Charles de Gaulle, tome 1 : Le prisonnier (1916-1921)

Vous êtes ici, jeunes officiers, pour recevoir l'enseignement tiré des leçons de la guerre à laquelle vous n'avez pas pris part.

Se faire décorer par un général qui a combattu avec l'Allemagne pour avoir mis en échec un général qui a combattu comme allié de la France, quelle ironie.

Je me sens honteux, inutile. Combien je pleure cette odieuse captivité dans mon cœur.

- Vous êtes une forte tête et c'est pour cette raison que l'on vous a conduit dans ce camp où l'on regroupe tous les individus de votre acabit.
Et mettez-vous bien dans le crâne que l'on ne s'évade pas de la forteresse d'Ingolstadt. Vous m'avez compris ?
- Je vous ai compris.

IL N'Y A NI VICTOIRE NI PAIX, OU SEULEMENT UNE PAIX D'ÉPUISEMENT, UNE SORTE DE VIEILLE COUVERTURE JETÉE SUR LES AMBITIONS NON SATISFAITES, , DES COLÈRES NATIONALES NON ÉTEINTES ET DES HAINES PUS VIVACES QUE JAMAIS.

LE CAPITAINE DE GAULLE, MAGNIFIQUE SOLDA,T DUNE EXCEPTIONNELLE VALEUR, D'UN SANG-FROID IMPERTURBABLE, DUN COURACE NTREPIDE, EST TOMBE DANS LA MELÉE.

L’ennemi était supérieur en nombre, mais ce n’est ni le nombre ni le courage qui font désormais les victoires. Seule compte la force mécanique.

Vous vous trompez, mon cher. Il n’y a ni victoire ni paix, ou seulement une paix d’épuisement, une sorte de vieille couverture jetée sur des ambitions non satisfaites, des colères nationales non éteintes et des haines plus vivaces que jamais.

Quelle tristesse de disposer d’un peu de liberté au prix de son renoncement.

- son devoir ? Que veut-il dire ?
- le devoir d’un prisonnier, c’est de s’évader, Mère.