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Critique de JIEMDE


JIEMDE
08 décembre 2021
« Tu peux consulter les statistiques de presque toutes les tueries de masse que ce pays ait connues, tu n'y trouveras pas l'ombre d'un islamiste. Rien qu'un brave gars du Sud ou un malade mental à qui on a inculqué l'idée que les armes étaient un don de Dieu – garanti par la Constitution qui plus est ».

Quand plusieurs agents du FBI sont froidement assassinés par un mystérieux sniper en plein New-York, l'ambiance se tend au sein de l'agence de renseignements fédérale et la psychose islamiste s'installe dans l'opinion américaine, entretenue pas des médias qui n'en demandaient pas tant.

Devant la complexité d'une chasse à l'homme qui piétine et d'une liste de cadavres qui s'allonge, le FBI rappelle Lucas Page, son ancien agent retiré des affaires depuis un accident en mission qui l'a laissé définitivement mutilé. Appareillé, bionique et devenu enseignant-chercheur spécialisé en astrophysique, Page a des pouvoirs hors-normes pour étudier comme nul autre les situations dans leur espace et leur temporalité.

En binôme inattendu avec la jeune agent black Whitaker dont le caractère et les fulgurances sont à la hauteur de ses propres capacités, Page va bousculer les codes et creuser là où cela fait mal : au coeur même du FBI.

Autant le dire d'emblée, l'intrigue de City of Windows de Robert Pobi – traduit par Mathilde Helleu – si elle fonctionne, reste assez classique et ne révolutionne pas vraiment le genre. Un esprit pointilleux (moi ? Non…) pourrait même lui trouver quelques facilités sonnant comme des tours de passe-passe opportuns.

Mais l'ensemble est heureusement sauvé par deux choses : la belle étude de personnage autour de Lucas Page (appelé à devenir récurrent) tout d'abord, Asperger à la sensualité fulgurante et au coeur altruiste, notamment quand Pobi creuse les liens qu'il partage avec son incroyable famille de recomposition et d'adoptions.

Mais j'ai surtout apprécié l'engagement de l'auteur lorsqu'il s'agit d'égratigner les phobies de ses voisins américains et les folies de leur système. « L'Amérique est frappée par une épidémie de débilité (…) Je maintiens ce que j'ai dit : l'Américain moyen n'a que dalle à craindre du terrorisme islamique d'un point de vue statistique ».

L'obsession du terrorisme islamiste, l'aveuglement face aux tueries intérieures de « patriotes » embrigadés, les limites absurdes du IIe amendement, la société de « l'informédiatisation », le « tous experts »… autant de symptômes d'un pays qui va mal. Et, soyons honnêtes, ça ne va pas vraiment mieux chez nous.

Pas le grand thriller attendu donc, mais un angle d'approche qui me fera lire la suite sans aucun doute. Ne serait-ce que pour retrouver les aphorismes de Pobi qui font mouche à chaque coup ! « Tout le monde a le droit d'avoir un avis, mais tous les avis ne se valent pas : l'ignorance d'un individu n'est pas égale au savoir d'un autre » !
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