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Frédéric Fauquier (Traducteur)Fabien Lamouche (Éditeur scientifique)
EAN : 9782218931888
94 pages
Hatier (14/03/2008)
3.5/5   65 notes
Résumé :

Emprisonné et condamné à mort, Socrate s'oppose à son ami Criton qui le presse de s'évader. Le dialogue a lieu dans un climat d'urgence, car l'exécution est imminente. Mais pour Socrate, peu importe. Il faut prendre le temps de la réflexion : " Il faut examiner s'il est juste ou non d'essayer de m'enfuir d'ici sans que les Athéniens m'autorisent à le faire. Si cela semble juste, nous essaierons de nous enfuir, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Un dialogue platonique, pour le dire en peu de mots, riche, intéressant, et tout simplement excellent ! Comme toutes les oeuvres de Platon en fait. Cet échange entre le philosophe Socrate, qui est condamné à mort par ses trois accusateurs (Mélétos, Anytos, et Lycon) et qui attend dans sa prison le jour où il devra boire la ciguë, et un de ses meilleurs amis d'enfance, Criton, constitue un parfait exemple de maïeutique socratique.
Il est question ici de savoir ce qu'est la justice et de l'appliquer au cas d'un Socrate qui tenterait de s'enfuir. Par une prosopopée des lois, ce dernier fait parler la cité et ses règles afin de faire comprendre à Criton que même si s'échapper le libérerait des chaînes de sa prison, cela enchaînerait son âme aux chaînes de l'injustice, pire mal que l'âme peut subir, puisque la justice est ce qui la rend meilleure.
Si le monde réfléchissait et pensait comme Socrate, et si tout le monde avait compris qu'il ne fallait pas rendre le mal par le mal et commettre une injustice lorsque l'on en subit une, le monde se porterait bien mieux ; car il faut bien distinguer justice et vengeance.
Criton a un discours qui se rapproche de la rhétorique des procédés sophistiques utilisés par des sophistes comme Protagoras, Gorgias, ou encore Calliclès ; effectivement c'est un ami de Socrate et il parle sans aucune réflexion puisqu'il est sous le contrôle total de ses sentiments et de ses craintes (crainte d'être dans l'opprobre, peur pour l'avenir des enfants de Socrate, perte d'un ami comme jamais il n'en trouvera d'autre dans tout le restant de sa vie, etc.) et ces émotions-là empêchent le bon Criton d'avoir une opinion droite. En effet, Socrate comprend très vite son petit stratagème qui, dans l'empressement et l'urgence, invite Socrate à agir sans prendre le temps de la réflexion. Mais Socrate ne se laisse pas persuader, car la persuasion n'est issue que de la vraisemblance et elle n'est pas rationnelle, le philosophe ne se laisse pas persuader en effet mais il se laisse convaincre par des arguments crédibles et par des raisonnements philosophiques.
La mort de Socrate est nécessaire pour prouver au monde entier qu'il a subi une injustice, lui qui était un homme juste et qui a toujours su l'être, jusque dans l'Hadès même, il le dit.
Je vous conseille, si vous aimez les sortes de "séries de lectures qui se suivent", de lire d'abord L'Apologie de Socrate, qui est un dialogue où Socrate se défend contre ses accusateurs (c'est un vif débat où l'ironie socratique pique aux points sensibles les trois accusateurs), puis Criton, et enfin Phédon, qui est une oeuvre où Socrate parle de l'âme et de son immortalité, et où on voit cet homme juste, bon, et courageux, mourir, entouré par tous ceux qui le soutiennent et qui perpétueront sa pensée, afin de donner à Socrate une immortalité qui demeure encore aujourd'hui.
Dans mon édition Hatier, le dossier à la fin est une analyse fine et accomplie de l'oeuvre, et en plus de cela elle est très joliment rédigée, je vous conseille de la lire (elle fait une quarantaine de pages) afin de compléter votre lecture et dans le but de comprendre l'oeuvre dans son entièreté car, malgré sa brièveté, le Criton est une oeuvre puissante par la subtilité des paroles de Socrate et riche par les idées qu'elle recèle.
Beaucoup d'extraits de la République sont proposés dans le dossier, et cela me donne bien envie d'aller lire cet immense ouvrage de philosophie, et je vous exhorte à faire de même.
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C'est avec le Criton que je découvre la maïeutique ; et cette découverte n'est pas désagréable. D'un point de vue littéraire, ce texte n'a rien perdu de sa puissance. D'un point de vue philosophique, ce texte est des plus intéressants. C'est normal : il y a une grande question derrière : doit-on, ou non, respecter systématiquement les lois ? Socrate va nous proposer sa réponse : en choisissant de loger dans un pays, nous faisons le choix de respecter les lois. Jugement à nuancer, mais néanmoins jugement intéressant. Un texte puissant, intéressant, qui reste à compléter, certes, mais qui n'en est pas moins vraiment grand.
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Lu dans sa version originale, à savoir en grec, il y a plusieurs années, je garde un très bon souvenir de cet ouvrage. Il s'agit en réalité d'un dialogue entre Criton (un haut personnage de la Grèce antique en Socrate. Criton tente ici de convaincre Socrate de s'enfuir afin d'échapper à une mort certaine qui l'attend. Ce dernier réfute tous ses arguments en s'appuyant sur les notions de "Devoir' et des "Lois qui régissaient la Grèce à l'époque.
Livre agréable à lire et dont les arguments de Socrate nous apprennent beaucoup sur l'importance des lois pour les Athéniens et sur leur façon de vivre et de penser. A découvrir !
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Un joli dialogue que je rapporterai sur la logique. Il n'est pas question pour Socrate de démontrer une vérité ou une fausseté. Par contre lentement et surement il nous conduit ici dans vers une déduction plus ou moins logique à partir de certaines hypothèses. On suit très clairement le développement de la pensée, du raisonnement.
Platon dans Critron présente un dialogue de deux personnages, Socrate et Criton. Criton est un des disciples de Socrate et peut être même le plus riche. Connaissant le refus catégorique de Socrate de pouvoir s'évader, tous les disciples se sont convenus de confier à Critron la mission d'aller convaincre Socrate afin qu'il consent à leur plan d'invasion.
Mais sur le terrain de sa mission, Criton rencontre une difficulté notamment celle de tomber sur une grosse et grande tête du génie.
Au lieu que ça soit Criton qui se mette à convaincre Socrate de fuir, c'est plutôt Socrate qui se met à convaincre...
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Criton est un dialogue de quelques pages seulement entre Socrate à l'avant-veille de son exécution, et son disciple et ami Criton.
Véritable débat et plaidoyer de Socrate en faveur de ses principes.

En interrogeant Criton sur ses convictions, Socrate lui inculque une nouvelle leçon qui renforce ses idées sur la Philosophie Morale.

Son argumentation s'appuie sur des exemple concrets (sur la Raison) pour justifier sa décision de suivre cette même Raison et donc d'accepter sa condamnation à mort sans tenter de s'évader.
Socrate restera fidèle à sa philosophie. En se sacrifiant il préserve les lois, la justice, la vertu et la Patrie – ou alors a-t-il peur de l'Exil ? de quitter sa chère Patrie ? Peut-être par fierté, pour confirmer ce qu'il a toujours prêché ?
D'ailleurs il l'affirme, je cite :

« […] quels discours, Socrate? Ceux mêmes que tu tenais ici, que les hommes n'ont rien de plus précieux que la vertu et la justice, la légalité et les lois ? »


On adhère ou pas à ses idées et à ses arguments, pour ma part je pense que ce n'est pas en se sacrifiant qu'on défend sa philosophie (bien que Socrate affirme dans un sens que c'est en se sacrifiant que justement il l'affermit)

La prose est naturellement divine.
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
SOCRATE. - Eh bien ! Socrate [diraient les lois], écoute-nous, nous qui t'avons élevé, ne fais pas plus de cas de tes enfants, de la vie ou de quoi que ce soit d'autre que de la justice, afin qu'une fois arrivé dans l'Hadès, tu puisses te défendre avec tous ces arguments auprès de ceux qui commandent là-bas ; ici-bas, si tu t'évades, ta conduite ne semble ni meilleure ni plus juste ni même plus pieuse, ni pour toi ni pour aucun des tiens, et là-bas, une fois arrivé, elle ne t'apportera rien de bon. Si tu nous quittes maintenant, tu nous quittes jugé injustement non par nous, les lois, mais par les hommes ; mais si tu t'enfuis ainsi honteusement en ayant répondu à l'injustice par l'injustice et au mal par le mal, en ayant violé les accords et conventions que tu avais passé avec nous et en ayant fait du mal à ceux à qui il fallait le moins en faire, à toi-même et à tes amis, à la patrie, à nous, nous nous fâcherons contre toi tant que tu vivras ; et là-bas, nos sœurs, les lois de l'Hadès, ne t'accueilleront pas avec bienveillance si elles apprennent que tu as entrepris de nous détruire de ton côté. Eh bien ! n'écoute pas ce que Criton te dit de faire, mais écoute ce que nous te disons."
Cela, mon cher Criton, sache bien que j'ai l'impression de l'entendre comme les Corybantes ont l'impression d'entendre les flûtes, et en moi le son de ces arguments bourdonne et fait que je ne peux pas en entendre d'autres. Alors sache que, pour ce que j'en pense aujourd'hui, si tu parles contre ces arguments, tu parleras en vain ; cependant, si tu penses prendre l'avantage, parle.
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SOCRATE. - "Examine bien cela [diraient les lois] : si tu violes ces accords et trahis l'un deux, qu'apporteras-tu de bon à toi-même ou à tes amis ? Que tes amis courront le risque d'être exilés et privés de leur cité ou spoliés de leur richesse, c'est à peu près évident ; mais toi, en premier lieu, si tu te rends dans une des cités les plus proches, Thèbes ou Mégare - toutes deux ont de bonnes lois -, tu arriveras en ennemi de leur constitution, Socrate, et tous ceux qui se soucient de leur propre cité te regarderont avec défiance puisqu'ils te considéreront comme quelqu'un qui viole les lois. Tu confirmeras l'opinion que les juges ont eue de toi au point qu'ils estimeront avoir rendu correctement la justice. Celui qui viole les lois, en effet, pourrait sembler, presque à coup sûr, être un corrupteur des jeunes et des faibles d'esprit. Fuiras-tu donc les cités qui ont de bonnes lois et les hommes les mieux réglés ? Et si tu agis ainsi, vaudra-t-il la peine de vivre ? Ou bien te rapprocheras-tu des gens honnêtes et auras-tu l'impudence de discuter avec eux ? Quels discours tiendras-tu, Socrate ? Ceux que tu tiens ici même, que la vertu et la justice sont ce qu'il y a de plus estimable pour les hommes ainsi que les coutumes et les lois ? Ne crois-tu pas que cette attitude de Socrate paraîtra inconvenante ? Il faut le croire. Eh bien, tu t'éloigneras de ces lieux et tu iras en Thessalie chez les hôtes de Criton ? Là-bas, en effet, il y a bien plus de désordre et de relâchement, et peut-être t'écouteront-ils raconter comment tu t'es enfui, de manière ridicule, de la prison, déguisé ou habillé de cuir comme un esclave ou de quelque autre tenue que les fugitifs ont l'habitude de revêtir, après avoir aussi changé ton apparence. N'y aura-t-il personne pour dire que toi, un vieil homme à qui il reste, apparemment, peu de temps à vivre, tu as eu l'impudence de t'accrocher ainsi avidement à la vie en violant les plus grandes lois ? Peut-être, si tu ne gênes personne ; mais sinon, Socrate, tu entendras de nombreux propos indignes de toi. Tu vivras donc en flattant tout un chacun et en te comportant comme une esclave - que feras-tu d'autre que festoyer en Thessalie comme si tu étais parti là-bas pour un dîner ? Et ces discours que tu nous tenais sur la justice et les autres vertus, où seront-ils ? [...]"
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SOCRATE : … Examine donc. Ne trouves-tu pas que l’on a de justes raisons de dire qu’il ne faut pas avoir égard à toutes les opinions des hommes, mais qu’il faut avoir égard aux unes, aux autres non, et qu’il ne faut pas non plus respecter celles de tous les hommes, mais seulement celles des uns, non celles des autres. Qu’en dis-tu ? Cela n’est-il pas bien dit ?
CRITON : Si fait.
SOCRATE : Ne sont-ce pas les bonnes qu’il faut révérer, non les mauvaises ?
CRITON : Si.
SOCRATE : Et les bonnes ne sont-elles pas celles des gens sensés, les mauvaises celles des fous ?
CRITON : Sans doute.
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Ah ! mon cher Criton, ton zèle aurait bien du prix à mes yeux, s’il s’accordait avec le devoir ; sinon, plus il est ardent, plus il est fâcheux. Il nous faut donc examiner si nous devons faire ce que tu proposes, ou non ; car ce n’est pas d’aujourd’hui, c’est de tout temps que j’ai pour principe de n’écouter en moi qu’une seule voix, celle de la raison, qui, à l’examen, me semble la meilleure. Les arguments que j’ai soutenus jusqu’ici, je ne puis les rejeter parce qu’il m’est arrivé malheur ; ils m’apparaissent au contraire sensiblement identiques et j’ai pour eux le même respect et la même déférence qu’auparavant. Si donc nous n’avons rien
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Il ne l’est que trop, je pense. Mais une dernière fois, merveilleux Socrate, écoute-moi et sauve ta vie. Car pour moi, ta mort entraînera plus d’un malheur : outre que je serai privé d’un ami comme il est sûr que je n’en retrouverai jamais, beau-coup de gens qui nous connaissent mal, toi et moi, croiront que j’aurais pu te sauver, si j’avais consenti à payer pour cela, mais que je ne m’en suis pas soucié. Or, peut-il y avoir de réputation plus honteuse que de passer pour être plus attaché à l’argent qu’à ses amis ? La plupart des gens ne croiront pas que c’est toi qui as refusé de sortir d’ici, en dépit de nos instances.
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