La cinquantaine. Un moment difficile pour le corps, affaissement des chairs, désarroi capillaire, etc. Difficile de rivaliser dans ces conditions avec de beaux et jeunes mâles, en particulier dans un monde gay, ou l'esthétique physique est, plus que nulle part ailleurs, prépondérante. Difficile mais peut-être pas impossible…
Vieille peau narre le combat d'un homme, en pleine décomposition, pour enrayer les dégâts du temps.
Dans un registre auto-fictionnel, Pochep nous propose le meilleur des remèdes contre le vieillissement : le rire. Il brosse le portrait d'une société du paraitre où la laideur est synonyme de mise à l'index. le personnage principal, auteur de bande dessinée et fan inconditionnel de Rahan, le fils des âges farouches à la musculature jalousée et au gros paquet plein de promesses, affronte de terribles épreuves, telle l'apparition d'un premier poil blanc dans sa toison pubienne. Malgré tout il n'a de cesse de partir à la conquête de magnifiques éphèbes dont Pochep témoigne qu'ils sont bien plus dur à dessiner qu'un personnage à gros nez. L'album affiche clairement sa filiation à Fluide glaciale, caricatures peu flatteuses, trait tremblant, couleurs criardes, cases surchargées de précisions fléchées. Quelquefois graveleux, l'auteur ne tombe jamais dans l'obscène. Pochep, maître de l'autodérision, se fend d'un titre qui ne vous fera certainement pas rajeunir, au contraire, mais qui aura le mérite certain d'entretenir vos zygomatiques.