Se remettre en cause soi-même, à chaque instant, ce qui entraîne d'ailleurs automatiquement la remise en cause d'une société de marionnettes, aux structures qui s'effritent car périmées, ridiculement inefficaces. Il s'agit de déboulonner le système et, avant tout, notre propre système, fait de ces mensonges qui amènent tout, sauf le bonheur et la plénitude d'être.
Le fruit est mûr. Partout ce mot : révolution.
Oui. Mais retrouvons la dynamique de la révolution primordiale : celle de notre propre évolution. Le reste s'écroulera tout seul, très simplement, Krishnamurti a parlé pendant une cinquantaine d'années face à des auditeurs qui pour la plupart n'ont jamais voulu comprendre son message mais ont voulu surtout l'ériger comme un autre dogme, comme un autre Sauveur, sans jamais se rendre compte qu'il faut se sauver soi-même.
Et tout seul.
Bilan par Daniel Odier
« Avant de se pencher plus précisément sur le message laissé par Krishnamurti, en voilà une vue d'ensemble ».
Krishnamurti commence par le début : la souffrance, la misère, la désintégration de tout ce que notre esprit a créé pour nous libérer; l'échec de l'homme à tous les niveaux de l'existence. Il n'était pas question pour lui de raser les constructions anciennes pour les remplacer par d'autres qui parviendraient inévitablement à leur fin. C'est en cela que son action se situe à un niveau différent de celles d'autres hommes qui n'ont pas résisté à combler l'espace vide de leurs théories. Ces dernières paraissent parfois résister au temps, elles n'en sont pas moins un poids qui nous retient solidement en nous.
Krishnamurti ne propose pas d'analyse des faits, des causes, des conséquences. Il ne nous promet pas de nous tirer plus haut, ni de nous donner un enseignement qui nous libérera de notre misère. Il ne nous invite pas à le suivre sur la voie libératrice d'une pensée ou d'une pratique quelconque. Il essaye simplement par le mensonge à la puissance 1, la parole, de nous révéler à nous-même afin que nous puissions voir ce qui « est », puis nous oublier. Sortir de l'ego, accéder à la créativité par la cessation non contrainte de nos processus de pensée, par la vision de notre vacuité et la découverte simultanée de l'amour.
« Ainsi donc en vue de comprendre la nature d'une société en voie de désintégration, n'est-il pas important de nous demander si vous et moi, si l'individu peut être créatif ? Nous pouvons voir que là où est l'imitation, il y a certainement désintégration; là où est l'autorité, il y a nécessairement copie. Et puisque toute notre structure mentale et psychologique est basée sur l'autorité, il faut nous affranchir de l'autorité afin d'être créatifs. »
La plupart de nos actes sont motivés par « je devrais », « je ne devrais pas », ce qui indique qu'ils sont enracinés dans le monde des idées, avec lesquelles nous cherchons toujours à les faire coïncider. Ce dont je parle est l'élimination totale de l'idée, donc la suppression complète de l'état de conflit. Cela ne veut pas dire s'endormir confortablement dans un monde de non-idéation, mais au contraire être lucidement éveillé.
Jiddu Krishnamurti