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Critique de boudicca


Dépeint comme un savant mélange entre Robin Hobb et Robert Holdstock, et vanté par Justine Niogret ou encore Jean-Philippe Jaworski comme une véritable révélation, c'est dire comme ce premier tome de la trilogie « Les sentiers des astres » signé Stefan Platteau était attendu ! Et si on aurait habituellement raison de se méfier de ces compliments entre auteurs souvent hasardeux et trompeurs, le terme de pépite ne me paraît pour une fois pas usurpé dans le cas de « Manesh ».

Perdues dans les lointaines et impénétrables forêts du Nord, deux gabarres menées par une petite compagnie dirigée par le chef de guerre Kalendûn Rana entreprennent plus ou moins aisément de remonter le cours du fleuve à la recherche d'un ancien oracle baptisé « le Roi-diseur ». Mais le Vyanthryr est traître, et on trouve parfois de bien étonnantes surprises dans les profondeurs de ses eaux... On pourrait certes reprocher à l'ouvrage quelques longueurs et un léger essoufflement du rythme lors de certains passages, mais au-delà de cela il faut bien avouer que le roman de Stefan Platteau se révèle être une véritable réussite, embarquant le lecteur dans un voyage envoûtant aux côtés de personnages fascinants. Parmi eux : Fintan Calathynn, notre narrateur, second du capitaine de l'expédition mais aussi et surtout barde, et de ce fait fort habile dès qu'il est question de manier les mots ; et surtout le fameux Manesh, le Bâtard de Marmach comme certains aiment à le nommer. Deux hommes d'exception, chacun à leur manière, et dont les récits constituent la trame de ce premier volume. A Manesh le passé : son origine, son enfance et ses aventures jusqu'à sa rencontre avec les membres de l'équipée de Kalendûn Rana ; au Barde le présent : la découverte du Bâtard et le déroulement de leur voyage sur le fleuve. Avec un talent remarquable, Stefan Platteau tisse les fils d'une intrigue dense et complexe dont les nombreux rebondissements ne cessent de surprendre le lecteur qui ne peut qu'attendre avec avidité que les différents protagonistes se décident enfin à livrer leurs secrets.

Bien que l'action s'y fasse finalement plutôt rare, on ne peut s'empêcher de se passionner pour le récit livré au compte-goutte aussi bien par le Barde que par le Bâtard, personnages aussi attachants et énigmatiques l'un que l'autre. Mais le tour de force de l'auteur tient surtout à l'ambiance dont il a su imprégner son histoire. Une ambiance fortement inspirée de la civilisation celtique dont Stefan Platteau est parvenu à retranscrire toute l'étrangeté et la complexité, notamment en choisissant de faire de son univers un lieu où résiderait encore une poignée d'antiques êtres magiques. Esprits primordiaux de la terre, Semeur de feu, Pâtre noir, Lunaires et Solaires..., elles sont nombreuses, les créatures fabuleuses des légendes, à peupler encore le royaume de l'Héritage et c'est avec émerveillement ou effroi que le lecteur fait connaissance, plus ou moins brièvement, avec certains de ces êtres fabuleux. Difficile de ne pas penser lors de la lecture au « Même pas mort » de Jean-Philippe Jaworski qui s'inspirait lui aussi amplement de la civilisation celtique et dont on retrouve ici quelques caractéristiques. Il y aurait beaucoup plus à dire mais « Manesh » est de ces ouvrages dont il est difficile de parler et qu'il convient plutôt de découvrir par soi-même pour en saisir toute la beauté et les subtilités. Un dernier mot malgré tout sur le style de l'auteur qui manie sa plume avec un talent admirable et donne ainsi naissance à des scènes ou des dialogues d'une rare intensité et par lesquels on se laisse complètement happer.

Un premier tome remarquable qui prend le lecteur au piège dès les premières lignes pour ensuite ne plus jamais le lâcher. Des personnages profonds et attachants, une plume évocatrice et non dénuée d'une certaine poésie, un univers envoûtant et qui recèle encore d'innombrables possibilités : autant d'ingrédients qui font de ce « Manesh » un ouvrage d'une grande saveur dont il me tarde de découvrir la suite. Sans aucun doute l'un de mes premiers gros coups de coeur de cette année 2014.
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