L'approche du mal

Sur cet espace, quand on examine mes choix de lecture, comparés à ceux d'Ema, des goûts et intérêts se dessinent… Des romans de toutes sorte mais une prédilection certaine pour la romance et les genres de l'imaginaire. Ces derniers mois, même lorsque je sors de la fiction, c'est pour me plonger dans la philosophie. Et c'est ma collègue qui te parle thriller, zombies et tueurs… Bref, il est facile de me voir comme la contributrice romantique qui n'aime pas tellement la violence ou tout ce qui est glauque. Sauf que j'adore Criminal Minds, certains youtubeurs qui parlent « true crime » et regarder des documentaires sur les tueurs en série. En vérité ce n'est pas de la fascination pour le crime, pas du tout, c'est de la fascination pour l'être humain. de la même façon que je me suis longuement penchée sur la psychologie positive – qui s'intéresse aux moyens et conditions qui mènent au fonctionnement optimal des individus -, il me semblait passionnant d'essayer de comprendre le passage à l'acte des criminels. Bref, j'aime bien la psychologie, tant et si bien que je suis en ce moment un cours d'introduction en victimologie.

Dans ce contexte, croiser l'ouvrage de monsieur Ployé ne pouvait que se solder par une lecture...

L'Approche du Mal est un témoignage. Ce n'est ni un essai sur la criminologie ou la victimologie, ni un essai de psychologie. C'est d'ailleurs cette particularité, que ce soit un témoignage, qui rend si précieux et intéressant l'ouvrage de Jean-Luc Ployé. Si on croise quelques tueurs tristement célèbres, ce n'est pas ce qui m'a marquée. Ce qui touche, c'est la franchise de monsieur Ployé sur son métier. Il parle de ses doutes, de ses peurs, de ses difficultés, de sa passion aussi, pour son rôle d'expert pour les tribunaux français. Il replace aussi ce rôle à la bonne place : Une expertise ne pourra jamais avoir valeur de preuve. Page 90.

C'est à cause de ce dernier point que je conseillerais particulièrement cette lecture à tous ceux qui s'intéressent en dilettantes à la criminologue. Si même aux USA le profilage est à mille lieux de ce que présentent les films et les séries, la situation en France est encore plus éloignée… Ainsi dans L'Approche du Mal, l'auteur nous explique qu'il n'a eu l'occasion de faire du profilage qu'une fois dans sa carrière. Que son travail en tant qu'expert est d'évaluer le profil des accusés avant leurs procès ou bien de dresser le profil de plaignants pour évaluer la cohérence et l'authenticité de leur parole.

L'ouvrage fait du bien parce qu'il nous parle de la justice, non pas fantasmée ou diabolisée, mais en ce qu'elle peut avoir de complexe et de difficile…

Finalement je ne peux que me réjouir d'avoir lu L'Approche du Mal, un témoignage intéressant sur un rôle méconnu et souvent mal compris, celui d'expert auprès des tribunaux. Passionnant !


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Globalement, nous sommes capables d'expliquer en quoi consiste une expertise psychologique, peut-être aurons-nous même au passage amalgamé "profiler" et "expert psychologue", mais il n'empêche que nous ignorons le panel d'individus soumis à ces expertises, et encore moins ce à quoi ressemble le quotidien de ceux qui les mènent. Jean-Luc Ployé nous présente un ouvrage aux allures de journal de bord, dans lequel nous disposons des clefs nécessaires à la compréhension de ce métier. L'auteur y relate aussi bien les grandes affaires pour lesquelles il a été sollicité, jusqu'aux plus "anodines", si j'ose dire. Toutefois, Jean-Luc Ployé se garde d'en faire un ouvrage spectaculaire. Il n'exploite pas à outrance ses rencontres incroyables avec Michel Fourniret, Francis Heaulme ou Pierre Chanal. Et il n'en dresse pas non plus un portrait qui inviterait le lecteur à une sorte de fascination morbide - d'ailleurs, il le dit : les questions qu'on peut lui poser sur ses échanges avec ces grands meurtriers le mets si mal à l'aise qu'il prétend parfois, en société, être plombier. Ces grands événements sont ponctués d'autres expertises menées au cours de sa carrière (qui dure encore), auprès de jeunes femmes victimes de viol ou d'agresseurs empreints de mauvaise foi. Il partage ses craintes, ses doutes, ses querelles inoffensives mais vexantes avec certains confrères et avocats, mais aussi ses joies, car il y en a. C'est un ouvrage intéressant, lequel m'a indéniablement permis de mieux appréhender certains aspects de l'expertise psychologique en France, et à ce titre, je le recommanderai.

Un magazine de psychologie consacrait ce mois ci un article sur le psychisme des pédocriminels. Jean-Luc Ployé expert psychologue auprès des tribunaux expliquait le mécanisme psychique des prédateurs.
Cet interview m'a incité à me plonger dans le récit détaillé de son parcours. Co-écrit avec le journaliste Mathieu Livoreil, c'est un livre au ton sincère, détaillé et en tout point passionnant. N'y cherchez pas de descriptions morbides propres à attiser la curiosité malsaine . Ce psychologue aguerri à l'approche du crime et ses conséquences apporte sa propre vision de l'expertise psychologique et de la justice. Pendant trente cinq ans l'auteur a acquis une solide expérience professionnelle qu'il partage pour nous expliquer autant qu'il le peut les coulisses de son métier, son implication, sa vision du mal, les grands malades et pervers connus et anonymes, le sort des victimes. Il ne cache pas ses difficultés, ses faiblesses, son implication humaine "à l'approche mal". Un récit qui lève le voile!

La psychologie criminelle est un sujet qui me passionne, j'en ai une soif énorme dans mes lectures. Je veux comprendre l'incompréhensible. Qu'on m'explique l'inexplicable. Alors quand on me parle d'un livre écrit par l'expert psychologue de Fourniret et de tant d'autres tueurs en série français... J'en ai énormément appris. C'était enrichissant sur le plan humain au milieu des monstruosités.

Très agréable à lire, ce document a le mérite de nous faire parfois rire, parfois serrer les dents. C'est criant de sentiments, et l'auteur arrive à éviter les généralités qui pourraient gêner et être déplacées dans le cadre de sujets aussi délicats.
C'est d'autant plus intéressant que ce n'est pas une fiction.