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EAN : 9782756097473
152 pages
Delcourt (19/09/2018)
3.45/5   22 notes
Résumé :
Parti combattre, le roi Gradlon s'éprend d'une reine guerrière qui meurt en accouchant de leur fille. Inconsolable, il se désintéresse de tout, jusqu'à sa rencontre avec un ermite chrétien qui le convainc d'embrasser sa foi. Hostile à cette religion patriarcale, sa fille Dahud s'exile à Ys, la cité que son père a bâti pour elle. Mais les ambitions de vie alternative que la jeune femme y développe rencontrent rapidement l'hostilité de l'homme d'église...
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Ys est une ville légendaire de Bretagne, qui aurait été engloutie par l'océan. La légende d'Ys est un des plus beaux récits de mythologie bretonne. Elle en est devenue au fil du temps un récit populaire. Certains voudraient situer cette ville au large de la magnifique baie de Douarnenez, voire carrément dans cette baie. C'est un récit qui est à la croisée des chemins, entre dimension celtique et christianisme, croisée des chemins qui s'est vécue par l'évangélisation de la Bretagne dès le Vème siècle. Un christianisme celtique a perduré pendant quelques siècles, sorte « d'en même temps » improbable et d'apparence harmonieuse, on en trouve aujourd'hui quelques traces qui ont traversé les temps, sur les édifices religieux (églises, fontaines, calvaires, enclos...).
Quand je dis « d'apparence harmonieuse », vous allez vite comprendre mon propos...
C'est une BD que j'ai trouvée emplie d'enchantements, comme la légende. Au scénario, il y a Annaïg Plassard et au dessin Loïc Sécheresse. Une merveilleuse alliance !
Écoutez cette histoire que je vais vous raconter...
Le récit commence par l'épopée du roi Gradlon, parti à la conquête des terres du Nord pour agrandir son royaume de Cornouailles. La religion est alors quelque chose qui s'assimile au polythéisme. Les Dieux sont multiples et tous en accord avec la nature.
Lors d'un de ses épisodes guerriers, le roi Gradlon tombe amoureux d'une reine magicienne, avec laquelle il prend la fuite. Lorsque celle-ci meurt en couche, le souverain de Cornouailles s'enfonce dans une mélancolie profonde. L'enfant né de cette union est une fille, Dahud. Il la recueille, en assure l'éducation tout en demeurant cloîtré dans cette mélancolie, jusqu'à la rencontre avec un certain Corentin, porteur du christianisme au Dieu unique et qui va élever une cathédrale en Quimper, en devenant plus tard le premier évêque.
Corentin parvient à raviver la flamme chez le roi vieillissant, mais une flamme qui n'est pas du goût de Dahud, devenue jeune femme et éprise d'idées progressistes… Pour ne pas perdre sa fille, le roi Gradlon édifie pour elle une cité, Ys, au bord de la mer.
Étrangement, Dahud continue de revendiquer une appartenance au monde qui précède le christianisme, c'est-à-dire revendiquant pleinement l'âme celte.
Sur une terre qui devient chrétienne, Ys est une transgression. Terre où la religion catholique va peu à peu effacer la place des femmes, les soumettre à la loi divine, instaurer la notion du péché, de la culpabilité, du pardon forcément qui va avec,
Vis-à-vis de la religion catholique, Ys devient une transgression pour la place des femmes. Ys continue d'être une terre celtique, c'est-à-dire un lieu où la vie est permise dans tous ses sens, un monde de plaisir qui ignore le péché, où les désirs et les plaisirs de la chair sont permis.
Corentin ne peut accepter ce vent de liberté qui est pour lui un vent de débauche et de folie. Il va tout faire pour empêcher cela.
J'ai adoré le texte et les images qui animent ce récit graphique. Le dessin est à l'image de cette vague qui va engloutir la cité mythique. Nous voyons les personnages ondoyer dans quelque chose qui ressemble aux vagues ou au vent venu du large. Il y a quelque chose de sensuel dans ces formes qui ondulent, il y a aussi quelque chose d'envoûtant. Les personnages ressemble à une écriture qui se délie dans le récit qui les emporte. C'est beau, c'est enivrant.
Alors, parfois le trait est fortement soutenu, la référence à nos questions sociétales aussi, à la place de la religion dans la société, l'histoire du voile, tra la la, s'invite... On en parlait visiblement au Vème siècle, ou du moins les auteurs de cette BD trouvent une manière originale de nous en parler.
En effet, s'agissant de la question de la femme dont le statut était très fort dans la société celtique, cette BD montre comment le christianisme va rapidement mettre celle-ci au banc des renégats.
J'y a lu une fable. Une fable forcément féminine. J'y ai vu une vague.
Tout d'un coup, Ys cité engloutie, devient un fragment de révolte, une sorte de pamphlet moderne. Et c'est génial.
Il y a forcément des messages, on prend ou on ne prend pas, moi j'ai pris. J'y ai puisé une relecture intelligente qui nous invite à poser un regard sur notre société, sur la manière dont les religions, toutes les religions, peuvent être d'insidieux outils de manipulation des caractères et des foules. La servitude volontaire derrière le voile en est aujourd'hui l'un des exemples les plus frappants...
Une façon intelligente de s'appuyer sur un thème mythique pour rebondir sur une question sociétale. Et ceci par la BD. Bravo !
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En revisitant le mythe de la ville d'Ys, Annaïg Plassard prend quelques libertés.
Mais c'est pour la bonne cause.
En effet, elle fait du roi Gradlon un homme tourmenté, dans une quête spirituelle qui le conduit dans les bras des intégristes religieux.
Sa fille Dahut, par contre, est un personnage libre et lumineux, organisant autour d'elle la résistance contre cette police des moeurs, contre l'assignation des filles au foyer, contre la surveillance même de leurs vêtements…
Une petite résonance avec l'actualité, n'est-ce pas.
Et face à la rébellion de Dahut, les autorités ecclésiastiques utilisent une arme qui reste d'actualité : les rumeurs… (Aujourd'hui, c'est ce qu'on appellerait du cyberharcèlement.)
J'ai beaucoup aimé ce scénario, même s'il s'éloigne de la légende : son but est clairement autre.
J'ai beaucoup aimé aussi les dessins de Loïc Sécheresse, qui m'ont rappelé (ah, nostalgie…) la série des "Hypocrite" du regretté Jean-Claude Forest.
(Par contre, une petite déception : quitte à illustrer la construction de la cathédrale de Quimper, il est dommage d'avoir passé sous silence la particularité qui la rend unique…!)

Challenge Bande dessinée 2023
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Le graphisme de Loïc Sècheresse s'accorde à cette légende. Il est assez brut, fait de courbes souples, de couleurs intenses, l'élément liquide est tout le temps présent, comme si l'engloutissement par les eaux était présent du début à la fin. le récit est celui de la légende, il reste assez fidèle au récit classique, efficace et lyrique.
Cependant, je ne suis pas tout à fait convaincu par le personnage de Dahut, un peu trop inspiré par le stéréotype de la jeune ado rebelle d'aujourd'hui, elle manque d'aura magique, et dans cette histoire, aucun personnage n'accroche la sympathie. Autre point qui ne m'a pas vraiment emballé, c'est l'aspect “guerre de religion”. La théorie comme quoi, le christianisme nous aurait fait perdre la magie et le merveilleux me fait automatiquement enlever une étoile à ma note.
Alors j'ai aimé le traitement graphique, le lyrisme de cette histoire, j'ai bien moins accroché à l'utilisation de la légende, le thème religieux prend trop le dessus au point de tomber dans un militantisme douteux.
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Ai-je déjà écrit tout le bien que je pense de la collection Mirages des éditions Delcourt ? Non ? Alors je vais commencer aujourd'hui ! Depuis que je l'ai découverte il y a quelques années, j'ai quasiment lu tous les titres sortis et certains ont été de vrais coups de coeur (le merveilleux Morgane, Love-story à l'iranienne, La différence invisible pour les plus récents). Quand j'ai vu passer Ys, la belle couverture et le fait que la BD soit la nouveauté Mirages m'ont donné envie de l'ouvrir...
Je ne connaissais pas le mythe autour d'Ys, la ville engloutie et tant mieux car la surprise a été très agréable. Ce n'est pas ce à quoi je m'attendais, mais ce fut une intéressante lecture. le style graphique est particulier, je ne dirais pas forcément beau, mais colle parfaitement à l'ambiance.
Ce récit parle de l'émancipation d'une fille face à son père et globalement, de l'émancipation des esprits libres et des femmes face à l'extrémisme religieux. Pas de façon subtile, avec d'assez gros sabots. Toutefois, l'ancrage dans la civilisation celte où les moeurs étaient plus libres donne une résonance moderne au récit. J'ai apprécié le voyage, malgré une fin prévisible (même si je ne connaissais pas la légende) qui a cependant le mérite d'aller au bout du propos.
Mention spéciale pour le "tentateur" ou diable (??) envoyé à la princesse qui est doté d'un costume copié-collé sur celui du prince Philippe du Disney La belle au bois dormant !
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Ahlala ... j'aime pas faire ça, j'aime pas mettre une note aussi mauvaise à une BD mais quand je n'ai vraiment pas aimé je me dois d'être honnête avec les autres et de le dire. Et là, franchement, ça faisait vraiment longtemps qu'une BD ne m'était pas tombée des mains comme ça ! Donc je dois le dire, vraiment, j'ai pas aimé.

Tout d'abord, le dessin de Loïc Sécheresse ne me convient pas. Ce n'est pas une critique, juste un constat. Je le connaissais déjà d'avant, par les blogs-bd qu'il tenait, et déjà là je n'arrivais pas à adhérer à son style. Je ne sais pas trop pourquoi, mais le côté très "souple" dans les personnages, les représentations de personnages qui sont en tout sens, je n'arrive pas à apprécier ce que je vois. C'est un premier blocage mais qui est assez problématique.

Pour le reste, je ne suis pas du tout rentré dans cette relecture du mythe de la ville d'Ys. Je ne connais pas la légende d'origine, mais là j'ai trouvé un gloubi-boulga de références orientées dans un sens et un propos auquel je n'adhère pas et qui me semble bien trop simpliste. Déjà, je n'ai pas compris la façon dont plusieurs personnages font de la magie pour représenter leur dieux. C'est inspiré de différentes sources (on voit les idées piochées dans la bible sur les miracles chrétiens) mais du coup, je trouve qu'on rentre plus dans un simple duel de mage qu'une véritable réflexion sur la foi (même si ce n'est pas le propos).
D'autre part, le côté anachronique permanent m'agace ! Mais m'agace ! C'est une vieille légende bretonne dans laquelle on vient mettre des trucs comme des boites de nuit (ok, les musiciens sont avec des binious, mais c'est une boite de nuit), ce qui me sort complètement de l'histoire. D'ailleurs le mélange entre premiers chrétiens et religion installés m'irrite aussi : c'est partir de principe de déformation historique pour poser le propos de son histoire. Donc ça n'a aucun fondement historique, d'accord, mais ça brise aussi l'immersion et l'intérêt du message. de fait, à partir du moment où une cathédrale est construite, j'ai su que je n'aimerai pas. Ca mélange les questionnements sur le pouvoir et la religion sans prendre le temps de faire une vraie réflexion sur la place laissée aux femmes dans la période du Haut Moyen-Âge, ou la question de l'appropriation du genre par l'Église dans la suite.
Et surtout ... ben je ne vois pas ce que le mythe d'Ys vient faire là. C'est une banale histoire d'obscurantisme religieux face à une volonté d'émancipation. Tellement peu original qu'on le voit recyclé partout et à toute les sauces actuellement. Déjà, ça simplifie tout à l'extrême : j'ai beau être profondément anti-religieux, je sais que ce n'est pas avec l'arrivée du Christianisme ou autre religion monothéiste que les femmes se sont vues confisquer le pouvoir. Pas sur qu'une romaine pouvait avoir plus de pouvoir avant l'arrivée de ces religions. Ensuite, ça oublie les réalités de la question du genre : la politique, les différenciations culturelles, la façon dont se sont construites les représentations etc ... Et enfin, ça fait très manichéen sans aucune nuance.

Je ne me suis pas senti attaqué par la BD, je précise. Ce n'est pas un simple coup de gueule parce que la BD aurait mis le doigt là où ça fait mal. C'est juste que je me suis profondément ennuyé en la lisant. J'ai poussé un soupire après un tiers des pages, j'ai survolé des dialogues lorsque je commençais à être lassé de la prose que j'ai trouvé insipide et les dissertations trop simples et faciles. Puis j'ai fini par survoler la BD en générale jusqu'à la fin qui ne m'a pas du tout convaincue.

Au final, je ressors de cette BD en n'ayant aucune envie de la relire et je pense que je vais l'oublier soigneusement et passer à autre chose. Niveau réflexion sur la place des femmes dans la société, je trouve qu'on a largement mieux (Peau d'Homme, pour ne citer qu'elle) et que celle-ci ne m'intéresse pas du tout.
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critiques presse (3)
BoDoi
13 décembre 2018
La fraîcheur qui émane de l’album est en grande partie apportée par son esthétique singulière, toute en formes ondoyantes et volutes charbonneuses évoquant l’océan, qui en devient presque un personnage à part entière, omniprésent tout au long de la lecture. Dès lors, guère étonnant que l’on se laisse emporter par cette belle et puissante interprétation qui, comme de nombreuses légendes, trouve facilement son écho à notre époque.
Lire la critique sur le site : BoDoi
Bedeo
29 octobre 2018
Critique de la religion et de la société, histoire légendaire réécrite et reconstruite, envoûtement mystique, Ys est un tout protéiforme, qui se suffit à elle-même, et qui mériterait de s’imposer dans le paysage de la BD contemporaine.
Lire la critique sur le site : Bedeo
BDGest
19 octobre 2018
Relecture riche et aux thèmes actuels, Ys impose un style qui dénote sans trahir la légende dont il s'inspire.
Lire la critique sur le site : BDGest
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Voilà... Mes amies se mettent à porter une coiffe pour ranger leurs cheveux, leurs fiancés leur font des commentaires sur leurs choix vestimentaires... et tout le monde ne pare que de péché et de pardon, comme si vivre était une mauvaise chose ! Ils se mettent à rêver de la vie qu'ils auront après leur mort plus qu'à celle qu'ils ont ici et maintenant.
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Si la Bretagne était une femme, on l'entendrait alors chanter.
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