Cathos, ne devenons pas une secte

À défaut d'être un pavé dans la mare, c'est un caillou jeté dans le bénitier, qui éclabousse autour de lui. Si vous ne connaissez pas le sens du mot "Bergogliophobie", si vous ne savez pas que ce terme s'applique à la bourgeoisie, vous le découvrirez en lisant cet ouvrage de Patrice de Plunkett. Ce livre constitue un vibrant plaidoyer en faveur du Pape François, dont certains propos déroutent une partie des catholiques français, de la droite libérale aux membres de Sens commun. Il constitue donc, aussi, en parallèle, un reproche adressé à ces derniers. Ayant rappelé en préambule, à juste titre, que la foi chrétienne est une révolution permanente, l'auteur dénonce ainsi ce qu'il appelle une dérive française, tant sur le plan politique que sur le plan religieux, qui se traduit, selon lui, par une réticence à appliquer l’Évangile, notamment là où l'Argent est en jeu, et par un accueil mitigé de l'encyclique "Laudato si" et de l'exhortation "Amoris Laetitia". Il conclut à l'urgence de l'évangélisation, en invitant "à monde nouveau, tâches nouvelles". "La lumière brille dans les ténèbres, les ténèbres ne l’arrêteront pas, et ce qui brille est la lumière du Christ - ce ne sont pas les valeurs d'un milieu social" (page 134). La défense du Pape bouscule d'autant plus qu'elle est l'oeuvre d'un laïc; mais la critique adressée à certains catholiques pèche par son manque de nuance et son caractère sévère : il est, en effet, déjà arrivé que certains catholiques français prennent leurs distances avec le Magistère de l'Église, notamment avec "Humanae vitae" de Paul VI, ou d'autres textes de St-Jean-Paul II, sans que leur attitude leur vaille cette mise en garde de ne pas devenir une secte.
(Ouvrage lu dans le cadre de l'opération "Masse critique").

L'an dernier, j'ai lu " Les ennemis du pape" de Nello Scavo. Ce livre en est un peu comme un prolongement et comme une illustration incarnée dans le catholicisme français.
Ce qui est intéressant dans la démarche de Patrice de Plunkett, c'est qu'il vit ce paradoxe non pas en spectateur extérieur, mais de l'intérieur de l'Eglise catholique. Après avoir été un catholique machinal puis un athée "militant", il s'est converti et sa foi est devenu un élément important de sa vie, l'amenant à poser des choix.
Le postulat qui guide sa réflexion est le suivant : un nombre de catholiques de France "réduisent (la) foi à une spiritualité pour se donner le droit, dans tous les autres domaines, de continuer à penser non avec l'Eglise mais avec (leur) milieu - au nom (bien sûr) de "l'autonomie des choses terrestres"." Du coup , ils rejettent la pensée sociale de l'Eglise, son enseignement sur l'écologie, sa critique du capitalisme, ses appels à l'accueil des migrants... Ces éléments se trouvent déjà dans les écrits de Paul VI, de Jean-Paul II et de Benoît XVI, mais c'est le pape François qui cristallise toutes les oppositions, voire la haine de certains. Et ce phénomène est amplifié par la technologie et la désinformation véhiculée sur Internet.