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EAN : 9782080712691
324 pages
Flammarion (14/06/2006)
4.12/5   33 notes
Résumé :
Géant de l'histoire de la philosophie, 'Le sophiste' ne peut pas poser la question de la sophistique sans poser celle de la philosophie. Mais les considérations concernant le 'marchand de connaissance à l'usage de l'âme' virent vite du linguistique à l'ontologie : parce que 'Le sophiste' pose la question du vrai et du faux, Platon doit y envisager celle de l'être et du non-être... Et c'est ainsi que naquit le plus grand texte ontologique de la Grèce antique.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Des arguties. C'est à première vue tout ce qui ressort de ce dialogue, mais voyons quand même jusqu'au bout.
A vouloir traiter le Sophiste dans sa généralité, le personnage principal (philosophe) reconnaît n'avoir produit que des « arguties ».
Au contraire, ce qui est « difficile et beau », reconnaît-il, c'est la faculté de critiquer pied à pied les assertions d'un homme suivant sa manière et son point de vue.

Mais, est-ce que cette faculté de critiquer s'est éveillée en se heurtant à une question logique (ontologique) ?
Il ne semble pas, car ça n'était “ni ingénieux ni difficile” d'après notre philosophe.
Il suffisait, en effet, de réduire le sophiste, à une seule position générale, puis de la réfuter.
-la position : le non-être n'existe pas, donc il ne peut y avoir de fausseté dans le discours. (On peut tout affirmer et son contraire).
-la réfutation : « le non-être n'est pas le contraire de l'être qu'il exprime, c'est seulement autre chose que l'être»…« le non-être est chaque portion de l'autre qui s'oppose à l'être ». (Ce qui importe c'est la différence, pas la contradiction)

Cette question logique d'ordre général avait été posée après l'échec d'une première approche dichotomique pour définir le genre « sophiste »...
... Alors que le philosophe avait déjà reconnu qu'il ne pouvait pas se distinguer du sophiste, en général, mais seulement en situation.
« … comme le loup ressemble au chien, et ce qu'il y a de plus sauvage à ce qu'il y a de plus apprivoisé. Si l'on ne veut pas se tromper, il faut avant tout se tenir toujours en garde contre les ressemblances ; car c'est un genre très glissant. »

Est-ce que cette vigilance s'est éveillée en se forçant à établir une généralité ?
Il ne semble pas. En effet, le personnage principal joue celui qui est conduit au comble de l'impuissance, alors qu'en réalité il se contente de reproduire inlassablement une seule et même image : le sophiste évoluant auprès d'une riche clientèle dans le seul but de faire de l'argent.
Mais précisément, parce que cette clientèle recherchait leur enseignement, le philosophe n'avait d'autre choix que de concéder aux sophistes, l'efficacité de leur art de réfuter, et même la "noblesse".

Je suis revenu peu à peu au début de ce dialogue. C'est là que les protagonistes prennent le parti de la complaisance. D'un côté, l'Etranger, comme personnage principal (philosophe), et de l'autre, Théétète comme une sorte de répétiteur. Il n'y aura donc pas de discussion « serrée », ni d'objection sérieuse. Tenu pour “un homme divin”, plus rien n'arrête notre philosophe. Son enquête sur le genre « sophiste » se transforme sans complexe en « chasse à l'homme ». Voilà le programme !

De son problème avec les sophistes, Platon s'est fait une montagne. A la hauteur de son impuissance, cette montagne culmine avec la question du non-être et de l'être.
L'ensemble du dialogue n'est qu'un raisonnement circulaire qui accouche au passage d'une souris.

Mais de façon souterraine, au-delà de la quête sophistiquée d'un fondement, il a dû se passer autre chose. du moins on peut le penser ; peut-être l'éveil d'un motif personnel au-delà de la guerre des genres sophiste vs philosophe ?
« forcer à permettre que les choses se mêlent les unes aux autres. »
Ainsi le dialogue aurait dû perdre son amertume et gagner en couleurs. Or, c'est l'opposé de ce que j'ai lu.

Et c'est encore à première vue, le même genre de dialogue amer qui se produit aujourd'hui. Peut-être faudrait-il rappeler les préventions du philosophe ?
"Discourir, c'est entrelacer”, et pas simplement "nommer les choses".
En effet, on parle sans doute trop facilement de la démocratie en soi, ou du bien en soi.
Mais on remarquera aussitôt que cette idée du Bien en soi, est le motif implicite de Platon, dans sa guerre des genres.

Un disciple de Platon est devenu roi-philosophe, mais la foule se rebelle, inévitablement. Voici l'amorce d'un nouveau dialogue.

Que penser d'un gouvernement qui prend le public pour un jeune enfant, et décide tout malgré ses protestations, en lui faisant croire que c'est pour son « bien » ?
Est-ce qu'un gouvernement peut se prétendre « démocratique » par le seul fait que je ne serai pas condamné à boire la ciguë, pour avoir posé ces questions ?
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Relire Platon, c'est souvent accepter de laisser de côté nos habitudes de lecture. La dialectique platonicienne donne lieu à un système, mais ce système ne s'offre qu'à ceux qui en acceptent la condition de pensée : la continuité ne se dévoile qu'au bout de la discontinuité du texte. Comme souvent avec Platon, l'ouvrage met en scène un protagoniste passif (Théétète) et un protagoniste plus actif (ici l'étranger, qui est un Grec d'Élée).

On doit s'attendre à une recherche sur la nature du sophiste. Et, pourtant, après le classique usage de la méthode de la division pour en déterminer la nature, c'est bien les problèmes ontologiques posés par l'existence même du sophiste qui formeront l'intérêt de l'ouvrage - ouvrage majeur pour comprendre l'ontologie platonicienne avec le Parménide (dialogue qui traitait davantage le multiple). Car, si le sophiste porte sur le non-être, et si celui-ci n'est pas (comme le veut Parménide d Élée), il ne porte alors sur rien, et on ne saurait l'accuser d'être un faussaire. Faut-il l'accepter ? Il faut transgresser l'interdiction de Parménide : au même titre que le mouvement est, le non-être existe (on laisse de côté la distinction entre l'être et l'existence qui n'a pas de sens dans ce dialogue). Mais quel est ce non-être si ce n'est surtout une négation de l'être, qui est aussi le non-être de l'autre étant : quelque chose de relatif ? le non-être n'est plus l'inexistence, mais l'autre de l'être. L'être peut ne pas être, le non-être être, si on entend la chose en référence à un être donné. le sophiste est un faussaire qui imite le philosophe en ce qu'il nie ce qui ne doit pas l'être, pas en tant qu'il outrepasse l'interdiction de Parménide. de là, on reconnaît l'aspect prédicatif de l'être, qui influencera Aristote.
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J'en garde des souvenirs houleux, l'ayant étudié en khâgne avec une prof qui avait du caractère. La grande question : si le non-être n'est pas, il n'est pas non plus dans la langue. Comment dans ce cas l'erreur est-elle possible ? Arrachez-vous les cheveux.
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Ame et connaissance? Ou bien n'est ce qu'être ou essence de ne pas être lorsque l'on est dans l'erreur ? L'être et ses attributs, est - ce cela que l'on nomme philosophie de l'être ? Et non de l'erreur, qui peut être dans le non être, non? Peut être excessif dans sa recherche de définition, ces pages nous interrogent toujours autant, non?
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
L'étranger à socrate ,
Considérons encore la chose d'un autre coté; car l'art qu'exerce le personnage dont nous nous occupons n'est pas un art de peu de conséquence, mais divers et compliqué. En effet, après toutes les formes que nous venons de voir paraître, le voilà qui en prend une toute différente et relative à un tout autre genre que celui où nous venons de le ranger.
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Je dis donc que pensée et discours c’est la même chose, avec cette seule différence que le dialogue intérieur de l’âme avec elle-même, et sans la voix, s’appelle pensée.
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l'âme qui ne raisonne pas est laide et sans mesure
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