agent de la faune qui vient de démissionner, écoeuré par la violence gratuite des policiers lors de ce même raid. Il recueille la jeune fille dans sa cabane et tente de la remettre sur pieds avec l'aide d'une institutrice française en stage dans la région, et un Indien mi'gmaq qui vit à l'écart de la tribu. Les quatre protagonistes auront bien du mal à échapper à la vengeance des agresseurs d'Océane, imbus de leur supériorité d'hommes blancs et de leur impunité.
Pour comprendre l'origine de cette violence, l'auteur, tel un saumon qui revient dans sa rivière natale (un taqawan, en langue mi'gmaq), remonte le fil de l'Histoire sur quelques siècles, jusqu'aux conflits de territoire entre autochtones, colons anglais et colons français, qui ont abouti, peu ou prou, à ce gouvernement québécois un brin schizophrène, rêvant d'indépendance tout en privant sa population indienne de toute autonomie.

A la fois polar, roman historique et politique, document ethnographique émaillé de légendes indiennes, et parsemé, en fil rouge, d'informations sur la vie des saumons, ce récit très riche parle de colons et d'autochtones, d'Anglais et de Français, de minorités et de majorités, d'indépendance et de mise sous tutelle, de l'Humain pour ou contre la Nature, de l'Humain pour ou contre l'Humain.
Taqawan est un roman très rythmé, à la construction éclatée mais facile à suivre, un texte ambitieux et intense qui marque par des personnages touchants d'humanité et une Histoire criante d'injustice.
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Beaucoup d'éléments positifs dans ce livre que j'ai bien aimé, où le roman quasiment policier alterne avec des informations historiques, politiques et de civilisation à propos des indiens du Québec.

Il y manque toutefois ce qui en ferait une véritable oeuvre littéraire ce qui n'est pas gênant en soi pour une lecture assez rapide qui accepte la pauvreté des dialogues et peut admettre l'insuffisance d'installation des personnages pour leur conférer la dimension qu'ils pourraient mériter.

Mais, l'auteur a fait sans doute un autre choix, celui d'insérer un roman policier avec angoisse et suspense, dans un récit qui se déploie autour de la répression de juin 1981 à l'encontre des indiens de la réserve de Restigouche qui ne demandaient qu'à continuer de pêcher paisiblement les saumons remontant le cours de la rivière. de ce point de vue, le plaidoyer est réussi et génére admiration et compassion envers ces malheureux indiens parqués dans des réserves jusqu'où l'on vient même leur arracher le fruit de leur subsistance.

L'intrigue policière tourne autour d'une jeune indienne victime de certains hommes considérant la femme, indienne ou blanche peu importe, comme un objet de distraction sexuelle. Quelques scènes sont bien réussies même si elles se perdent un peu parmi les autres propos du texte.

Les saumons et la pêche sont aussi les héros de ce livre, ils s'inscrivent très bien dans l'histoire et apportent au lecteur d'intéressantes informations sur les moeurs extraordinaires de ces magnifiques poissons.

Ils ont leur nom indien en guise de titre du livre et sont donc omniprésents dans cette belle et tragique histoire porteuse d'émotions.
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Ce que j'ai ressenti:…Une très bonne pêche…

"En langue mi'gmaq, on nomme taqawan un saumon qui revient dans sa rivière natale pour la première fois. "

J'ai remonté la rivière du temps, tel un taqawan pour m'imprégner d'un conflit qui a fait de moult remous sanguinolents, dans les années 80 au Québec. Avec cette lecture, j'ai redécouvert la culture indienne, ressenti la puissance de ses transes, entendu la Nature me parler à travers leurs traditions, mais plus que tout, j'ai vu tout ce sang versé et des droits bafoués…A frétiller ainsi dans ses eaux troubles, on ressent tellement d'injustices, tellement de violences, elles nous frappent aussi sûrement que des flèches en plein coeur. L'Homme Blanc encore et toujours dans sa folle conquête en vient à vouloir rayer toute une communauté de ses terres, à bannir tout un savoir générationnel, à tuer envers et contre toute logique. Un peuple parqué, déraciné, humilié: les Indiens d'Amérique. Des lois biscornues, des ordres incohérents, des actes impardonnables…Eric Plamondon redessine la toile de cet affrontement en un patchwork de textes, et d'histoires qui nous explique les causes et les conséquences des émeutes de la réserve de Restigouche.

"Avec elle, Océane avait commencé à comprendre que le pouvoir des uns reposait sur la résignation des autres."

Ce polar original dans sa forme est aussi une très belle histoire humaine avec des personnages en marge de ces deux cultures qui s'affrontent…J'ai trouvé ce quatuor touchant, avec chacun leurs passés, leurs failles, leurs différences mais qui choisissent l'Essentiel avant leurs cultures, les valeurs de la Vie avant le sang dans les veines, la Protection avant les batailles…Derrière tous les points de vues politiques et sociaux, l'auteur nous montre que les frontières entre les deux opposants sont parfois floues, et c'est ce qui rend ce récit si bouleversant : il laisse le lecteur, se faire sa propre opinion, tout en lui faisant ressentir une flopée d'émotions…

« Ici, on a tous du sang indien et quand ce n'est pas dans les veines, c'est sur les mains. »

J'ai lu cette nouveauté quasiment d'une traite, tellement le sujet était passionnant! J'ai adoré partir en ces lieux, découvrir les petites habitudes et astuces de la pêche aux saumons, m'enivrer encore de ses grands espaces de nature, comprendre ce conflit. Instructif et à la fois sensible, Eric Plamondon a su m'emporter dans ses filets de pages!



Ma note Plaisir de lecture 9/10
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critiques presse (3)
Actualitte
19 juillet 2018
L’alchimie entre le romanesque et le documentaire fonctionne à plein ; pendant la lecture, on passe avec la même tension narrative d’une course-poursuite en canot à la recette de la soupe aux huîtres et on ne s’étonne pas, une fois le livre fermé, d’en savoir autant sur la vie des personnages que sur la fraie du saumon.
Lire la critique sur le site : Actualitte
LeJournaldeQuebec
07 juin 2017
La force de la fiction, c’est qu’on peut raffermir les images, croiser le passé et le présent, mieux rendre la perspective. Quand le talent s’en mêle, le récit devient marquant. Taqawan est de cette trempe.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LaPresse
13 avril 2017
Une histoire de bruits et de fureur où le style de Plamondon flirte avec le roman noir et les angles morts de notre histoire.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (246) Voir plus Ajouter une citation
C'est la nuit. Bany cherche sa fille qui n'est pas rentrée et qui peut-être est allée traîner autour de l'ancienne école en démolition. Le père crie le nom de sa fille et le gardien répond : "Dégage, t'as rien à faire icitte." Le gardien est armé. Le père dit qu'il cherche sa fille et le gardien lui tire une balle de .22 dans le genou droit à vingt mètres de distance. La balle traverse la rotule. Le fémur est brisé. C'est pour ça qu'il a une jambe de bois. C'est pour ça qu'il boite depuis dix ans. Il traîne dans son corps l'imbécillité d'un homme qu'on avait armé pour la défense d'un bâtiment en démolition, une école en train de disparaître. On a détruit l'école parce qu'on n'a pas réussi à faire cohabiter les enfants mi'gmaq et les enfants québécois. Ils étaient pourtant tous gaspésiens.
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Le problème des Amérindiens du Québec, et même de tout le Nord-Est de l'Amérique, c'est qu'ils n'ont jamais eu de chevaux. Des Indiens sans chevaux, c'est un peu comme des pirates sans bateau, ou des cow-boys sans chapeaux, ça fait moins sérieux, c'est moins glamour. Hollywood a imposé l'équation suivante: Indiens égale chevaux. En expulsant les Indiens sans monture de l'écran, Hollywood les a chassés de notre imaginaire. Alors les Hurons de L'Ancienne-Lorette ont continué à vendre des paniers en osier et des tomahawks en plastique made in China.
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Je suis né dans le froid. La glace et la neige sont dans mes veines. Il n’y a pas de ciel plus clair et d’air plus pur qu’au milieu de l’hiver. Il n’y a pas d’odeur plus parfumée que celle de la neige fraîchement tombée sur les branches des sapins. Il n’y a pas de silence plus parfait que celui d’une nuit étouffée sous les flocons d’un début de tempête. J’aime cette saison parce que les choses y sont claires. On sait exactement ce qui se passe dans les bois quand tout est blanc. La moindre forme de vie laisse une trace. Les branches sans feuilles permettent de voir clairement les corneilles en haut des cimes. Les rivières sont des routes pour s’enfoncer au plus profond de l’inconnu. On n’est pas emmêlé dans les broussailles, on file droit, en raquettes ou en ski-doo. C’est une sensation de fuite qui n’est possible que dans la neige. Ceux qui se plaignent du froid n’ont jamais passé une nuit dehors à moins quinze devant un feu de camp et sous la lune qui éclaire comme en plein jour.
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La nuit passée, après la marée, la seconde vague avait scellé le sort des Mi'gmaq. Les Iroquois avaient massacré tous ceux qui étaient encore en vie, trois cents personnes.
- C'est pour cette raison que cette île s'appelle aujourd'hui l'île du Massacre.
Quelques jours plus tard, il y avait eu une vengeance. Deux Mi'gmaq avaient réussi à aller chercher des renforts chez les Malécites. Ils étaient moins nombreux que les Iroquois, mais grâce à l'effet de surprise ils avaient pris toutes les vies.
Pour conclure, William avait dit à Caroline :
- Personne n'est tout blanc.
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Des indiens, ce sont des Indiens. On les a appelés comme ça parce qu’on croyait être arrivé en Inde. Mais non, on était arrivé en Amérique. Avec le temps, on s’est mis à les appeler des Amérindiens. Plus tard, on dira des autochtones. Avant ça, on les a longtemps traités de sauvages. On les a surnommés comme ça, des hommes et des femmes sauvages. Il faut se méfier des mots. Ils commencent parfois par désigner et finissent par définir. Celui qu’on traite de bâtard toute sa vie pour lui signifier sa différence ne voit pas le monde du même œil que celui qui a connu son père. Quel monde pour un peuple qu’on traite de sauvages pendant quatre siècles ?
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Vidéo de Éric Plamondon
Alison, libraire du rayon Poche, présente Taqawan d'Eric Plamondon paru aux éditions Quidam.
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