Que s'est-il exactement passé à Sétif (et ailleurs.....Guelma, Kherrata....) en mai 1945 ? Une répression barbare de manifestations pacifiques de Musulmans.
Une répression menée par l'Armée, la police, la gendarmerie et, aussi, des milices de civils incontrôlables ( ?) et volontairement incontrôlés, souvent encouragées, la plupart des miliciens encore nostalgiques de la « révolution nationale du régime de Vichy » et de la logique génocidaire (c'est-à-dire dans une volonté d'éradication). Tout cela aboutira au plus grand massacre de l'histoire de la France contemporaine.
C'est l'immédiat après-guerre et, alors que le Parti communiste dispute (en France) le pouvoir au gouvernement du général
De Gaulle, il se révèlera, dans le Constantinois, tout d'abord comme un facteur de troubles, puis comme le meneur de la répression (le gouverneur général de l'époque était .... un socialiste, un arabisant soi-disant, expert en affaires musulmanes).
le 8 mai (jour célébrant la victoire sur l'Allemagne nazie) , le principal parti algérien organise ( ????) des manifestations en appelant timidement à l'indépendance. La rumeur (d'une insurrection générale fomentée par le AML, le PPA......et d'un complot international ) et le racisme font le reste. le drapeau algérien , en plusieurs villes, se mêle aux drapeaux alliés et français parmi les Musulmans qui défilent. A Sétif et à Guelma, des Européens et des policiers ne le supportent pas . Un algarade plus ou moins violente..... la rumeur, la désinformation (en Algérie et en France) et cela tourne rapidement au drame.
La répression aveugle, la folie meurtrière de masse colonialiste, inscrite dans une logique de terreur, durera deux mois, entre le 8 mai et le 26 juin . Des morts par dizaines de milliers. Des noms aujourd'hui encore maudits : le sous-préfet Achiary, le gouverneur général Yves Chataigneau, le gros colon Lavie, le membre du Pcf, que l'on dit policier infiltré,
André Marty ..... En huit semaines, 20.000 à 35.000 Musulmans sont tués par les Européens dans le seul département de Constantine. 45.000 est, peut-être, le chiffre le plus vrai. .....et, à peine quelques dizaines de victimes d'origine européenne pour la plupart tuées par réaction. L'Algérie indépendante s'y tient et elle a bien raison, les vrais chiffres étant bien en-deçà de la réalité....les meurtres des Algériens musulmans, presque toujours commis de manière atroce, s'étant étendus à d'autres régions. Sans compter les emprisonnements dans des camps , véritables mouroirs, les exécutions capitales, parfois sans jugement, souvent au hasard des rencontres, les déportations .... le « bicot » (hier « frère musulman » participant à la libération de la France) , étant traité en « gibier ». Aucun Européen arrêté et/ou jugé ! Une véritable boucherie quotidienne, longtemps cachée par les officiels français (au moment du départ du gouveneur Chataigneau, en 1948, les archives concernant les régions de Sétif, Constantine et la vallée de la Soummam avaient « disparu »), mais qui marquera l'imaginaire des Algériens comme le prélude douloureux d'une lutte abolument nécessaire pour l'indépendance.
L'Auteur : Docteur en Histoire ayant vécu longtemps en Algérie, dans l'Est algérien tout particulièrement. Ancien professeur des Universités (dont l'Algérie) , chercheur membre du Groupe de recherches sur le Maghreb et le Moyen-Orient, ayant effectué de longues recherches au centre des Archives nationales d'Outre-mer à Aix en Provence (France)
Avis : Un simple livre sur la résistance et les souffrances du peuple algérien ? Non, une recherche minutieuse, détaillée, par un homme plein d'humanité , de compréhension , d'honnêteté et de rigueur scientifique sur un événement capital de la lutte nationaliste.... un grand tournant révolutionnaire. A lire, à re-lire et à faire lire. Pour savoir. Pour se souvenir (sans haine.....bien que cela soit très difficile) . Pour ne jamais oublier. Pour transmettre.