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EAN : 9782262034382
432 pages
Perrin (17/06/2010)
4/5   3 notes
Résumé :
Le 8 Mai 1945, deux faits mineurs survenus à Sétif et à Guelma déclenchent le plus grand massacre de l'histoire de la France contemporaine, en temps de paix : au moins 20 000 et peut-être 30 000 Algériens sont tués par les Européens.
Grâce au dépouillement des archives des ministères de l'Intérieur, de la Guerre et de Matignon, à de multiples entretiens avec des témoins, des acteurs et des journalistes, Jean-Louis Planche reconstitue le processus de cette "Gr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Que s'est-il exactement passé à Sétif (et ailleurs.....Guelma, Kherrata....) en mai 1945 ? Une répression barbare de manifestations pacifiques de Musulmans.

Une répression menée par l'Armée, la police, la gendarmerie et, aussi, des milices de civils incontrôlables ( ?) et volontairement incontrôlés, souvent encouragées, la plupart des miliciens encore nostalgiques de la « révolution nationale du régime de Vichy » et de la logique génocidaire (c'est-à-dire dans une volonté d'éradication). Tout cela aboutira au plus grand massacre de l'histoire de la France contemporaine.

C'est l'immédiat après-guerre et, alors que le Parti communiste dispute (en France) le pouvoir au gouvernement du général De Gaulle, il se révèlera, dans le Constantinois, tout d'abord comme un facteur de troubles, puis comme le meneur de la répression (le gouverneur général de l'époque était .... un socialiste, un arabisant soi-disant, expert en affaires musulmanes).

le 8 mai (jour célébrant la victoire sur l'Allemagne nazie) , le principal parti algérien organise ( ????) des manifestations en appelant timidement à l'indépendance. La rumeur (d'une insurrection générale fomentée par le AML, le PPA......et d'un complot international ) et le racisme font le reste. le drapeau algérien , en plusieurs villes, se mêle aux drapeaux alliés et français parmi les Musulmans qui défilent. A Sétif et à Guelma, des Européens et des policiers ne le supportent pas . Un algarade plus ou moins violente..... la rumeur, la désinformation (en Algérie et en France) et cela tourne rapidement au drame.

La répression aveugle, la folie meurtrière de masse colonialiste, inscrite dans une logique de terreur, durera deux mois, entre le 8 mai et le 26 juin . Des morts par dizaines de milliers. Des noms aujourd'hui encore maudits : le sous-préfet Achiary, le gouverneur général Yves Chataigneau, le gros colon Lavie, le membre du Pcf, que l'on dit policier infiltré, André Marty ..... En huit semaines, 20.000 à 35.000 Musulmans sont tués par les Européens dans le seul département de Constantine. 45.000 est, peut-être, le chiffre le plus vrai. .....et, à peine quelques dizaines de victimes d'origine européenne pour la plupart tuées par réaction. L'Algérie indépendante s'y tient et elle a bien raison, les vrais chiffres étant bien en-deçà de la réalité....les meurtres des Algériens musulmans, presque toujours commis de manière atroce, s'étant étendus à d'autres régions. Sans compter les emprisonnements dans des camps , véritables mouroirs, les exécutions capitales, parfois sans jugement, souvent au hasard des rencontres, les déportations .... le « bicot » (hier « frère musulman » participant à la libération de la France) , étant traité en « gibier ». Aucun Européen arrêté et/ou jugé ! Une véritable boucherie quotidienne, longtemps cachée par les officiels français (au moment du départ du gouveneur Chataigneau, en 1948, les archives concernant les régions de Sétif, Constantine et la vallée de la Soummam avaient « disparu »), mais qui marquera l'imaginaire des Algériens comme le prélude douloureux d'une lutte abolument nécessaire pour l'indépendance.

L'Auteur : Docteur en Histoire ayant vécu longtemps en Algérie, dans l'Est algérien tout particulièrement. Ancien professeur des Universités (dont l'Algérie) , chercheur membre du Groupe de recherches sur le Maghreb et le Moyen-Orient, ayant effectué de longues recherches au centre des Archives nationales d'Outre-mer à Aix en Provence (France)
Avis : Un simple livre sur la résistance et les souffrances du peuple algérien ? Non, une recherche minutieuse, détaillée, par un homme plein d'humanité , de compréhension , d'honnêteté et de rigueur scientifique sur un événement capital de la lutte nationaliste.... un grand tournant révolutionnaire. A lire, à re-lire et à faire lire. Pour savoir. Pour se souvenir (sans haine.....bien que cela soit très difficile) . Pour ne jamais oublier. Pour transmettre.
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Jean-Louis Planche s'attaque ici à un fait méconnu des Français: l'exécution sommaire de plusieurs milliers d'Algériens pendant l'année 1945 suite à des rumeurs accentuées par des colons français prônant la haine raciale. Cet évènement, digne des pires crimes commis lors de la Seconde Guerre mondiale par les nazis, est relaté grâce à des documents d'archives.

En soi, l'auteur a fait un travail remarquable. Il décrit avec détails cet évènement ainsi que le contexte dans lequel il s'inscrit. Il montre également le double jeu des politiciens et le silence qu'ils ont imposé aux victimes et à leurs familles. La responsabilité des colons européens est également pointée du doigt avec justesse.

C'est le style de l'auteur qui m'a surtout posé problème. J'ai eu du mal à accrocher notamment à cause de tous les détails politiques, même si j'en comprends l'utilité. Avec un peu moins de lourdeur dans le style, ce livre serait vraiment percutant.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Le besoin de mettre fin aux aspects les plus choquants du désordre se fait sentir. La gendarmerie comprend qu'il faut nettoyer les abords de la ville et les alentours des voies de circulation. En outre, avec la venue de l'été, la chaleur monte. Faute de les avoir tous enterrés assez profond ou brûlés, trop de cadavres ont été jetés dans un fossé, à peine recouverts d'une pelletée de terre.
"Les débris humains sont transportés par camion, écrit le lieutenant B., officier des services spéciaux détaché au cabinet du ministre. Le transport est effectué avec l'aide de la gendarmerie de Guelma pendant la nuit. Les restes de 500 Indigènes ont été amenés au lieu-dit "Fontaine-Chaude" et brûlés dans un four à chaux avec des branches d'oliviers, par des prisonniers de guerre italiens" au service de M. Lavie. "Le four à chaux appartient à monsieur Lepori", précise-t-il.
Le lieutenant ajoute que Bouchemal, un des trois chauffeurs, employé de l'Administration, a été abattu une nuit. Les gendarmes craignaient qu'il ne parle, et ils se sont assurés par cette exécution du silence des deux autres.


[p219]
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En réalité, tous ignorent la nature et la puissance des bombes utilisées par les Martin B26 autour de Guelma.
Les rapports d'activité de l'armée de l'air se contentent de caractériser les bombes utilisées par leur poids (10 kilos et 50 kilos). Il s'agit en fait d'un modèle de bombes antipersonnel, produit par les Britanniques pour équiper les chasseurs Spitfire en missions d'appui feu contre des soldats casqués et abrités. Sur des attroupements civils à découvert, l'effet est si terrifiant, hachant et mutilant, que les Britanniques refuseront de réapprovisionner les Français. L'emploi qu'ils font de ces bombes est si excessif (excessively harsh), télégraphie le consul de Grande-Bretagne au Foreign Office, que "réapprovisionner pourrait nous créer des embarras dans le monde arabe".

[p164]
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Les Français prirent le temps de travailler l'art de coloniser, art de conciliation qui allie la terreur à la séduction. Ainsi que l'écrira Tocqueville qui réfléchissait de Paris sur la conquête, il fallait gagner les chefs par des "largesses" et "lasser les tribus par la guerre".

[p19-20]
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La colonisation d'un peuple par un autre porte-t-elle en elle le massacre, comme le nazisme l'extermination ?

[p16]
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Quand la peur saisit les autorités, le citoyen peut craindre le pire, et le Musulman, non citoyen, pire encore.

[p10]
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