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EAN : 9782221082461
230 pages
Robert Laffont (15/10/1997)
5/5   3 notes
Résumé :
"Le chantier et roman technique"

Le Chantier est l'oeuvre la plus incisive de Platonov.
Dix ans après la fin de Tchevengour, les gueux qui se rêvaient bâtisseurs du communisme creusent interminablement les fondations de la " maison de tous les prolétaires ", tandis qu'engraisse le pouvoir anonyme personnalisé par les apparatchiks. Le monde nouveau apparaît ici sous un jour terrible et grotesque. Ecrit entre décembre 1929 et avril 1930, Le Cha... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Dans le Chantier (traduit ailleurs « La fouille »), texte essentiel de Platonov, l'ironie - par l'excès jusqu'au ridicule des directives révolutionnaires - est très en retrait au profit d'une fable pessimiste et concluant sur la mort probable du communisme, malgré tout toujours tempérée d'une grande sollicitude poignante pour l'utopie qu'une génération socialiste a aimée et voulue, et reflet du sentiment angoissé de l'auteur concernant l'avenir de l'URSS.

L'écriture de Platonov est comme toujours magnifique, parfois complexe et surprenante, mais confirme l'existence d'un Style (avec un grand S) au sens de ce qu'en disait Céline : pousser jusqu'à un certain niveau, une sorte de musique se dégage du texte… et «c'est rare, le style, il y en a deux ou trois par génération ».

Dans cette édition, traduit par Louis Martinez sur les directives et recherches de Natalia Kornienko, professeur à l'Institut de littérature Gorki de Moscou (très intéressante postface de 1996 sur « La destinée posthume du « Chantier »), un effort très important a été apporté pour mettre en place le roman au plus près de ce que Platonov a réellement écrit, en restituant certains passages censurés, en supprimant un épilogue factice ajouté dans les années 60, et même en supprimant certaines interversions des noms Lénine et Staline !!! Publié dans sa version définitive en 1995 à Moscou, la traduction n'a pas tardé, preuve de l'importance que Platonov a pris à l'ère post-soviétique.
Que du bonheur comme celui que j'ai éprouvé ici, c'est tout ce que je vous souhaite.
Me voici enfin prêt à enfourcher Force du Prolétariat pour trouver en compagnie de Dvanov et Kopionkine « la génération spontanée du socialisme » à Tchevengour, la cité utopique « où seul le soleil travaille » !

PS : la note ne concerne pas Roman Technique, intéressant malgré tout mais partiellement rédigé, en cours d'écriture et inachevé. Apparemment, un manuscrit confisqué en 1933 sur ordre de Staline et retrouvé lors de l'ouverture des archives (littéraires) du KGB début des années 90.
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Incroyable découverte !
Cité par Andreï Kourkov au cours d'une interview vidéo.
De l'absurde et une détresse terrible dans le Chantier puis un lyrisme, une véritable "foi" dans l'avenir technique du XX siècle dans Roman technique .
... Et ce n'est pas une caricature post-soviétique mais bien un texte écrit dans son temps par un visionnaire talentueux.
A trouver d'occasion, à ressortir, à faire partager !
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Un jour d’été dévasté s’éloignait vers le soir ; tout s’achevait peu à peu, près de lui comme au loin : les oiseaux se cachaient, les hommes se couchaient, la fumée montait paisiblement au-dessus de lointaines demeures campagnardes où des gens inconnus et las, assis près d’un chaudron, attendaient leur diner, décidés à endurer leur vie jusqu’au bout. Le chantier était désert, les terrassiers étaient allés travailler dans le ravin et c’est là que se déployait maintenant leur mouvement. Prouchevski, soudain, eut envie de séjourner dans la lointaine ville du centre où les gens tardent à dormir, pensent et discutent, où le soir sont ouverts les mùagasins d’alimentation, avec leur odeur de vin et de pâtisseries, où l’on peut rencontrer une femme inconnue et converser avec elle toute une nuit en éprouvant le mystérieux bonheur de l’amitié, ce qui fait qu’on voudrait vivre perpétuellement dans la même crainte émue ; pour au matin se dire adieu sous un bec de gaz éteint, pour se quitter dans le vide de l’aube, sans promesse de retrouvailles.
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"Au vu des derniers documents parvenus à la destination du comité provincial, il est clair que les militants du kholkoze Ligne Générale sont désormais égarés dans les marécages gauchistes de l'opportunisme droitier. L'organisateur de la collectivité locale demande à l'organisation supérieure s'il existe, au dessus du kholkoze et de la commune quelque chose de supérieur et de plus lumineux où l'on puisse sans retard précipiter les masses moyennes et indigentes locales dans leur élan irresistible vers l'horizon de l'histoire et les cimes encore inouïes de tous les temps.[.....]
Il ne comprend pas à quel point , ce faisant, il spécule sur le sentiment essentiellement sain et sincère des masses moyennes dans leur aspiration à la vie kholkozienne. On ne peut pas ne pas reconnaître qu'un semblable camarade est un saboteur du parti, un ennemi du prolétariat, et doit être immédiatement et pour toujours écarté de la direction."
A cet endroit, le coeur navré de l'activiste avait frémi et il avait pleuré sur le papier du chef-lieu de province.
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Video de Andreï Platonov (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Andreï Platonov
Michel Eltchaninoff, Françoise Lesourd et Anne Coldefy-Faucard présentent la pensée du philosophe Nikolaï Fiodorov.
Totalement inconnue en France, la pensée utopiste de Fiodorov a influencé la culture du XXe siècle russe et demeure à ce jour une référence importante en Russie. de nombreux écrivains y trouveront des échos de leurs préoccupations, de Tolstoï à Dostoïevski ou à Vladimir Soloviov. Parmi ses héritiers, le futuriste Velimir Khlebnikov et les écrivains Andreï Platonov ou Maxime Gorki, mais également des savants comme Tsiolkovski, le père de l'aéronautique soviétique. Ses idées trouveront indirectement leur expression dans des textes de la science-fiction soviétique ou dans le cinéma d'Andreï Tarkovski et son adaptation de Solaris (1972). La pensée de Fiodorov se situe au croisement des nouvelles disciplines émergentes de son temps, telles que la linguistique et l'anthropologie, mais également la sociologie, l'agriculture, l'économie. Il est attentif aux phénomènes sociaux engendrés par l'urbanisation, l'appauvrissement de la campagne, et pressent, comme d'autres penseurs de son époque, l'avènement d'une crise mondiale majeure. Exhortant l'humanité à s'unir pour vaincre la mort, Fiodorov lui assigne aussi le devoir moral de ramener à la vie toutes les générations disparues, ces victimes du « progrès » : c'est « l'oeuvre commune ». Sur le climat, objet d'attention privilégié, ou encore, sur les transformations biologiques que connaîtra l'humanité, sa réflexion se rapproche de la question du transhumanisme, qui connaît actuellement un véritable engouement dans la Silicon Valley et ses grandes entreprises. Utopique, la pensée de Fiodorov ? Sans doute. Il n'en demeure pas moins que les idées, les interrogations du philosophe sont toujours aussi stimulantes, particulièrement lorsqu'elles sont exposées avec la spontanéité de la Correspondance: les rapports avec la nature, les questions de météorologie, l'urbanisation excessive, la maladie, la mort, la faim, la conquête de l'univers…
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