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EAN : 9782213705071
320 pages
Fayard (23/08/2017)
3.45/5   10 notes
Résumé :
PDG d’une entreprise exemplaire où les employés sont heureux, Jean Jodelle est un patron prospère et offensif. Un million de femmes dans le monde porte les implants mammaires que fabrique sa société. Critique littéraire au chômage, Louis Glomot est assez pessimiste quant à son avenir professionnel. Louis et Jean se sont bien connus au lycée. Ils partageaient un même amour de la littérature que Jean cultive en envoyant chaque matin à ses cent vingt salariés un poème ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Lors de la très belle matinée de présentation de la rentrée des éditions Fayard en juin dernier, j'ai tout de suite tilté sur Une histoire française, malgré sa couverture rose (je déteste le rose), même si elle s'avère être un parfait contre-pied à l'esprit du livre. Et je n'ai pas été déçue. C'est aussi cash que je le pressentais, écrit avec un bazooka trempé dans l'ironie, riche des observations de l'auteur, journaliste qui en a vu passer des vertes et des pas mûres dans les colonnes économie et société de l'hebdomadaire auquel il contribue.

C'est l'histoire d'une entreprise, de ceux qui la font tourner et de ceux qui subissent les conséquences de leurs décisions. Jodelle Implants est un des leaders mondiaux de la fabrication de prothèses mammaires (toute ressemblance avec une entreprise ayant récemment défrayé la chronique n'est évidemment pas fortuite). Son patron et fondateur, Jean Jodelle se veut le leader d'une société exemplaire sur le plan social : recrutement de profils atypiques, diversité, avantages sociaux, team building... l'image est belle et les employés du groupe, encouragés chaque matin par l'envoi d'un poème ou d'une fable n'ont vraiment pas à se plaindre. Alors, lorsque Louis Glomotz, critique littéraire au chômage depuis trop longtemps se voit proposer un job par Jean Jodelle, un camarade de promo, il se résout à mettre ses ambitions littéraires de côté pour rédiger les multiples communiqués et courriers de l'entreprise à destination des organismes de contrôle et du grand public. Ce qu'il découvre derrière la façade (rose) va néanmoins dépasser tout ce qu'il aurait pu imaginer jusqu'à le placer face à un dilemme : cautionner pour préserver cette nouvelle situation inespérée ou dénoncer au bénéfice de tous ? Collaborer ou résister ?

Ce qui est frappant dans ce roman c'est que l'auteur ose forcer le trait et tirer jusqu'au bout ses fils narratifs, quitte peut-être à choquer ou à rebuter le lecteur. Il fait des employés de Jodelle des complices de la fraude, en toute connaissance de cause. Mais des complices modelés par la société, la peur du chômage, les techniques de management qui valorisent l'esprit d'entreprise et le cynisme ambiant.

"Jodelle est dans son rôle, aime à répéter Duclos. Une locution à la mode en France, où chacun, désormais, est dit "dans son rôle" : le patron qui vous licencie, le CRS qui vous matraque, l'artiste performeur qui se barbouille d'excréments. Jodelle est donc dans son rôle, quoique la légitimité du "rôle" qui consiste à inonder la planète d'implants néfastes à la santé des femmes reste difficile à définir".

Louis Glomotz et Jean Jodelle sont passés par les mêmes écoles et pourtant, leurs visions et attentes de la vie sont diamétralement opposées. Néanmoins, la pression des contraintes économiques - il faut bien assurer le train de vie de la belle Eudoxie - amène Louis à interroger les fondements même de sa conscience. D'autant que lui-même a déjà fait les frais du capitalisme sauvage lors du rachat du journal où il travaillait par un magnat de l'industrie et des affaires (toute ressemblance...) qui a abouti à son licenciement.

Oui, l'auteur y va fort mais sa technique permet d'opposer les arguments des uns et des autres avec une réelle clarté, qui donne parfois la nausée, je vous l'accorde. Elle décortique les mécaniques qui ont déjà fait leurs preuves dans le passé (le parallèle avec la période de l'occupation n'est pas loin) et qui transforment des individus a priori inoffensifs en complices de crimes. Il fut un temps où on les appelait des collabos.

Oui, j'ai pris un énorme pied à lire ce roman d'un auteur qui n'hésite pas à cogner tout en y mettant les formes, un auteur qui met à nu quelques vérités trop souvent travesties et attire l'attention sur les ravages d'une société par trop individualiste. Une lecture qui incite à la méfiance (n'oublions jamais que les entreprises sont des outils de profit avant tout) et dont les effets secondaires sont de mettre en valeur le rôle précieux des lanceurs d'alertes, eux qui savent résister aux sirènes sans en être jamais bien récompensés ou remerciés.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Premier constat, abrupt : ce livre est un récit qui ne vous lâche pas.
Le titre, déjà, fait cogiter la professeur de français que je suis, puisqu'en théorie, un adjectif exprimant une relation ne peut être mis au superlatif. Comme quoi, la créativité n'a rien à faire avec la norme grammaticale. S'ensuit alors une question : en quoi une histoire peut-elle être trop française ?
Nous savons dès le départ (ou presque) qu'un scandale va éclater, nous ne savons pas comment. Nous espérons cependant l'apprendre - quelques anticipations parsèment le récit, posant ainsi les jalons de la révélation.
Français, le patron idéal de la société Jodelle est aussi un patron paternaliste - et les exemples de paternalisme ne manquent pas dans l'histoire du patronat français. Celui-ci prend soin de ses employés, leur assurant plus que le nécessaire, leur offrant un sentiment de sécurité qui sape tout envie de quitter ce confort, le tout mâtiné de mesures spécifiques et bienveillantes. Ah, la diversité en entreprise, ah, l'accès à la culture - ne leur envoie-t-il pas un poème tous les jours ? Lecture obligatoire et orientée - ou comment saper un peu plus le libre arbitre de chacun.
Sécurité de l'emploi, cocon douillet de l'entreprise modèle (le nom de l'entreprise à une consonne près) et la complicité. Tous savent, tous se paient de mots et tremblent d'être découverts lors des contrôles réguliers -montrant ainsi au passage les défaillances d'un système. Oui, des mots, de très longs discours très bien construits, l'expression sincère des tourments de chacun, des morceaux de bravoure quasi-émouvants et qui tournent en vase clos. le discours, si bien huilé soit-il, ne doit pas être entendu en dehors du cercle professionnel.
Cette propension à s'étourdir de mot n'est le propre des employés Jodelle, non. D'autres partagent ce travers, à commencer par Louis, second personnage principal de ce roman. Il se laisse porter par les événements, un velléitaire qui ne s'engage pas. Père de plusieurs enfants, en couple depuis sept ans (la durée fatidique pour un couple, si l'on en croit les spécialistes), il hésite à devenir père avec sa compagne, dont le passé s'inscrit dans les grandes tragédies du XXe siècle (j'utilise cette formule parce qu'elle s'inscrit parfaitement dans la rhétorique des personnages) et noie ses atermoiements sous un verbiage argumentatif. Les paroles creuses d'un côté, les actes de l'autre - sa compagne est plutôt du côté des actes.
Louis, chômeur pour raison économique et égocentrique, apparaît comme le témoin quasiment passif de ce qui se trame dans l'entreprise. Etre l'oreille que tous ou presque attendait, pour des mots, toujours des mots qui ne mènent nulle part alors qu'un seul, qui ouvre la dernière partie du livre, suffisait : féminicide.
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À travers des éléments d'une histoire réelle, le scandale des prothèses mammaires PIP, ce roman entreprend de dépeindre une certaine société française.
Celle du système D, celle de l'individualisme joliment habillé des grandes valeurs d'humanisme chères à notre tradition mais peu appliquées au quotidien : tout y passe, la peur du chômage, le racisme, l'engagement, les attentats, les procédés d'encadrement de l'entreprise, la lourdeur administrative, l'inertie des organismes de contrôle, etc…
Le ton est celui de l'ironie, certaines situations relèvent aussi du burlesque voire de la cocasserie. Bien sûr, c'est à lire au second voire au 3ème degré. Il n'empêche que certains passages m'ont mises mal à l'aise car le sujet de fond est tout de même une escroquerie qui a concerné des milliers de femmes dont certaines ont été mutilées et sont même décédées.
Les passages sur l'entreprise sont néanmoins intéressants développant l'hypocrisie et l'égocentrisme de la direction mais aussi des employés qui préfèrent garder leurs gros salaires et leurs avantages en même temps que le secret sur les pratiques criminelles de leur employeur.
Le personnage de Louis est un condensé de nos travers culturels au prisme de la vie parisienne. Néanmoins, plutôt qu'un personnage auquel on pourrait s'identifier, la description de ses mésaventures ressemble davantage à un catalogue qui fait de Louis un pauvre type qui inspire la compassion et dans lequel on ne veut surtout pas se reconnaître.
En conclusion, je ne suis pas convaincue par ce roman même s'il évoque avec humour les sujets qui fâchent et que l'on met dans le fameux concept de l'exception française. Les situations répétitives ont fini par me lasser.

(Editions Fayard / Netgalley)
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Amis lecteurs, accrochez vos ceintures ! Vous allez prendre place dans un livre à l'écriture marathonienne où fusent les mots, les phrases, les dialogues, où tout monte rapidement et redescend aussi vite, où tout s'entrechoque, choque et prend des chocs. Des chocs physiques, des chocs psychiques. Un portrait brut, lapidaire sur une société mirage, où la bienveillance n'est qu'un miroir pour empêcher de réfléchir…
Louis Glomotz est au chômage. Il est en couple avec une rescapée du Rwanda, Eudoxie Mukamurangwa. Il a été critique littéraire et au hasard d'une promenade sportive rencontre un ancien camarade de lycée, Jean Jodelle, fondateur de Jodelle Implants, une société de prothèses mammaires et amoureux des belles lettres, tant qu'il envoie chaque matin par email un poème à l'ensemble de ses salariés. Homme de gauche, il est un défenseur de l'innovation sociale, un précurseur même. L'entreprise est l'exemple même de la diversité, offre des chances à ceux qui n'ont pas d'expérience, privilégie la promotion interne, offre de généreux chèques vacances, des congés en surplus, une crèche et le patron n'hésite pas à casser sa tirelire personnelle si un salarié a besoin d'aide financière. Bref, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Enfin presque… Car il y a un nom barbare que l'on cache, Glhorborsil, une huile de vidange servant à produire un gel de silicone bon marché, très bon marché. Autorisation, certification, contrôle, homologation, service qualité, mensonge, cachoterie, fraude, secret de Polichinelle, omerta collective… les dessous et les off sont moins attractifs et bienveillants que les dessus et les on. Propension Industriel Pitoyable… Et derrière cette charité patronale se cache peut-être une toxicité morale et financière…Quant à l'homme de gauche, n'est-ce pas qu'un paravent pour éviter de se mettre réellement à nu devant son public ?
Un thriller industriel où cascadent des histoires, des vies, des conflits, des batailles. de l'amour aussi, un peu, passionnément, pas du tout. Des personnages qui défilent et où Fabrice Pliskin ajoute des surnoms, des images, des comparaisons, donnant des survies au présent dans l'indomptable et incertain futur.
Lien : http://squirelito.blogspot.f..
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Fabrice Pliskin. Son nom ne vous dit peut-être rien (pour l'instant) mais, désormais, retenez-le. Avec Une histoire trop française, l'ancien rédacteur du côté de l'Obs revêt définitivement les habits du romancier social. Une fois de plus, la thématique n'est pas aisée : Pliskin envisage ici de raconter, de l'intérieur, le scandale du PIP. Tout le monde se souvient de cette affaire qui secoua la France et l'étranger, ces prothèses mammaires commercialisées par la société PIP et qui devenaient aussitôt de vraies bombes à retardement implantées dans le corps des femmes. Un fait judiciaire devient, à grands coups de plume, un immense roman. Pourquoi ? Comment ? Lettres it be vous en dit plus, juste quelques lignes en-dessous.


# La bande-annonce


PDG d'une entreprise exemplaire où les employés sont heureux, Jean Jodelle est un patron prospère et offensif. Un million de femmes dans le monde porte les implants mammaires que fabrique sa société. Critique littéraire au chômage, Louis Glomot est assez pessimiste quant à son avenir professionnel. Louis et Jean se sont bien connus au lycée. Ils partageaient un même amour de la littérature que Jean cultive en envoyant chaque matin à ses cent vingt salariés un poème de la Fontaine ou de Rimbaud. Lorsque les deux anciens condisciples se recroisent par hasard au Jardin des Plantes, Louis ne peut s'empêcher d'y voir une opportunité inespérée. Louis se retrouve à travailler pour Jean. Mais qu'est-ce qu'un ex-critique littéraire pourrait bien faire dans une entreprise qui produit cent mille implants mammaires par an ? Sinon découvrir derrière la façade humaniste – hauts salaires, horaires souples, congé maternité de 28 semaines et crèche d'entreprise… – une réalité sordide qui va déclencher le scandale mondial des prothèses Jodelle.


// " - « Il y a un problème avec le pommeau de la douche de la baignoire, ça fuit de partout, dit-elle. Je compte sur toi pour faire l'homme. »
Comme l'Europe, Eudoxie a des exigences essentielles." //




# L'avis de Lettres it be



Le scandale des prothèses fabriquées par la société PIP, l'implication du PDG de cette entreprise, le bien trop célèbre désormais Jean-Claude Mas et ses mensonges à répétition … « Une histoire trop française » baigne dans ce fait divers qui défraya la chronique française il y a 7 années maintenant. Une fois n'est pas coutume, Fabrice Pliskin nourrit ses ouvrages avec les maux de notre société. Après L'agent dormant qui raillait la « gauche caviar » et les bonnes moeurs à géométrie variable, après Toboggan qui mettait en lumière la valeur de l'accusation dans une affaire d'inceste, après Impasse des bébés gris qui moquait l'art contemporain et ses errances monnayables, Une histoire trop française s'empare à bras-le-corps d'un épisode juridique qui trahit bien les errances actuelles.

La suite de la chronique sur le blog de Lettres it be !
Lien : https://www.lettres-it-be.fr..
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critiques presse (1)
Bibliobs
29 août 2017
Notre camarade publie "Une histoire trop française". C'est à la fois effroyable et drôle.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Jodelle est dans son rôle, aime à répéter Duclos.
Une locution à la mode en France, où chacun, désormais, est dit "dans son rôle" : le patron qui vous licencie, le CRS qui vous matraque, l'artiste performeur qui se barbouille d'excréments. Jodelle est donc dans son rôle, quoique la légitimité du "rôle" qui consiste à inonder la planète d'implants néfastes à la santé des femmes reste difficile à définir.
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Il court dans l'escalier. Il court dans l'escalier d'une tour de cinquante étages. Ce n'est pas sa première course verticale. Gravir à toutes jambes les escaliers des plus hauts édifices, il sait les férocités de cette discipline. Ses genoux ont déjà gravi bien des tours.
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C’est le triste particularisme de notre entreprise. Nous pratiquons le mensonge et la fraude.
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