AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9781020900082
Les liens qui libèrent (09/01/2013)
2.75/5   6 notes
Résumé :
Voici un livre qui va faire grand bruit. Féministe, avocate renommée, Mary Plard dénonce la paternité imposée aux hommes au nom du principe d'égalité homme/femme. Pourquoi les hommes devraient-ils assumer une paternité imposée alors que les femmes bénéficient de la possibilité de ne pas devenir mère (accouchement sous X, IVG) ?

A travers des témoignages bouleversants de ses clients masculins qui expriment à la fois leur souffrance, leur culpabilité ou... >Voir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Que lire après Paternités ImposéesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Il est notoire que, depuis l'abolition de la notion de « puissance paternelle » en 1970, les droits et devoirs parentaux sont considérés en jurisprudence uniquement à l'aune de l'intérêt de l'enfant. Ainsi l'attribution d'un père biologique, désormais incontestable par les tests ADN, correspond au droit de l'enfant à être pris en charge par son père, indépendamment de la volonté de ce dernier. Or si la mère jouit à présent d'un droit inaliénable à décider de sa maternité, par la contraception, le droit à l'IVG ainsi que celui à l'accouchement sous X, il manque totalement au père un droit analogue et symétrique par rapport à sa paternité. J'ai appris – en-dehors de ce livre, ce qui me semble une fâcheuse lacune de celui-ci – que la paternité peut être imposée sous forme contentieuse en France de deux façons : 1. par l'action en recherche de paternité entreprise par la mère jusqu'à la dixième année de l'enfant mineur, ou par l'enfant majeur jusqu'à ses 28 ans, action qui entraîne la demande d'un juge de soumettre le père désigné à un test génétique ; ou 2. par l'action aux fins de subsides, qui peut être intentée par la mère afin d'obtenir l'aide financière du prétendu père, même sans le soumettre au test génétique, la charge de la preuve de non-paternité étant dans ce cas inversée, mais l'accord de subsides étant constitutif de certains droits (hormis successoraux). Il est évident que cette dissymétrie est fortement préjudiciable aux hommes, au point que la liberté sexuelle conquise de haute lutte par les femmes à une époque encore relativement récente, n'a plus son équivalent pour les hommes, dès lors qu'une mère veut imposer la paternité, notamment à des fins vénales, à un homme qui la refuse et tente de s'y soustraire.
Ce livre est le témoignage d'une avocate dont le parcours personnel et professionnel a été placé sous les enseignes du militantisme féministe, d'une lutte acharnée pour se faire une place en tant que femme et mère dans un milieu très sexiste. Ainsi, il illustre principalement les états d'âme de l'autrice qui prend le parti de défendre des hommes, quinquagénaires, par ailleurs très majoritairement adultères, socialement et sexuellement dominants, moralement blâmés et traités d'« irresponsables », ou tout au moins « désinvoltes » dans leur sexualité extraconjugale – en bref, de ceux qui n'ont pas songé que « les préservatifs, ce n'est pas que pour les ados ! » (p. 45) – contre des femmes qui les désignent comme pères contre leur gré d'enfants qu'elles décident de garder et d'élever sans eux.
Les récits des rencontres entre la professionnelle et six hommes, « pères malgré eux » - Paul, Georges, John, Moshé, Didier et Bertrand –, leurs histoires (sexuelles), et les lignes de défense dont aucune n'a été couronnée de succès (soit dit en passant), révèlent une très grande résistance de la jurisprudence à simplement entendre ces hommes sur lesquels pèse, comme jadis sur les femmes, le stigmate du jugement moral, et celui de leur propre honte, surtout la honte de s'être fait piéger. Par-delà des histoires différentes tout en étant banales, à travers lesquelles on lit en filigrane des personnalités féminines très dissemblables, certaines carrément abjectes par leur intolérable opportunisme et cupidité – en particulier lorsque l'allégation de la paternité s'avère être frauduleuse et que pourtant elles ont gain de cause grâce à des vices de procédure... – ; par-delà également le cheminement de la réflexion et des questionnements éthiques et juridiques de l'avocate, il émerge la grande détresse, la vulnérabilité même de ces hommes, lesquelles, à l'évidence motivent l'ancienne militante féministe à se ranger de leur côté : elle y repère l'écho des mêmes sentiments chez les femmes lorsqu'elles sont victimes du sexisme, et en même temps, de façon plus ou moins consciente, elle prône sans doute une véritable égalité entre les sexes, une réelle liberté de la sexualité de tous, une forme de consentement plein et substantiel (dépassant l'instant du rapport pour englober le projet parental), qui présuppose une dose d'équité sans revanche ni domination qui n'est probablement pas encore à la portée de la forme actuelle d'organisation des relations entre les genres. Concrètement, elle préconise un début de réflexion sur une « paternité sous X », analogue à l'accouchement sous X.
À la fin de la lecture, néanmoins, je me demande si ce cheminement purement juridique, ces préconisations au législateur et surtout à la jurisprudence ne pâtissent pas d'une certaine déconnexion avec une réalité où le refus de la paternité, tout à fait avéré et majoritaire, est encore bien différent, car les femmes, qui en demeurent les principales victimes, n'ont pas les ressources matérielles et culturelles pour faire valoir leurs droits (contrairement aux 6 cas exposés) ni les hommes n'ont assez de ressources matérielles pour que les actions d'imposition de la paternité « vaillent la peine » d'être intentées. En d'autres termes, les déterminants sociologiques rendent les problématiques soulevées par cet ouvrage bien-fondées mais assez marginales, me semble-t-il.
Commenter  J’apprécie          93
Voici un livre qui en dérangera plus… d'un ou une ?

A partir de l'histoire de six de ses clients, et donc de sa propre expérience professionnelle, une avocate pose le délicat problème du consentement à la paternité en France. Au XXIème siècle, à une époque où personne ne penserait à remettre en cause le droit d'une femme à devenir ou ne pas devenir mère qu'en est-il de l'homme ? Peut-il refuser le droit de devenir père et imposer son choix ? Non.
Ce livre dénonce la paternité imposée à des hommes sous le couvert d'une morale inégalitaire qui pose comme postulat « qu'ils doivent assumer ».
L'auteur croise la route d'hommes, souvent bouleversants et bien loin du poncif « tous des salauds ». Ces portraits sont mis en perspective par un prologue retraçant son parcours de militante féministe, qui donne encore plus de pertinence à son propos et ses interrogations.

A travers ces six hommes, une facette différente de la question est examinée, notamment en fonction de la stratégie judiciaire suivie. C'est la preuve que la question est multiformes, comme l'est chaque individu ; chaque histoire ne ressemble pas à celle de son voisin : le « droit du père » sur le foetus, la paternité sous X, la responsabilité de la mère pour avoir contraint le père par des manoeuvres à assumer un enfant non désiré par lui, des obligations vis-à-vis de l'enfant pour le père imposé mais surtout les difficultés à faire valoir des droits sur ce dernier.

En résumé un petit livre passionnant qui se dévore comme un roman avec un un seul bémol pour la préface un peu alambiquée de Renaud van Ruymbeke.

Commenter  J’apprécie          20
De mémoire je me souviens de ce livre avec une certaine déception, je pensais que l'auteur pousserait plus loin sa pensée, laisserait plus libre court à ses émotions mais c'est un livre tout en retenue que nous livre Mary Plard (peut être justement la formation de juriste qui repose sur des faits?).
Cela m'a étonné que son féminisme semble lui mettre des bâtons dans les roues, pourtant c'est demander l'égalité de traitement entre les sexes et pas seulement à sens unique.
Un livre intéressant si on débute sa réflexion sur les choix permis (ou justement l'absence de choix) aux hommes, aux pères concernant la paternité.
En tant que féministe, je regrette que l'auteur ne se soit pas plus penchée sur la représentation de la femme liée à ces lois qui ont été conçues pour les protéger (éviter de se retrouver avec un enfant à charge sans aide financière du père à une époque sans IVG possible?).
Commenter  J’apprécie          10
Que dire après cette lecture ? Je suis ressorti sonnée après avoir fermé le livre. Que d'injustice entre ces pages ! Bien sûr tous ces pères ne sont pas que des victimes, mais les mères ne sont pas toutes roses non plus. Nous ne pouvons pas juger ces tranches de vie. Chacun a une histoire, des sentiments. Beaucoup vivent avec une culpabilité. Mais chaque histoire montre l'injustice juridique qu'il existe entre les pères et les mères. Pour moi, ce qu'il ressort de cette lecture, c'est que n'importe quelle femme peu donner le nom de n'importe quel homme comme père de son enfant. Et celui-ci devra assumer.

Je pense que l'auteur nous montre bien qu'être féministe n'empêche pas de réfléchir sur la place du père, la place de l'homme dans une relation. le fait de laisser le droit à la femme de choisir d'avoir un enfant ou non à un moment T, a complètement fait basculer la donne. le sexe faible est devenu le sexe fort (dans certains cas!).

Attention, je ne fait pas une généralité des quelques cas qui sont présenté dans cet ouvrage. Mais une grande réflexion doit se faire autour de ce sujet, ça c'est sûr ! A lire absolument !


Lien : http://laptitesourisduweb.bl..
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
4. « Ces portraits d'hommes dont la paternité est entachée d'un "vice du consentement" invitent à mener une réflexion au-delà du simple énoncé du problème. J'en reviens à la loi, […] qui dit la morale et le droit.
Les lois de bioéthique de 1994, 2004 et 2011 sont porteuses d'une présence de l'homme en tant que membre du couple parental avec la mère, mais aussi en tant que géniteur et père. Son avis et son accord sont pris en considération en cas de recherches sur l'embryon ou d'interventions susceptibles d'avoir un effet sur la poursuite de la grossesse. L'article L 2213-1 du Code de la santé publique prévoit ainsi la possibilité pour le 'couple' d'être entendu par l'équipe pluridisciplinaire chargée d'examiner la demande d'avortement thérapeutique.
Cette disposition passée largement inaperçue est un grand pas pour la paternité. Reconnaître au "géniteur" la possibilité de donner son avis, et donc d'être entendu et écouté au sujet de la poursuite ou de l'interruption de la grossesse de la mère, c'est déjà reconnaître l'existence d'un statut prénatal, prépaternel. » (pp. 200-201)
Commenter  J’apprécie          00
2. « […] "Tout fait quelconque de l'homme qui cause à autrui un dommage oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le réparer."
Georges était 'autrui', Sandra était 'l'homme' par lequel le dommage était arrivé. Mais quel était le dommage ? Ce n'était évidemment pas la naissance de la petite Mina, qui n'avait rien demandé ; c'était le cataclysme que son arrivée imposée avait provoqué dans la vie de Georges. Le rôle de l'avocat était d'exprimer ces "événements" en termes cliniques et juridiques.
J'étais en possession de tous les épisodes de l'histoire de Georges et de Sandra ; je devais désormais en tirer quelques paragraphes qui judiciariseraient la faute de la seconde et le dommage subi par le premier. La justice pourrait alors se mettre en mouvement. Elle aurait à dire si le comportement de Sandra, ses manœuvres séductrices destinées à tromper Georges sur la réalité de ses intentions étaient constitutifs d'une faute, et si cette faute avait causé un dommage qui justifiait qu'elle soit condamnée à le réparer. » (pp. 102-103)
Commenter  J’apprécie          00
1. « En écoutant Georges et en le sentant si fragile derrière sa belle assurance, je retrouvais les émotions qui avaient été les miennes lorsque la loi sur l'avortement peinait encore à se mettre en place. J'étais jeune avocat, jeune mère, jeune militante. J'avais accompagné à l'hôpital une cliente qui devait avorter. Elle se sentait influençable et redoutait l'entretien avec le psychologue, susceptible de la faire changer d'avis. […]
Georges d'un côté, cette jeune cliente de l'autre : à vingt-cinq ans d'intervalle, les mêmes tourments, la même détresse face à une vie qui vient d'eux et qui veut s'implanter dans la leur, mais que ni l'un ni l'autre, à ce moment-là, n'est en mesure d'assumer. Les raisons de cette défaillance importent peu. La question, c'est celle du choix, de la responsabilité que l'homme ou la femme est capable ou non de porter à cette période de son existence. Qu'elle soit masculine ou féminine n'avait aucune importance. » (p. 84)
Commenter  J’apprécie          00
3. « Un rapport de l'INSEE de 2006 indique que 6 enfants nés de parents non mariés sur 10 sont reconnus par leurs deux parents avant ou à la naissance, et qu'une filiation paternelle est établie dans 8 cas sur 10. Les enfants le moins souvent reconnus par leur père sont ceux dont la mère n'a pas d'activité professionnelle et est âgée de moins de 20 ans ou de plus de 35 ans. Les reconnaissances par la mère seule sont en recul et ne concernent que 7% des enfants nés hors mariage. […] Le milieu social a également un impact sur le moment de la reconnaissance : les enfants de mère cadre ou profession intermédiaire sont plus souvent reconnus avant de naître. » (p. 160)
Commenter  J’apprécie          00
Aucune voix raisonnable n'envisagerait de s'élever contre le droit de la femme à renoncer à être mère d'un enfant qu'elle ne pourrait porter ou élever, quel qu'en soit le motif. Chacun s'accorde à reconnaître que l'acte d'avorter est la solution ultime dans une situation de détresse psychique, matérielle ou morale. Mais est-ce à dire que seule une femme peut se trouver dans une telle situation? L'homme ne peut-il pas, au même titre que la femme, être exposé à la détresse psychique, matérielle ou morale?
Commenter  J’apprécie          40

autres livres classés : essai juridiqueVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs (17) Voir plus



Quiz Voir plus

Pas de sciences sans savoir (quiz complètement loufoque)

Présent - 1ère personne du pluriel :

Nous savons.
Nous savonnons (surtout à Marseille).

10 questions
411 lecteurs ont répondu
Thèmes : science , savoir , conjugaison , humourCréer un quiz sur ce livre

{* *}