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Un magnifique petit bijou. « Dévoreur » me sert de porte d'entrée à l'univers du « Sentier des Astres » de Stefan Platteau, cet auteur belge qui emporte tous les suffrages en ce moment. Et franchement, à ce que j'ai lu, c'est pas volé ! Dans cette histoire toute courte, Stefan Platteau accueille le personnage des contes – j'ai nommé l'Ogre – dans la grande famille de la fantasy. On y voit un homme, Vidal, changer progressivement d'état : sympathique voisin, puis bourru, puis misanthrope, et enfin… bouffeur d'enfants. Sa voisine et amie, Aube, assiste à la transformation, au début refuse de l'accepter puis, au comble de l'horreur, décide d'agir pour sauver les propres enfants de Vidal. Mais c'est à Peyr, son mari magicien, que reviendra la rude tâche d'affronter l'Ogre dans son Château de Sel, et les forces néfastes qui le guident. Armé d'une plume aiguisée et magnifique, Stefan Platteau nous guide dans une histoire en plusieurs tableaux : des montagnes qui ont fait remonter dans ma mémoire mes superbes randonnées dans les Alpes et les Pyrénées, la maison de Vidal que n'aurait pas reniée Jay Anson, l'auteur d'Amytiville, un château qui sert de décor à un affrontement à niveau comme dans nos bons vieux jeux de rôles tels Prince of Persia. Bien que court, le récit a le temps de nous expliquer les ressorts de cet univers où le comportement des hommes est fortement influencé, voire contrôlé, par un groupe de huit astres, planètes, lunes et soleil dérivant dans le ciel, certains fastes, d'autres néfastes. Cela fait écho à ma récente lecture de l'extraordinaire BD « La Licorne » de Gabella et Jean : ici l'on admet comme structurel cette dépendance aux astres quand là on essaie de s'en libérer. Stefan Platteau va plus loin que la simple dépendance en reprenant une idée appréciée de certaines religions : le corps humain est calqué sur la structure cosmique d'en haut ; son microcosme reflète et contient le macrocosme. Toutes ces notions dans un récit aussi court en font une pépite extrêmement riche. Je ne parle même pas de l'originalité de la magie qui y est pratiquée, dans laquelle le souffle et le corps du magicien cohabitent avec les esprits élémentaires. L'éditeur, Les Moutons Électriques, a pris un soin particulier à l'écrin de sa pépite. le livre est petit, presque carré, et rappelle dans sa forme les livres pour très jeunes enfants. On s'attend presque à voir un pliage se déployer à l'ouverture. L'illustrateur Melchior Ascaride a pris le temps d'ajouter des frises cabalistiques dans les marges. Seul point faible, le prix ramené au nombre de pages est très élevé et prive probablement l'ouvrage de bon nombre de lecteurs potentiels. Mais bon, pour paraphraser Séguéla, si tu n'as pas acheté ce bijou à cinquante ans, tu as raté ta vie ^^. Merci à boudicca dont la critique m'a persuadé de me lancer + Lire la suite |