L'une des principales qualités de ce qui est en fait la succession de deux dialogues socratiques -Le
Lysis et le
Charmide- est qu'il se lit très vite : 120 pages. Il s'agit-paraît-il- d'oeuvres de jeunesse de
Platon.
Personnellement, j'ai lu ce livre en parallèle avec
le Bonheur, désespérément, de
Comte-Sponville, à un moment où je traversais une crise morale personnelle.
Je crois avoir eu la main heureuse, car ces deux ouvrages sont très complémentaires. En effet, dans le
Lysis,
PLaton nous parle de l'amitié -à la grecque-, donc en fait d'amour, et de l'acte d'aimer, avec toutes les ambivalences liées au désir. le
Charmide vient confirmer que l'amour n'est pas en rapport avec la sagesse. Ce dialogue va même jusqu'à mettre en doute ce qui semble beaucoup plus établi dans des oeuvres postérieures de
Platon, à savoir le rapport entre la sagesse et la connaissance du bien et du mal. de manière très complémentaire -ce qui est logique puisque
Comte Sponville se place dans la lignée de
Platon et de
Spinoza-, le Bonheure désesperément nous enseigne que la quête éperdue du bonheur, oscillant notamment entre l'ennui et le désir, est une impasse, et que suele la sagesse peut conduire à un bonheur certes dépassionné, mais véritable.
Pour moi la boucle se trouvait ainsi bouclée : le Souci du Bien nous enseigne que l'amour a priori n'est ni un bien ni un mal, et que la recherche de la sagesse -reconnue dans des dialogues ultérieurs comme voie de connaissance du bien et du mal- est une quête plus véritable. La jouissance émotionnelle et sentimentale n'est qu'une impasse, tout au plus du baume au coeur. La suite du raisonnement m'amènerait à commenter des ouvrages de philosophie bouddhiste (très présente déjà dans l'ouvrage de
Comte Sponville), sur l'absence d'attachement.
Et pourtant, qu'il est difficile, cher
André Comte, de renoncer à l'espérance d'un toujours mieux, qu'il est difficile, monsieur Socrate, de ne pas de damner pour un être cher ou pour le simple désir de chair...
Au moins pouvais je encore me leurrer un peu en faisant mine de croire que mes amours seraient l'expression d'un Amour plus grand, universel, caricature de la compassion des grands maitres...